HOMO DETRITUS
Il y avait bien longtemps que je rêvais de voyager à La Gacilly et m’y voilà aux contours des hasards de la vie professionnelle.
Je vais vous faire parcourir avec mes yeux certaines parties de ce festival de photos.
Dans le garage, au centre-ville de La Gacilly, un endroit désert le soir et qui vous permet de visiter les lieux seuls et de profiter des photos pour vous tout seul.
J’ai adoré le coin « Homo Détritus » qui nous montre qu’à travers nos détritus, et ils sont nombreux, nous pouvons créer des œuvres d’art et des photos clins d’œil à notre société de surconsommation qui arrive à une fin.

Stephan Gladieu commence par un mur de bouteilles en plastique et vous invite dans un monde délirant.
Un monde qui ressemble à la mer, à l’eau pure, remplie de détritus, que nous les Hommes, avons laissé partout pour pourrir le monde. Je pense que cela sera la marque de fabrique humaine du 20e et 21e siècle, l’empreinte des Hommes sur Terre.
Bien triste alors que d’autres civilisations ont laissé des pyramides ou bien des temples.
Nous, nous laisserons la pourriture dans tous les sens du terme.

S’offre à nous des photos de femmes assises avec des sacs en plastiques autour d’elles, à leurs pieds et à côté des géants de plastique, sorte de montres, de fantômes plastifiés qui jouent des chamans en transe, défigurant notre monde.

Et tout n’est que pieds de nez avec ces bidons jaunes et ses seaux bleu et rouges qui nous présentent l’Homo sapiens africains caricaturés, portant sur sa tête non pas un sac mais une bassine rouge. Et ces femmes qui tout autour s’activent à laver le linge sale dans des bassines ou bien coudre des vêtements. Rien de plus paisible que cette atmosphère !
Ou encore ces femmes assises qui concoctent des repas avec la plaque de gaz ou plutôt d’électricité relié à ce bonhomme fait de fils électriques – notre monde ! Cela fait peur de voir l’absurdité dans lequel nous vivons ! Sans électricité point de salut !

Ou bien ces pneus, ces chambres à air que nous rechapons dans certains pays et qui servent à créer un homme de pneu qui ne ressemble à personne et qui peut effrayer. Cela nous fait prendre conscience de l’époque où les colons exploitaient l’hévéa et les forces humaines pour la richesse de certains.

Le monde n’a pas changé et surtout l’Afrique, en particulier la RDC, qui un des pays les plus riches mais le plus corrompu, est le dépotoir du monde.
Le photographe Gladieu met en scène une série de portraits, composé d’un collectif d’artistes, fondé il y a six ans par le plasticien Eddy Ekete. Ce dernier fabrique des costumes à partir des détritus des bidonvilles de Kinshasa et alerte sur la pollution. Il confectionne aussi des tenues et des masques inspirés des traditions africaines pour faire résonnance avec le chaos écologique qui fait face à l’Homme.
Cet Homo Detritus nous alerte sur notre monde de la surconsommation !
Paris, le 26 juin 2022.
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