Tout en haut de la ville, perché et caché dans un coin de la ville de Charolles, coincé entre une maison de retraite et d’autres bâtiments se trouve le musée du Prieuré qui cache de jolis secrets.



Cet endroit fait penser à une sorte de château avec une tour accolé à une chapelle. Lorsque l’on découvre le site on se demande ce qu’il peut cacher comme trésor et là je vous certifie qu’il en a beaucoup.
Tout d’abord c’est un musée de la Faïence sous toute l’histoire de la faïencerie de Charolles : moderne et ancienne ; mais aussi un site historique avec une salle magnifique ; et un lieu où des artistes du cru se sont donné rendez-vous.
L’ancien Prieuré clunisien Sainte-Marie-Madeleine abrite aujourd’hui un musée complet d’histoire de l’art locale.
Un peu d’histoire :
À la suite de la destruction de leur prieuré à Changy en 929, le roi Raoul de Bourgogne donne aux moines un terrain sur la colline de la Madeleine pour qu’ils viennent s’y établir. Rattaché à l’ordre de Cluny en 1104, la chapelle priorale est reconstruite et complétée par une église romane majestueuse. Bien qu’il ne connaisse qu’un rayonnement local, le prieuré constitue un point de passage et d’accueil pour les pèlerins se rendant à l’Abbaye de Cluny. Durant les XIIIe et XIVe siècles, le site subit des dégâts lors de la Guerre de Cent ans et de celle entre Armagnacs et Bourguignons. C’est sous Sébastien de Rabutin, prieur de 1470 à 1485, que le site est remanié. L’on conserve aujourd’hui quelques éléments de cette reconstruction du début de la Renaissance, tels que la tour d’escalier à vis, les fenêtres à meneaux et la salle d’Apparat. En 1791, l’édifice est vendu comme Bien National. Au XIXe siècle, l’église est détruite, l’on construit à son emplacement l’Hôpital ainsi qu’une chapelle. Le prieuré est occupé par une école de jeunes filles administrée par les Sœurs de Nevers jusqu’en 1910.
L’Association des Amis du Prieuré arrive à faire classer le monument comme « monument historique » en 1987 et peut entamer les travaux de restauration.
L’intérêt de ce site c’est salle d’apparat, son escalier qui mène au premier étage dans les salles qui retracent l’histoire de la faïence de Charolles de 1844 à nos jours et les peintres de Charolles (Nigaud et Laronze). La chapelle a été transformée en espace René Davoine sculpteur.
Mais entrons dans ce beau musée. La première salle au rez-de-chaussée permet d’apprécier la créativité des artistes travaillant la céramique et la faïence. Très moderne et contemporaine. Cela contraste avec les faïences du premier étage. On y découvre des grands cylindres comme des tambours cloutés en couleur bleu ou de grands « bonnets d’ânes » aux couleurs marron.



Mais le clou c’est la salle d’apparat avec sa grande cheminée colorée en damiers de couleurs jaune, vert, rouge et orange. C’est grandiose ! En fait cette salle était la « salle du chapitre » où les moines recevaient les ordres du jour. Et quand vous levez la tête vous faites face à des poutres massives peintes en vert, bleu et rouge pâle avec des chapiteaux roman datant du XV et XVIe siècle. On appelle cette poutre une poutre « engoulée ». Ceci veut dire « avaler goulument ». Ces chapiteaux proviennent vraisemblablement de l’ancienne église « Saint-Nizier » de Charolles. Accrochés à ces poutres des personnages à bésicles (anciennes grosses lunettes) trônent au centre et aux extrémités de chaque poutre. Sorte de grosses gargouilles avec des personnes fantasques qui peuvent ressembler à des grands papillons ou des têtes d’éléphants aplaties avec leurs grandes oreilles toutes vertes et des gueules ouvertes serties de dents qui avalent littéralement la poutre. De grandes griffes s’accrochent aux poutres en particulier pour celles se trouvant aux extrémités. On peut voir aussi des visages humains creusés dans le bois et des personnages en pierre tenant des parchemins. Ils nous regardent chacun dans un sens. Je n’ai jamais autant admiré cette salle qui contraste là aussi avec les céramiques modernes qui sont installées. On dirait des animaux fantastiques qui nous font face et nous regardent de leur hauteur.






Puis sortant de cette magnifique salle on gravit l’escalier qui mène à plusieurs salles qui retracent l’histoire de la Faïence de Charolles à travers les différentes maisons qui en ont fait son renom. Il laisse entrevoir les charpentes du bâtiment qui sont magnifiques.




Puis on passe alors dans les deux salles qui nous font découvrir des peintres de paysages comme Jena Laronze qui est influencé par le courant de Millet et l’école de Barbizon. Il peint surtout des paysages bourguignons. Et son confrère Paul Louis Nigaud qui peint lui aussi des paysages mais aussi des portraits.



Mais l’intérêt se trouve aussi dans la chapelle avec les œuvres du sculpteur René Davoine qui font écho à la vie des champs mais aussi aux thèmes de l’époque avec des portraits de femmes et d’enfants, des Vierge, des corps de femmes alanguies. Il fera partie du Salon des artistes français en 1925 avant d’en devenir un membre du jury. Et son œuvre fait écho à la salle des chapiteaux où l’on peut retrouver les thèmes des grappes de raisin entre autres.






C’est une très belle balade à faire dans le monde du charolais.
Lien : https://www.hdmedia.fr/visite-virtuelle/hd/cbpcgpFQh-musee-du-prieure-charolles.html
Perrecy les Forges, le 13 aout 2022.
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