Je vais reprendre le cours de ce voyage à travers le monde et me pencher cette fois-ci sur la vie de ce pays si tragique, l’Afghanistan.

A travers les yeux d’hommes et de femmes photographes à l’AFP ou bien juste des femmes qui veulent garder un espoir dans ce monde que les Talibans ont repris et aux femmes à qui ils ont volé leurs vies.

A plusieurs époques des images de ce pays et surtout de son peuple qui nous permettent d’avoir devant nos yeux un monde qui a bien changé mais à qui on a volé son envol et en particulier celui des fillettes et des femmes.

Les photos sont de Shah Marai, de Wakil Kohsar, Véronique de Viguerie et de Fatimah Hossaini.

Tout commence par l’enfermement de ces femmes sous les burqas bleues grillagées qui ne vous donnent du monde qu’une vision erronée et sourde. Là il s’agit d’une femme qui a fait cuire des galettes pour les repas.  Et tout marque l’enfermement double avec ces fils de barbelés où l’on dépose les galettes.

Puis cela continue avec ces femmes dont on ne distingue pas les corps, juste deux bras grenat et deux mains dont les ongles sont faits et qui prennent une photo dans un stade où se joue un match de foot ou bien un discours politique auxquelles elles peuvent participer. Le monde, la lumière, tout disparait !

Ou alors cet homme qui fait ses prières et lit le Coran avec son turban. Notre regard plonge sur cet homme qui semble loin de notre monde.

Et puis ce match de foot au milieu des statues et des Bouddhas de Bamiyan qui n’existent plus, détruits par les Talibans. Juste impossible à mes yeux d’imaginer cette perte culturelle historique.

Et ces paysages si rudes, pareils au Ladakh en Inde par exemple où tout est minéral et où la vie est rudimentaire.

Et puis cet enfant qui danse presque tellement sa joie est forte puisqu’il peut remarcher grâce à sa prothèse. Image contrastante de la joie d’un enfant versus la bombe qui lui a arraché sa jambe et empêché de vivre une enfance normale pleine d’amusements. Le monde est cruel !

Contrastant aussi cette femme qui enseigne l’art martial le wushu à des fillettes de rose vêtues proche de Kaboul. Dans cette photo on sent la paix dans les corps, dans les âmes et un monde calme alors que ce n’est pas le cas.

Les Talibans sont revenus et leurs premières actions ont été de barbouiller les vitrines des magasins à Kaboul pour enlever les photos des visages des femmes maquillées Oublier le corps des femmes, le cacher. C’est blasphémer que de montrer une femme. Une chape de plomb est retombée sur ce pays et les femmes, les fillettes en sont les premières victimes alors que pendant vingt ans elles ont vécu comme nous occidentales. Il est inimaginable pour nous européennes de concevoir nos vies comme celles des Afghanes. Il ne faut pas les oublier et ces photos sont là pour nous le rappeler.

Ces regards de ces deux fillettes m’ont attiré. Leurs yeux vous aimantent malgré qu’elles se cachent le visage dans un foulard ou dans une peu de mouton. Elles font parties des Pachtounes et sont de la tribu Kuchi. Ces yeux me poursuivront longtemps.

Revenir dans les années soixante en Afghanistan avec des photos en noir et blanc me fait penser au voyage que mes parents avaient effectué là-bas.

Cet homme au faucon regardant son oiseau et en arborant presque un nez crochu comme le faucon. Mimétisme ?

Ces fillettes, aux foulards blancs donnent de l’espoir car elles suivent des cours de sciences. Au moins elles sont écolières et on peut se dire qu’elles auront un avenir …. Mais aujourd’hui avec le retour sur l’histoire cet avenir leur a été coupé.

La vie des paysans, loin de Kaboul, où tout est rudimentaire avec le four où l’on cuit le pain ou bien le vendeur de thé avec son samovar qui fume et attend le chaland pour boire un thé.

Et une photo en noir et blanc du grand Bouddha de Bamiyan dont il ne reste rien aujourd’hui. Détruit à jamais de patrimoine de l’humanité. Il en restera que des photos pour nous autres pouvoir imaginer la beauté de ce site. Un trou vide – vide de sens et refus de la culture.

Et cette magnifique photo de la province de Bamiyan avec la terre cultivée, et ces grands arbres comme des bouleaux esseulés et cherchant à attraper le ciel.  Ce monde semble gelé et en arrêt sur image sur un monde froid et sans pitié.

Et ces photos de Véronique de Viguerie qui décrivent la vie quotidienne des Afghans dans les campagnes et la beauté sauvage de ce peuple faite aussi de tendresse.

Je finirais par les photos de Fatimah Hossaini qui nous présentent ces femmes sous le voile ou le foulard mais qui sont émancipées et font un pied de nez aux Talibans. Elles montrent la beauté de ces femmes de différentes ethnies et va jusqu’à les montrer fumant, conduisant. Des femmes modernes comme nous mais aujourd’hui le monde s’est refermé sur elles et leur avenir est sombre. Fatimah a quitté son pays et a trouvé refuge en France. Elle a 28 ans et son monde est différent.

N’oublions pas ce pays, ces femmes, ces fillettes à qui les Talibans occultent leur avenir, leur destin et les asservissent dans un monde sombre.

Repensons à ce qu’écrivait Yasmina Khadra : « les hommes sont devenus fous, tournant le dos au jour pour faire face à la nuit » .

Les évènements actuels en Ukraine nous le prouvent aussi en ce moment et n’oublions pas ce peuple qui se bat aussi pour sa liberté.

Merci à tous ces photographes pour ces témoignages si émouvants !

La Gacilly, le 3 juillet 2022.