Amrita de Patricia Reznikov


Je suis tombée tout à fait par hasard sur ce livre et je me suis surprise à voyager de nouveau en Inde à travers la biographie ou le roman sur la vie d’Amrita Sher-Gil, peintre hungaro-indienne.

Ce livre est une pépite d’or car nous traversons tout le siècle précédent en Europe entre 1913 et 1941. Choc de cultures avec la période des années folles en Europe, et le monde Sikh et indien à cette même période avec l’empire britannique à travers la vie d’une femme et quelle femme ! Il m’a fait palpiter sur le destin hors normes de cette jeune femme, tourmentée mais un génie inconnu.

Rencontre plus qu’improbable de ses parents en Inde entre un père Sikh et une mère hongroise. L’un plongé dans sa religion, ses recherches sur le sanskrit et la Perse et sa photographie dont il bombardera sa famille. Et une mère chanteuse d’Opéra, musicienne, parlant plusieurs langues, frustrée par sa vie.

Sa mère se rend en Inde comme demoiselle de compagnie de la princesse Bamba Sutherland.

De cette rencontre naitront deux filles Amrita et Indira. Elles portent des noms très symboliques : Amritsar pour la partie sikh (le prénom veut dire « a la foi ») et Inde pour l’autre. Deux destinées !

Elles partageront leurs vies entre l’Europe, née en Hongrie puis en France à Paris, à Florence en Italie et en Inde à plusieurs reprises dans la ville Shimla sur les contreforts himalayens.

Tout cela prédispose à des vies particulières et Amrita en est le parfait exemple.

Elle sera ballottée entre tous ces pays, ces cultures, le manque d’amour de ses parents entre eux et envers leurs enfants. De là naitra une angoisse qui la prédisposera à des moments où sa créativité disparaitra.

Elle mènera une vie libre, voluptueuse entrecoupée d’amours avec des hommes ou des femmes connus comme le pandit Nerhu par exemple ; elle sera à la fois l’européenne et l’indienne qui prendra le dessus sur la fin de sa vie. Elle se mariera avec son cousin hongrois Viktor Egan qui  était l‘homme parfait pour la comprendre et l’aider dans son cheminement intellectuel. Au grand malheur de sa famille qui la rejettera.

Elle deviendra une peintre indienne qui sera fascinée par les couleurs et par les œuvres de Gauguin. Elle sera le porte flambeau de la peinture indienne et ne verra pas sa première exposition à Lahore en 1941 puisque qu’elle mourra juste avant d’une septicémie voire d’autre chose.

Elle se formera comme peintre à Paris, d’abord à l’académie de la Grande Chaumière, puis à l’atelier de Lucien Simon où elle rencontre Boris Taslitzky et à l’École des beaux-arts, de 1930 à 1934. Elle réalise surtout des portraits dans un style proche du postimpressionnisme et du réalisme d’entre-deux-guerres. Elle participera à la grande exposition du Salon des Tuileries où elle présentera ses œuvres picturales et où elle apparaitra en Sari pour marquer sa différence et son attachement à l’Inde. Elle partagera la vie de grands artistes comme Picasso, Matisse entre autres. Dès 1934 elle s’interroge sur son identité, sur sa culture, sur les traditions de l’art indien, et décide de revenir en Inde et de se rapprocher des populations rurales – sa source d’inspiration.

De cette femme il reste de nombreux tableaux en Inde et à travers le monde chez des particuliers. 101 toiles au total peintes entre l’âge de 19 ans et 28 ans. Elles montrent la force et l’intensité de cette peintre et le fait que comme Baudelaire elle s’est brûlée et éteinte trop tôt pour avoir montré toute la puissance de son œuvre à travers la force des couleurs employées et du rouge en particulier.

Amrita en Inde est un peu ce que Frida Kalho est au Mexique. Amrita est une inconnue à nos yeux européens. Il est grand temps de se réapproprier ses œuvres et je vous conseille d’aller jeter un coup d’œil à ses œuvres sur le site de deux musées de Delhi.

Et puis ce qui est incroyable c’est la façon dont le récit est introduit à travers Iris, la narrateur, qui lorsqu’elle achète un de ses tableaux, se lance, fascinée par son destin, sur les traces de cette artiste audacieuse, mi-hongroise, mi-indienne, espérant retrouver dans cette quête le goût de peindre qui l’a quittée depuis des années. De subtils échos se répondent entre les deux femmes dont l’existence est étroitement liée à la création, à l’amour de la peinture, à l’amour d’un seul homme et à ses ressorts secrets.

Je vous recommande chaudement ce livre qui vous transporte dans ce monde disparu de l’avant éclatement de l’Europe et de  l’Inde.

Lien : http://ngmaindia.gov.in/sh-amrita.asp

http://ngmaindia.gov.in/virtual-tour-of-amrita-sher-gil.asp

Paris le 2 juillet 2022.

Catégories :Europe, France, Inde, Inde/continent indienTags:, , , , , , , , , , , , ,

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