
S’il est un lieu enchanté et miraculeusement protégé c’est celui du site précolombien Alma Ata à La Virgen proche de Sarapiqui.
Il se trouve exactement à l’entrée de l’hôtel Rainforest.
Il est composé de plusieurs lieux insolites qui ont été restaurés avec l’aide belge de la Fondation Landscape VZW et du Musée national du Costa Rica.
Le site se compose de pétroglyphes, d’un cimetière, de maisons typiques où les indigènes vivaient, d’un marché, de sculptures précolombiennes en pierre et de chemins. Des monticules ont été découverts où se trouvent les maisons – lieu magique qui permettait aux indigènes de vivre leur vie cosmologique.
Le tout est intégré à la nature et la jungle, dans une ancienne plantation d’oranges, tout proche de la rivière Sarapiqui et de l’hôtel Rainforest. Ce dernier a reproduit le milieu des indigènes. Ses chambres sont autour d’une maison centrale comme un village indigène. C’est un complexe extraordinaire qui respecte le passé. Il est construit sur un modèle écologique, utilisant des matériaux naturels, l’énergie solaire. Il est construit comme les maisons des indigènes sur la base d’un palanqué rond recouvert de feuilles de palmiers. L’aspect circulaire repose sur la vie qui circule autour d’un cercle, un lien délicat entre les cycles de la biodiversité à l’intérieur de la forêt tropicale. Les chambres sont faites comme une fleur inversée avec vue sur la forêt.
Ce site a été découvert dans une plantation d’oranges en 1999. Plus de 600 tombes précolombiennes ont été mises à jour. Les archéologues en charge étaient : Anayency Herrera et Javier Artavia. Et ces derniers ont permis la reconstruction de ce village du 15e siècle.
Entrons sur le site et commençons par découvrir les pétroglyphes de pierre qui sont des dessins symbolisant l’humanité sous formes de mi-hommes, mi-animaux ou bien des dessins abstraits, zoomorphiques (comme au Mexique par exemple) autour d’un premier monticule. Les signes les plus importants sont les spirales que l’on retrouve sur les chemins ; pour les humains des visages avec des crêtes et touffes ; pour les animaux ce sont des jaguars et des lézards.






Puis on entre dans le cimetière protégé par un toit. C’est endroit est très symbolique aussi pour les indigènes, puisque pour eux, ils retournent dans le sous-sol (el inframundo) en traversant un autre monde. Et pour les indigènes, les Bribris par exemple, l’homme vient du grain de maïs. Pendant les rites des funérailles, ils reproduisent le processus de semer les grains, c’est-à-dire le symbole du retour de la vie à la terre. Ainsi ils retrouvent le dieu au pays de la mort.

Les tombes trouvées sur ce site sont faites de pierres provenant de la rivière Sarapiqui et sont rectangulaires. Elles sont appelées « boites larges ». Elles contiennent avec le mort des objets familiers, des ustensiles, des céramiques et de la nourriture qui est mise sur la tombe pour le retour de la vie à la terre.
Les maisons étaient construites de manière conique, sur des monticules de terre, pour les surélever et les protéger des terres humides (entre le 8e et 15e siècle). Réalisées de manière circulaire avec du bois (manu) et recouvertes de feuilles de palmiers. Certaines maisons faites en pierre montrent aussi la connaissance architecturale des indigènes comme dans les villes de Guayabo près de Turialba, Las Mercedes, et Cubujuqui. Dans ces dernières les familles au sens large vivaient tous ensemble (parents, enfants, grands-parents, oncle, tantes). La société était matriarcale et l’héritage passait de mère en fille. Les femmes pratiquaient la polyandrie. Les activités dans les maisons était la cuisine, les activités sociales et les fêtes. Au centre de la maison il y a le feu où tout le monde ses réunissait. On pouvait y trouver tous les ustensiles nécessaires à la préparation des repas, les lieux de stockage des aliments, des habits…. On pouvait aussi voir les expressions du pouvoir des personnes ou de la place sociale de ces dernières avec les parures d’or en forme d’aigle.


Les sculptures représentent des guerriers avec des trophées de tête d’humains dans une main et dans l’autre l’arme qui a servit à combattre. D’autres représentent des femmes, les mains sur la poitrine, symbole de fertilité.


La cosmologie était très importante pour les indigènes qui redécouvrent aujourd’hui cette part d’eux-mêmes. L’homme est tout aussi important que l’animal, les rochers, la nature, etc… Leur monde a été créé par un pouvoir divin régnant sur le monde et les objets. Leur croyance était que la Terre était plate et que les montagnes de Talamanca en formaient son centre. Le monde était créé par un Dieu nommé Sibu. Les maisons coniques représentent l’univers et les rayons de lumière entrant par les trous représentent les étoiles.
La maison inversée appelée Sula est le lieu où les personnes décédées résident. Ces dernières suivent un chemin éclairé par le soleil pour atteindre le monde du dessous. L’homme appartient à la nature sous la représentation d’un grain de mais et le Dieu Sibu ne se représente l’homme qu’en un grain de maïs. Et c’est pourquoi les hommes sont appelés des hommes maïs.
Au Musée de l’Or à San José on peut découvrir ce monde cosmologique illustré par « U Sulé » la maison traditionnelle des Bribri et des Cabecar. A travers la maison on a une représentation de la vision cosmique des peuples indigènes. Elle est représentée par une grande maison conique avec différentes strates où habitent des êtres distincts.
Le monde est séparé en trois parties : le monde du haut, le monde et le monde du dessous.
Le monde sépare les deux autres et a été créé pour les clans.
Le monde du dessus ou du dessous se séparent en quatre niveaux

Le monde du dessous comprend les esprits des animaux, des maladies mais aussi Sula le Dieu. Il créa le monde des indigènes du bas et surtout le lieu où vont les âmes nobles (Sula Kaska).
Dans le monde du haut on trouve le lieu où ont été envoyé les esprits et l’obscurité ; le lieu d’origine de l’homme blanc c’est-à-dire des non indigènes ; la maison de Sibö d’où ce dernier s’élève, après avoir créé la Terre ; et le lieu de silence total où vit le père de Sibö (Sibökmo).
C’est un monde qui tend à être redécouvert par les indigènes actuellement à travers le chamanisme et ses pratiques.
Paris le 13 Avril 2022.


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