
J’avais une grande envie de visiter le Grand-Palais éphémère et surtout de découvrir l’œuvre de Anselm Kieffer avec le poète Paul Celan.
Paul Celan me ramène à mon adolescence et la découverte de ce poète par mon beau-père Pierre qui le lisait en Allemand.
Paul Celan ou plus exactement Paul Ancel d’origine juive roumaine, né en Roumanie en 1920, qui a passé des années en camps de travaux forcés et dont les parents ont été déportés. Arrivé en France en 1955, naturalisé français et marié à l’artiste Gisèle de Lestrange. Il publie de nombreux recueils de poésie en Allemand. En 1970 il se suicide en se jetant dans la Seine.
Anselm Kieffer est de nationalité allemande et vit à Paris depuis 1992. Il est plasticien et a créé un certain nombre d’expositions.
Lorsque l’on entre dans ce mini Grand Palais on est surpris par la noirceur du plafond qui nous entoure et par la noirceur des tableaux même si ces derniers sont égayés par le doré des fougères. La lumière est absente de ce monde.

Cette exposition pour moi retrace la terrible seconde guerre mondiale avec sa lourdeur, sa noirceur, la destruction, les ruines, le froid avec la neige, les armes avec les pavots. Le bunker qui symbolise les fortifications du côté français comme allemand. Un rempart, un mur de l’Atlantide où plus tard les générations suivantes irons jouer dessus et feront des simulacres de guerre.
Des textes écrits par Paul Celan en Allemand se fond miroir des œuvres de Kieffer.
Hélas les textes ne sont pas traduits et on ne peut imaginer ce que Paul Celan a écrit.
Mais les tableaux de Kieffer décrivent une réalité allemande faite de guerre, de froid, de tristesse et de noir. Seules les superbes fougères géantes, dorées animent les paysages peints.
Ces dernières sont le symbole de la forêt décrite par les Romantiques allemands, celui aussi de la végétation primordiale (celles que l’on peut voir en Nouvelle Zélande par exemple) et le lien cosmique. Mais j’y vois aussi ceux qui résistent et survivent. La spirale de la fougère qui se déroule au fur et à mesure comme accompagnée par la divinité.



D’autres tableaux insistent sur ce lien cosmique entre les champs de blé ballotés par le vent et les nuages jaunes.

L’avion plombe l’atmosphère et ce gris métallique renforcé par les rainures blanches vous glacent le sang. Des tiges de pavots tombent des ailes de l’avion comme des bombes larguées dans le ciel faisant du monde un champs de ruines. Des tonnes de livres gisent sur les ailes comme figés par le feu.


Des champs de neige, de cendres, de poussière vous gèlent et la cosmologie revient en force reliant l’être humain au drame et aux planètes nous entourant.

Tout est sombre et macabre comme ce tableau au bunker au sol et ce bateau de guerre ou de pêche qui le survole.

Le bunker planté au milieu de la salle prend toute son importance. Il en impose et vous fait sentir sa terrifiante réalité – guerre, jeux d’enfants sur les bunkers, bombes, morts…. Malgré des fleurs de pavot qui éclosent comme des dards attaquant la peau des hommes et des femmes peuplant ce monde.

La mort est partout et laisse peu d’espoir !
Est-ce notre monde passé qui réapparait dans notre monde présent ?
Paris le 10 janvier 2022.
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