Puis au bout de 4 heures, on débouche sur la baie de Solnitchnaïa, dans le parc régional Baïkal Lena, havre de paix et port de débarquement pour de nouvelles aventures ! Six maisons composent la station et dix habitants en constituent la grande population ! Pas de quoi se battre pour l’espace ! Tout le monde trouvera sa place. Un ponton pour débarquer et hop nous voilà sur la terre ferme avec les clapotis du Baïkal, en bruit de fond. Une petite cabane à la gauche du ponton au pied du lac n’attendait que moi !!Je vais vivre au rythme des vagues du Baïkal ! Waouh ! Quelle chance et quel bonheur ! Avec une vue sur la baie incurvée, imprenable, et sur la presqu’ile de Sviati Nos (Nez Saint) et les iles Ouchkani. De quoi satisfaire mes rêves et mes envies ! Des chevaux sauvages parcourent les prés de la station, une chienne garde la station et une chèvre noire dort sur un gros matelas en attente de mettre bas ! Un monde à la Desproges ! Je suis juste émerveillée, impressionnée et ravie par le paysage qui m’entoure. Je suis envoutée ! Pureté, calme et clapotis du lac vont être mes compagnons de séjour pendant les quelques jours passés là ! Un lieu propice au recueillement, à la méditation et à l’oubli de tout contingentement. La nature en impose et elle repose. Je vais découvrir les alentours avec des yeux d’enfants et vais recenser les fleurs. Un herbier au grand air se dessine devant moi. Je vais photographier ces beautés et les laisser à Dame nature ! Je comprends aussi l’envoûtement de cette nature sauvage qui dicte la vie de ses habitants sur la station ; la dureté et la rudesse de cette vie où tout le monde doit être soudé pour y vivre et y survivre. Cela forge le caractère et les hommes. Mais ce que j’en retiens c’est qu’il y fait bon vivre, que chacun est authentique et tout le monde doit s’entraider. C’est là que vivent, depuis plus de 20 ans, Sergueï et Natacha, les gardes de cette station de la région de Pokoïniki. Ils font des recherches scientifiques, maintiennent la station et traquent les braconniers. Ils ont trouvé le bonheur loin de la civilisation. Ils sont soudé l’un à l’autre, comme deux amoureux du premier jour. C’est leur force pour vivre ici. Une balade va me faire découvrir, pas très loin de la station, un lac intérieur à l’autre bout de la baie. Pour l’atteindre nous passerons par des forêts et devant des poteaux Bouriates sacrés. C’est une féérie de fleurs qui s’en donne à cœur joie. L’été est la période de floraison et d’éclatement de la nature. On a le plaisir de voir des lis sauvages avec des pétales fins roses tachetés, qui sont recroquevillées et dont les pistils pointent vers l’extérieur, comme des boucles de cheveux indomptables, captant le soleil ; des clochettes mauves pâle qui se dandinent au gré du vent ; des espèces de chardon rouge, bordeaux, ocre s’élancent vers le ciel ; des fleurs jaunes qui ressemblent à une bague mouchetée ; des myosotis bleu pâle ; des pavots oranges et jaunes volent et virevoltent ; des tapis de plantes grasses aux fleurs mauves rampent et s’étalent sur le sol ; des mini-conifères, sorte de plantes grasses, inconnues de moi, poussent par grappes et sont tellement rapprochées les unes des autres qu’on dirait une farandole ! Elles sont de plus en plus larges et de plus en plus ouvertes à leur base. Du thym sauvage que nous ramassons pour faire des infusions et du thé pour l’hiver. C’est un délice que d’aller à la découverte de toutes ces fleurs et plantes. J’aimerais être un botaniste pour connaitre tous les noms ! Mais je m’en tiendrais à regarder cette explosion de la nature et cet incroyable monde des plantes rampantes, qui recouvrent le sol et se jouent autour des pierres. La nature décore et crée une harmonie des couleurs entre les fleurs, les pierres et les morceaux de bois secs, troncs morts qui parsèment la taïga et les plages de galets. Et par le plus grand des hasards, je tombe nez à nez sur une coccinelle, bête à bon Dieu, qui porte bonheur ! Elle sera le sourire de la nature du Baïkal et me portera toute la soirée. C’est tellement rare d’en trouver une dans nos contrées. Elles ont toutes été tuées par les pesticides. C’est une joie de la regarder s’évertuer à grimper sur l’herbe tendre. Nous nous asseyons sur des pierres pour profiter du paysage, boire de la bière et trinquer à la nature environnante et manger de l’omoul séché. On est bien en Russie avec ses habitudes ! Et les miennes aussi ! Et puis nous revenons par le chemin des écoliers sur nos pas pour revoir cette baie, où se reflètent les nuages, dans les clapotis et la musique de la houle de la mer. La nuit tombe petit à petit et rosit le ciel. On ne sait plus où est la mer, où est la terre, où est le ciel ! L’horizon se rejoint avec l’eau pour ne plus faire qu’un. Un de ces miracles que seul le lac sait offrir à ses visiteurs qui le goûtent comme un élixir. Puis tout devient bleu et la nuit est là, avec sa voie lactée. On est bon pour le bania, le diner car l’appel du ventre se fait sentir, et pour aller se coucher aux sons des vagues venant frapper doucement la plage de galets et la baie de Solnitchnaïa. Juste un coup d’œil à la voie lactée pour regarder les étoiles, les compter, chercher le grand et le petit chariot. Et comme avec la série de mon enfance, Nounours, s’endormir, grâce à la baguette magique emplie d’étoiles filantes !
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