Un moment de sentiment et d’émotions puissants que celui de visiter la maison musée de la chanteuse de Fado Amalia Rodrigues.
On se la représente tous en train de chanter devant des publics transis dans toutes les villes du monde. Mais on a beaucoup de mal à l’imaginer chez elle. Eh bien maintenant je sais dans quel environnement elle vivait.
Une maison jaune dans la rue Sao Bento, au numéro 193, qui est devenu une fondation. Car à sa mort Amalia Rodrigues avait créé une fondation pour laisser à ses amateurs de fado la joie de visiter le lieu où elle a vécu avec son mari. La fondation où travaille cinq personnes actuellement. Tous ses droits sur les chansons, les textes, poèmes appartiennent à ses nièces.
Amalia n’a pas eu d’enfants. Elle est restée mariée pendant plus de 30 ans à son deuxième mari, César Seabra, ingénieur brésilien (1961). Il est mort deux ans avant elle. Et elle est décédée le 6 octobre 1999. En 2001 sa dépouille sera transférée au Panthéon national de Lisbonne. Seul le pauvre perroquet vit toujours dans la cuisine et vous fait un coucou sous forme de miaou ! Il adore les spaghettis vraiment al dente, non cuit, qu’on lui glisse dans le bec ou sur le rebord de son perchoir ! Le chéri a 28 ans.
Je vais vous raconter quelques points de la vie d’Amalia Rodrigues : tout d’abord elle s’appelle Amalia da Piedade Rebordao Rodrigues et est née à la période des cerises, entre mai et juillet. On ne sait pas exactement quand mais officiellement le 23 juillet 1920 à Lisbonne. Comme elle adore les cerises elle les a fait peindre dans sa salle à manger en guise de frise et vous pouvez en cueillir une poignée !
C’est la reine du fado mais avant elle était actrice et puis chanteuse de fado pendant 40 ans mais aussi poète à ses heures (Versos). Elle a représenté le monde la musique du fado à travers ses nombreux voyages et représentations dans le monde entier. Elle a démarré sa carrière à l’âge de neuf ans lors de la fête de l’école. Puis elle fera carrière grâce à Jorge Soriano directeur de la Casa do Fado. Deux de ses compagnons de vie le musicien (le guitariste entre autre) et son habilleuse vivent toujours à 99 ans ! Elle commencera une carrière à l’étranger et en particulier au Brésil. Puis les Etats-Unis à Hollywood et Londres puis Paris (1956). On l’accusera de bonne entente avec le dictateur Salazar mais cela n’empêchera pas l’interdiction de certaines chansons. Elle chantera le fado dans des robes noires et des chansons étrangères dans des robes colorées (vertes, mauve…)
Mais revenons à sa maison.
En haut d’un escalier on entre dans le hall qui mène au salon où l’on voit le piano qui l’accompagnait (elle ne savait pas jouer d’aucun instrument de musique) ; son premier châle noir de fadiste et tous les instruments de musique (guitare à douze et six fils pour le fado portugais, violon, mandolines…) ; le mur à mi-hauteur couvert d’azulejos bleus, donnant sur la rue.
Puis on peut voir la salle à manger avec son immense table et ses services de porcelaine, ses frises avec des cerises donnant sur le jardin. La cuisine où un placard entier contenait tous les thés qu’Amalia adorait. Elle ne buvait pas de café ! Et puis le fameux perroquet qui vit dans la cuisine et parle à qui veut bien l’entendre. Puis on monte d’un étage pour arriver dans la chambre à coucher où trônent les robes d’Amalia. Verte avec un bijou qui pend jusqu’au nombril ; une robe noire avec des sortes d’arceau qui faisaient comme des vagues.
Puis l’antichambre où se trouve tous ses objets personnels, habits, robes, bijoux, chaussures…. Et la chambre à coucher où beaucoup d’objets liés à la religion sont accrochés au mur (croix, icones orthodoxes – elle est allée à plusieurs reprises en Russie, Pologne, Roumanie…) et surtout on peut y admirer ses robes de scène. Tout est resté comme cela était à sa mort : objets personnels, meubles, tableaux d’amis, affiches de scène et surtout au rez-de-chaussée une salle nous montre des photos d’elle avec les grands chanteurs de ce monde comme Juliette Gréco, Aznavour… et des présidents comme Mitterrand ou bien Chirac. On y voit aussi toute sa vie représentée année par année.
Et puis il y a le joli jardin à l’ombre des deux magnolias où l’on peut écouter du fado tout simplement se reposer.
Un très bel hommage touchant à cette grande chanteuse de Fado appréciée à travers le monde.
Site : http://amaliarodrigues.pt/
Il faut savoir que le mardi et le vendredi soir à 18h il y a des représentations de fado dans ce lieu empreint de cette musique.
Le musée est ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18h.
Pas de photos possibles dans la maison à part au rez-de-chaussée.
Lisbonne, le 28 novembre 2019.
Difficile de comprendre pourquoi les photos ne sont pas autorisées…qu’au RDC! En tout cas, merci pour cette belle présentation. Je n’imaginais pas cet univers un peu » bourgeois » pour cette grande chanteuse très proche du coeur des portugais et du mien .
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