Le 1er janvier à Beyrouth ressemble à une jolie promenade le long du bord de mer. Il semblerait que cela soit une habitude des beyrouthins de longer le bord de mer et d’y parader en famille, en couple et en amoureux.
La mienne va commencer par la descente du quartier d’Hamra vers le bord de mer et la marina.
Une envie de grand air et de soleil me gagne pour marcher des kilomètres et retrouver les beyrouthins occuper à la même chose que moi ou vis-versa !
Je parcours les rues proches de l’Université américaine de Beyrouth, pour descendre le long des rues Clémenceau, puis des escaliers qui rapprochent de la mer, mais qui m’obligent à faire des détours et longer des immeubles et découvrir, à ma grande joie et surprise, de vieux immeubles de style ottomans, tous délabrés, mais tellement beaux. Cette ville a dû connaitre son heure de gloire !
Je me régale des yeux à juste regarder ces bâtiments, avec des fenêtres en forme d’ogive, avec des balcons, qui à l’époque, devaient donner pleine vue sur la mer. Les fenêtres sont ciselées et de grandes baies vitrées faites de vitraux honorent le temps et les guerres qui sont passées par là.
De belles portes aussi restent là, passant à travers les époques, et restant bien debout à narguer les guerres, les attentats et la mort.
Derrière de grands immeubles modernes, gratte-ciels voulant toucher les nuages, on trouve aussi parfois des bâtiments entièrement envahis par les arbres, tenant debout on ne sait comment, marquant le faste qui régnait ici à Beyrouth. Je m’imagine les fastes qui ont dû régner ici : je m’imagine les femmes en robes longues, d’une élégance sans pareil,(ce qu’elles sont encore aujourd’hui pour en avoir croisé à des mariages), se penchant sur les rebords des balcons ou bien subissant les avances des hommes, dansant avec elles. Les volets de ces maisons sont fermés mais elles renferment tant de secrets et de beautés inavouables.
Je ne me lasse pas de laisser traîner mes regards et je me dis que la vie ici a dû être incroyable. Pas de nostalgie juste des rêves qui se bousculent !
Puis j’arrive enfin à la mer, en ayant croisé un endroit où une rivière se jette dans la mer et où un bateau d’un pêcheur était amarré ! Cela ne sentait la fleur de rose mais plutôt la poiscaille pourrie, hélas !
Puis c’est la découverte du bord de mer avec les pêcheurs du dimanche, qui avec leurs cannes à pêche rivalisent entre eux pour attraper des poissons – et là on se demande comment ils peuvent en attraper car la mer est insalubre, pleine de bouteilles en plastique, d’ordures de tout ordre ! Berk cela ne donne pas envie du tout ! Mais ils sont là très assidus et concentrés sur leurs proies. Les pieds dans l’eau sur les corniches et les falaises travaillées par l’érosion lorsque les vagues ont refluées. Ou bien certains pêchent et fument la chicha en regardant la mer. Cela demande de la concentration ! Et puis le bonheur est là ! Fumer, pêcher, respirer et se reposer !
Le mer est bleue foncée et elle est agitée – mais du haut on s’en moque – on regarde et on absorbe le rivage et ses habitants.
J’admire les jolis restaurants – sûrement d’anciennes maisons privées, transformées en hôtels ou restaurants. Ils rivalisent de beautés et nous font comprendre la vie de Beyrouth au 19e. Ils longent la corniche et la rende magnifique. Je ne me lasse pas de regarder et d’admirer l’ancienne Beyrouth !
Le bleu du ciel et le nuages blancs donnent un air de mystère à ces bords de mer.
Et sur les trottoirs, c’est la vie beyrouthine qui vibre : les marchands de maïs et de sucreries passent et abordent les passants pour vanter et offrir leurs produits ; Les familles qui regardent et jouent sur les trottoirs ; Les passants flânent comme moi et lisent les cartes des restaurants en s’imaginant dedans ; Les familles jouent sur un échiquier ou un jeu de dames en grand à même le sol ; d’autres déjeunent sur les terrasses des cafés au soleil au pied des palmiers. Des hommes jouent au tric trac ou tout autre jeu de ce style. Ils sont assis près de leur voiture et sont concentrés ! Et puis les couples ou les amoureux se tiennent par la main et marchent en roucoulant des mots tendres et en s’embrassant. Les palmiers vous font comprendre que vous êtes dans un pays chauds et que l’été il doit faire bon être dessous.
On peut aussi admirer les voiliers qui voguent sur la mer et nous avons l’impression de tutoyer leurs manœuvres en mer.
De là où on se trouve on peut aussi admirer : les bâtiments qui longent la marina et surtout apercevoir les dégâts de la guerre : l’ex-hôtel Holiday Inn bombardé pendant la guerre civile qui surplombe encore aujourd’hui l’hôtel Phoenicia ! Triste beauté, d’un temps passé et révolu, mais qui est là, comme le gardien des mémoires qui fuient le souvenirs de terribles moments ! Planté là il regarde le temps qui passe, les bâtiments hyper modernes qui rodent autour de lui et cherchent à l’encercler et le faire disparaître. Mais que nenni il est toujours là à trôner et défier l’histoire de la ville.
Et puis la marina est là pour vous rappeler le temps actuel, pacifique du premier jour de l’année et vous rendre à l’évidence que la vie est calme, que les gens jouissent de la ville et de ses bienfaits. En face de vous, la montagne des cèdres, a revêtu son manteau neigeux, vous regarde et vous enjoint de bien vouloir venir skier sur ses pistes blanches. J’ai adoré ce paysage qui permet à un beyrouthin de skier le matin et de nager l’après-midi ! Un joyau ce pays pour celui qui l’aime et sait l’apprécier.
J’ai continué ma balade en regardant les restes de l’hôtel Saint George où la vie et les nuits de Beyrouth devaient être folles si l’on en juge la publicité. « Beirut, city of 1000 and 1 night » !
Cet hôtel n’a pas encore été reconstruit. Il représente les folles nuits de la ville et la folie de l’avant-guerre. Si l’on n’a pas vu ou vécu les années 1970 au Liban je pense que l’on ne peut imaginer les fastes de la ville et du pays. Je ne pense pas que cela soit un mythe !
Mais là refleurit la folie de la construction et du modernisme de Beyrouth ! Tous les immeubles nouveaux sont de verre et tout en hauteur. Que des gratte-ciels modernes ! Ils dominent la mer et les bords de mer pour cacher les misères de la guerre. Tout est faste. Et puis la joie est là, la marina flambe de bateaux et de richesses.
Elle est ornée sur le dessus de bassins avec différentes œuvres rouges ou bien de marbre comme le cheval blanc devant les restaurants. Des œuvres en forme de revolver ornent les plateformes ; des fleurs rouges, jaunes et vertes, dardent leurs épis vers le ciel ; un olivier est là pour marquer la paix et la venue du pape !
Et puis les gens se moquent de tout cela. Ils marchent au soleil, profitent du beau temps, de la chaleur et des magnifiques bateaux échoués dans la marina. Car la marina est pleine de bateaux, les plus beaux, les plus grands les uns des autres. C’est joli et on se croirait sur la croisette ! Et là on n’est pas en manque car les femmes rivalisent d’ingéniosité ! C’est un moment de repos. J’en profite, après une longue marche, pour déjeuner sous les parasols tellement le soleil dardait !
J’ai repris la marche vers l’arrière des souks et les nouveaux mails qui se construisent au centre-ville de Beyrouth. J’ai surtout profité des enfants qui apprennent à faire du vélo et de la vue sur les montagnes. Et puis la population se promènent en vélo, en rollers ou bien à pieds et profitent des derniers rayons du soleil avant le coucher du soleil et le rougeoiement sur le bord de mer.
J’ai rebroussé chemin pour aller ver Luna Park, le phare et profiter de la mer. Toujours de très beaux anciens bâtiments qui sont entourés de modernités les mettant en valeur.
C’était un beau moment pour un début d’année et une belle respiration dans Beyrouth. C’est une ville dont on ne se lasse pas. Alors qui sait un retour ?
Janvier 2019.
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