Mais pour moi Bateshwar reste un lieu mythique et spirituel comme il peut en exister des milliers en Inde. Ce site est spécial pour moi. Je vais vous conter « mon » Bateshwar et mon ressenti. Rien ne prédit que vous allez découvrir un site miraculeux et que vous allez être touché, en votre âme, comme je l’ai été. Mais je vous le souhaite !
Arrivant par la route, je n’avais aucune idée de l’endroit que j’allais atteindre et découvrir. Puis gravissant les escaliers et atteignant les murs de la ville, je fus saisie par le charme de ce lieu. La vue est à couper le souffle. 40 temples blancs se tiennent devant vous, le long de la Yamuna, dans une brume qui rend l’endroit surréaliste. A chaque temple un ghât qui descend vers le fleuve la Yamuna. Un charme qui est amplifié par la luminosité du soleil et du ciel brumeux, des oiseaux qui viennent pêcher les poissons dans la Yamuna. On se croirait au milieu de nulle part, dans un endroit protégé par les Dieux Shiva et Krishna. Un endroit au calme parfait qui sait apaiser les tensions des hommes et faire qu’il se trouve au sein d’une nature accueillante et épicurienne. Seul le bruit des rames et des bateaux traversant ou remontant la Yamuna perturbent cette sérénité. Lorsque vous avez la chance de pouvoir prendre un bateau, une chaloupe pour voguer sur la Yamuna et profiter du spectacle de la rivière, Bateshwar prend alors tout son relief. On longe une multitude de temples blancs, flanqués de ghâts qui se jettent dans la rivière, d’un château forteresse qui a perdu toute sa grandeur, même si sa superbe est encore là, malgré ses effondrements.
Et puis nos amis les animaux font leurs parades le long des temples et sur les iles se trouvant sur la Yamuna. Sur les bancs de sable un rassemblement d’oiseaux migrateurs se tient là tournant le dos au site. On y croise les ibis blanc, les hérons gris, des cigognes aux long becs jaunes, les cormorans friands et tout type d’échassiers venus se restaurer. C’est la fête sur la Yamuna. Les poissons sont foisons. Parfois les échassiers se chamaillent pour un poisson ou un territoire enfreint. Car la pêche est le festin de tous mais peut tourner à la bataille. C’est le paradis des oiseaux ! On y voit même sur les murs des temples de perruches vertes au bec rouge et aux longues plumes bleues qui viennent parader, piailler et se reposer. Et puis dans la pénombre, le long de la berge sur l’ile, en face de Bateshawar, apparait un renard ou un loup qui lui aussi vient profiter des poissons ou des oiseaux. A chacun son festin ! Il trottine, ni vu ni connu, délicatement sur la pointe des pattes, sans se faire remarquer, au gré de sa faim.
Il regarde le site comme je le regarde. On dirait un lieu abandonné où aucune âme ne vit. Mais en fait les hommes prient, font leurs ablutions le long du fleuve et remontent dans les temples. On voit même des déesses laissées là par les hommes sur les ghâts. On dirait des danseuses dans leurs robes de soies vertes, jaunes, argentées et roses, représentant Ganesh, Shiva ou quelque autre Dieu hindouiste. Ce ne sont que des effigies et des représentations, déposées là, lors des prières pour faire un voeu! Parfois même des traces de poudre rouge sont étalées sur le sol avec des pétales de fleurs – Shiva est encore en commémoration.
Avec le coucher du soleil on peut découvrir, au détour d’un temple, des prêtres faisant leurs prières devant les lingams, le long du fleuve. Et le reflet du soleil se couche dans la Yamuna et se reflète dans l’eau. Tout devient irréel.
Le lieu est magnifique par sa blancheur, l’arrondi et la courbe empreinte par le site, le contraste des ghâts marron et du château forteresse en brique rouge. Sur les frontons des temples flottent un drapeau rouge ou jaune, en l’honneur de Shiva et parfois le temple est décoré du signe rouge de Shiva. On peut voir aussi le reflet dans l’eau des temples blancs et cela rend encore plus irréel ce site. On se croirait happé par les temples, engloutis dans les mouvements de l’eau et aspiré par cette vue imprenable lorsque l’on vogue en bateau. Tout est flou. Le blanc, la pureté est amplifiée. Le site est déformé dans l’eau et crée une danse imprévisible, miroir de ce lieu magique et féérique. Les Dieux se jouent de nous.
Au détour d’une plateforme on découvre un temple jain, magnifique, tenu par un prêtre et sa femme qui nous le font visiter et nous offrent un thé. C’est aussi la magie de ce lieu où tout est don. Et tout doucement on revient vers le temple central du nom de Baba Bateshwar Dham où les cloches sonnent au gré des pèlerins qui passent et prient. Une superbe statue de la tête de Shiva surmontée d’un Naga vous fait face et vous rappelle l’instantanéité de la vie. La vie s’éteint tout doucement sur les temples. Des feux apparaissent le long du fleuve. Le site est recouvert de rose. La lune pointe son nez et la nuit enlace Bateshwar. Les chiens sauvages allongés le long des lingams dorment et gagnent la protection des Dieux. Ils s’abandonnent au calme de la nuit. Je quitte, à regret, ce lieu habité des Dieux. Le calme et la sérénité m’habitent et m’étreignent.
Décembre 2017 – voyage en Inde décembre 2014.
Votre commentaire