L’autre intérêt de Bardia ce sont les ethnies Tharus.
L’accueil des familles Tharus est intéressant à Bardia. Tout d’abord vous êtes confrontés à eux en arrivant dans le village et vous les retrouvez en train de pêcher – en particulier les femmes – avec leur filet en forme de triangle ou de cône, la moitié du corps immergé dans l’eau sablonneuse de la rivière, les jupes remontées jusqu’aux hanches. Spectacle imprenable ! Et puis ce qui les distingue ce sont leur chapeau en forme de cône à l’envers en osier ficelé sur leur crane lui-même protégé par un foulard tenant les cheveux. Il faut aimer passer la journée dans l’eau à mi-corps et dans une humidité car il fait plus de 35/40° ! Une étuve !Puis on a la joie de déambuler sur les routes de terre le long des villages entre les jardins et les maisons mais aussi les chemins d’eau qui alimentent les rizières mais permettent aussi aux buffles de se baigner. Eux aussi se rafraichissent !
On peut admirer les maisons qui sont sur pilotis, faites de bambous, de glaise, de terre, de bouses de vaches et en torchis avec des toits en chaume. Tout le monde vit ensemble. Il y a le coin pour la cuisine, là où l’on range le riz, le blé, l’orge et le maïs entre autre. On met tout en hauteur, en suspension pour éviter que les animaux viennent picorer ou ravager les réserves. Il y a les réserves pour l’huile en terre cuite et la chambre où les couples dorment. Tout cela très proche des rus et des rigoles d’eau. Il ne faut pas oublier qu’il existe des serpents venimeux et des pythons ! et que les maisons sont proches des rizières. Comme toujours les femmes sont aux champs, dans les rizières et sur les routes pour couper les hautes herbes, des branches de feuillage qui feront de délicieux repas aux buffles. Elles coupent aussi le bois qui leur permettra de faire cuire le chapati ou le diner du soir. Ces fagots elles les portent sur la tête ! Elles pêchent dans les fleuves et on les voit sur les routes rapportant la pitance du jour. Les enfants traditionnellement promènent les vaches et les buffles ainsi que les chèvres. A chacun sa tâche mais elle est la même en Inde ou au Népal ! Les hommes, eux s’occupent des champs et reviennent dans des charrettes, tirées par les buffles. Ou bien ils pêchent au filet. Et puis pour arrondir leur mois, elles tissent des paniers en fibre de roseaux qu’elles colorent avec d’autres fibres teintes. Les maisons sont ornées de jolis dessins ou peintures murales, réalisées par les femmes : des chevaux, des tigres, des rhinocéros, des paons ou faisans ou des éléphants – tous les animaux que nous pouvons rencontrer sur Bardia et qui entourent leurs vies. Qui sont les Tharus ?Les Tharus affirment qu’ils sont d’origine rajput (Rajasthan) et qu’ils appartenaient jadis à une caste indienne de rang élevé. Mais des ethnologues leur donnent une origine mongoloïde et constituent un groupe tribal indigène arrivé il y a fort longtemps dans le Teraï. Il représente une population de 1,7 millions d’habitants. On les trouve aussi dans les régions transfrontalières indiennes de l’Uttarakhand et de l’Uttar Pradesh.
Les Tharus se subdivisent en plusieurs sous-groupes ou clans : les Dangoura Tharus, les Kathariya Tharus, les Rana Tharus entre autres. Chaque clan a ses particularités culturelles. Les langues parlées par ces groupes sont influencées par les langues majoritairement parlées dans les régions qu’ils habitent, principalement l’awadhi, le bojpouri et le maithili. Leur religion est qualifiée de tribale de type animiste. Ils croient aux esprits de la nature, honorent de multiples divinités et vouent un culte aux ancêtres. Certains groupes se sont hindouisés. D’autres pratiqueraient encore le sacrifice rituel de petits animaux et feraient appel à des chamans pour guérir la maladie.
L’organisation sociale des Tharus est patrilinéaire. Les enfants sont liés au clan du père. Toutefois les femmes Tharu ont une position sociale importante, jouissent de droits de propriété et exercent de l’influence au sein de leur communauté. Il y a un chef de village, le Pradhan.
Lors de la codification officielle des castes au Népal, les Tharus furent assignés au dernier rang de la hiérarchie, tout juste au-dessus des « intouchables ». Plusieurs virent leurs terres confisquées. Après l’éradication de la malaria, de nouveaux migrants s’installèrent sur ces terres et employèrent les Tharus. Exploités par ces nouveaux propriétaires terriens, ils s’endettèrent. Incapables de rembourser leurs dettes, ils furent contraints à une sorte de servage génération après génération sous un régime appelé «kamaiya». Ce n’est que tout récemment, vers le début des années 2000, que ce régime a été déclaré illégal.
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