Fox Glacier ou la blancheur du monde


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Te Moeka o Tuawe en maori est un glacier long de 13 kilomètres situé dans le parc national de Westland Tai Poutini dans l’île du Sud en Nouvelle-Zélande.

Son nom occidental date de 1872 et a été donné en l’honneur de William Fox, Premier ministre du pays à l’époque.

Il est l’un des rares glaciers au monde à se trouver à un niveau aussi bas (quelques 300 mètres au-dessus du niveau de la mer), et cheminant à travers une forêt vierge. Actuellement en recul, le glacier Fox a pourtant connu une période de près de 25 ans pendant laquelle il progressa, parfois jusqu’à un mètre par semaine.

Mais qu’à cela ne tienne nous partons à l’assaut de ce géant. Hélico, hélico, quand tu nous tiens je ne refuse rien.

8h du matin au pas de la porte du lieu de départ, explications sur la météo qui est bonne, le trajet et les instructions de pilotage. Nous voilà dans le bus pour l’héliport. Nous filons.

Fox glacier ville est toute petite et cela nous prend cinq minutes pour atteindre cet héliport. Embarqués, ceinturés, casqués dans l’hélicoptère, nous décollons et emboitons la vallée de la rivière Waikukupa. Nous montons en altitude et faisons un détour par le glacier Franz Joseph dans un premier temps. Nous survolons les plaines qui mènent vers le lac Matheson et filons vers la gauche. La vue que nous apercevons est juste époustouflante : tout d’abord la vue des glaciers vers la mer et le lagon Okarito avec sa plaine verte ; la rivière avec ses moraines et sa largeur digne des fleuves de l’Himalaya ; et tout le glacier, rien que pour nous entre quelques nuages ; sa langue de glace qui retient notre souffle et descend vers la vallée. Un moment qui retient votre souffle et vous plonge en apnée holistique.

Plus nous nous approchons des montagnes tout d’abord verdoyantes de mini forêts primaires nous pouvons voir aussi les roches qui ont été soulevés ressortant par la couleur gris blanche. Deux coulées de glaces striées, à dents pointues nous font face comme deux jambes d’un corps enchâssés entre deux roches. Le glacier Franz Joseph est comme peigné vers le haut et pointant vers le sommet ses pics. Puis la neige poudreuse recouvre ce paysage avec des névés. Le paysage est impressionnant et nul ne murmure à l’intérieur du cockpit.

Franz Josef, avec ses 12 kilomètres de long, est légèrement plus court que son voisin. Il n’en reste pas moins impressionnant… Il doit son nom à l’explorateur allemand Julius von Haast qui le nomma, en 1865, en référence à un Empereur autrichien. Le nom Maori du glacier est Ka Roimata o Hine Hukatere, qui signifie “les larmes de Hine Hukatere”. Comme souvent, une belle légende se cache derrière ce nom. En effet, la jeune Hine Hukatere aimait escalader les montagnes, et réussi un jour à convaincre son bien-aimé de l’accompagner. Celui-ci, moins expérimenté que sa fiancée, fut malheureusement emporté par une avalanche. Inconsolable, Hine Hukatere ne cessa de pleurer et ses larmes emplirent la vallée entre les montagnes, formant le glacier que l’on connait aujourd’hui.

Nous prenons de la hauteur pour dépasser les sommets de Franz Joseph et finir par rejoindre de l’autre côté les flancs du glacier Fox. Le souffle est coupé par ce que nous apercevons. Blancheur, poudreuse non foulée, roches pointées vers le ciel, striées et dangereusement coupantes. Puis plongée dans un autre monde. Une blancheur scintillante nous entoure, un plateau sur un haut sommet où l’homme a posé ses pieds. Là l’espace ne manque pas et nous allons nous poser pour respirer cette nature.

L’immensité nous regarde et nous la regardons. Seules les montagnes coupent notre vue dans le fond. Nous sortons de notre cabine et filons devant l’hélicoptère. Les pales de ce dernier tournent au ralenti et vont s’arrêter. Nous marchons comme ivres sur cette neige qui crisse sous nos pas. Nous sommes comme saouls et sautons de joie. Nous crions et nous photographions comme si nous avions réalisé l’exploit d’un alpiniste arrivant au sommet de la promesse qu’il s’était fait. L’Everest ou non le Fox glacier est à nous, rien qu’à nous. Quelques minutes ! Un autre hélicoptère se pose suffisamment loin de nous. Le soleil cogne, brille et nous fait un accueil démesuré. Quelle joie d’être en ce lieu ! Quelle magie et quel bonheur de fouler cette neige éternelle ! Quelles impressions que d’être dans cette pureté à 8 heures du matin : être les premiers !

La neige est rose par endroits. Il a été dit que les feux d’Australie auraient déposées de la cendre amenée par les vents. Je ne sais et ne me suis pas posé la question. Je regarde et m’imprègne de ce paysage où les nuages commencent à lécher le plateau de glace et faire saillir certains sommets. Illusion ou pas on pourrait voir un lac nuageux.

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Nos yeux brûlent de cette fièvre qui voudrait que nous gardions ce secret pour nous et qu’il s’imprime pour toujours sur notre rétine. C’est fait et c’est inoubliable.

Mais rappel, il nous faut quitter les lieux. Hélas !

Nous repartons et cette fois-ci longeons la langue du glacier qui descend vers les prairies. Nous sommes enserrés par les roches dans un couloir de plus en plus étroit et où la glace disparait. Dernière vue sur le sommet – incroyable mais expérience vraie. Plus nous descendons plus nous nous rapprochons d’une forêt primaire, naine puis haute et large, qui emplie les roches grises.

Nous longeons le fleuve et filons vers la piste d’atterrissage.

La magie est terminée mais bien là et me porte. Je reprends la route vers Haast.

Avril 2020.

 

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