Quel bonheur de se dire que confinement ou pas je vais aller me balader autour de chez moi. Sortir, respirer, jouir de la rue calme et tranquille.
Le soleil est là et c’est le début de l’après-midi. J’ai décidé d’aller me décrasser et de marcher et m’éloigner le plus possible de chez moi.
Déjouer le confinement, déjouer la police, déjouer la vie et faire un pied de nez à Covid 19 !
Marre d’être enfermée, confinée, endormie, ralentie et sans immunité.
Rien de mieux qu’une balade pour se rappeler que je sais marcher et m’échapper d’une routine insupportable.
Un choc : une ville désertée de ses habitants ; une ville qui est au ralenti ; une ville qui bouge au rythme des magasins alimentaires ouverts où les gens font la queue sur des kilomètres bien sagement ! Impressionnant pour des Parisiens ! Je n’en reviens pas moi-même.
Beaugrenelle est transparente – on voit de l’extérieur la coupole bleue mauve et personne dans le centre commercial et dans la rue. Pas de voitures, pas de bruit – rien. Je n’ai jamais connu ce quartier ainsi vide, sans mouvement, sans voitures et concert de klaxon ! Idem pour les quais de la Seine – vide.
Ma balade me mène jusqu’à l’ile aux cygnes fermée par des barrières. On voit la Seine qui, là aussi, est sans bateaux voguant et vociférant aux touristes des informations sur la ville. Tout est calme. Repos des armes.
L’eau est bleue grise, flegmatique et le ciel lui est nuageux, laiteux comme si un peintre avait mis quelques tâches par-ci, par-là pour égrener des grelots.
La vue sur la Tour Eiffel – quel spectacle ! Rien que pour moi dans un silence respectueux. Je me régale de vivre ce moment comme il n’en existe que rarement. Et Covid 19 nous offre ces moments.
La statue de la Liberté lance sa flamme vers le ciel et je ne vois que son dos. Elle est impressionnante toute seule, là, plantée au bout de l’ile. Personne pour la déranger ou la salir. Pas de voitures pour lui cracher fumées, démarrages en trombe et la polluer.
Et puis je décide d’aller suivre mon inspiration le long des quais de la Seine pour rejoindre le pont Bir Hakeim. Je longe les quais et je peux voir tous les bateaux mouches arrimés et vides. Quelques personnes s’activent à les faire briller ou les gardent. Le train de la ligne C passe de temps en temps. Mais là aussi quel calme et pas de piétons. Rien ! Les herbes ont grandi et sont folles. Les coquelicots rouges dansent au gré du vent et l’on se croirait presque dans une prairie. Le silence est d’or. Je passe sous le pont du train en provenance du 16e et j’ai une vue sur le pont Bir Hakeim extraordinaire ! Quant au ciel est il moutonneux et bleu. Là aussi je n’avais jamais vu cela.
Les bateaux appartements sont amarrés au quai et reposent dans une quiétude prégnante. Comme il doit faire bon vivre sur la Seine en ce moment. Et tanguer au gré des vagues ou du flux.
Et me voilà enfin devant le pont Bir Hakeim anciennement le viaduc de Passy. Pas une voiture, rien qui ne menace mon intégrité. Et la Tour Eiffel devant moi qui trône et s’élance. Que des pigeons qui viennent se nourrir aux arbres dans des sacs accrochés, qui font entendre les ailes tourbillonnantes et le pepiement de leurs cris. Quelques cadenas accrochés au pont pour les amoureux qui se sont enchainés ou mariés ici. Beaucoup de chinois venaient se faire prendre en photos en mariés de l’année. Là plus rien.
Et la vue pour moi toute seule de la Seine et surtout de la Tour Eiffel. Enchâssée dans les arbres et auréolée de nuages elle se tient droite et digne contre le Covid 19. Et puis sur une placette attachée au pont se trouve une statue supposée représenter Jeanne d’Arc, rebaptisée la France renaissante. Pour éviter tout incident diplomatique avec le Danemark en 1956, inaugurée en 1958, cette statue représente une guerrière en cotte de mailles coiffée d’un casque entouré par une nimbe et brandissant un glaive. Elle chevauche un coursier dont les quatre pieds sont réunis. Cela donne une impression de mouvement. Elle regarde Paris et semble lui lancer un défi – défendre cette belle ville.
Puis continuant mon périple je regarde le long des quais les péniches et les jolis jardins qui ont fleuris dessus.
Et puis tranquillement je rentre par des rues et des impasses jusque chez moi. Je rencontre un joli matou marron gris qui d’abord me tourne le dos puis se met en marche et semble ne pas vouloir se faire photographier. Mais rien ne me résiste.
Une très belle journée que j’ai eu l’impression de voler à notre confinement.
Mai 2020.
Magnifiques photos de ce Paris insolite et esseulé ! Merci bcp pour ce partage
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C’est un moment insolite où le calme régnait… un Paris et une Seine improbable
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