Paris s’éveille, Paris se meut dans le silence
Paris s’endort et se meurt dans le covid-19 !
Paris s’est vidé de plus d’un tiers de sa population. Les rats des villes sont partis et devenus les rats des champs en emportant leurs coronavirus dans les campagnes et en délestant la mort autour d’eux. Des irresponsables ! Des égoïstes et des courtes-vues ! Le parisien tel qu’il est dans sa splendeur passée !
Paris est silencieux. Les rues sont désertées et les quais ressemblent à des allées où la vie n’a plus court. Plus un vrombissement de moteur, plus un klaxon, plus de motos aux clignotants bruyant ne siffle à nos oreilles des mots d’insultes.
Une voiture de temps en temps pour agrémenter et faire mentir le silence ! Et puis tout redevient sourd, lourd et pesant.
Le 17 mars j’ai quitté mes lieux de travail dans un calme olympien et j’ai regagné mes pénates en quinze minutes. La place de la Madeleine vide, la place de la Concorde vide. Seuls les voitures de police arrêtaient certaines voitures. « Ausweiss » nécessaire – on se serait cru revenu plus de cinquante ans en arrière au moment de la 2e guerre mondiale.
Aujourd’hui c’est pire, deux trois voitures se battent en duel ! Les Champs-Elysées ressemblent à des champs sans âmes ni touristes. Dépeuplée voilà le terme adéquat qui fait de Paris une ville morte, fantôme de ce qu’elle fut. Grandeur passée qui s’endort dans les bras de morphée.
L’Assemblée Nationale n’a plus d’âme ni de débats ! La Bastille reste droite et embastillée sans défilés ni démonstrations. Les gilets jaunes ont déserté et se sont repliés chez eux. Confinés ! Comme nous le sommes tous.
Notre-Dame est debout esseulée, auréolée ce jour-là, de nuages. Le Chatelet est vide et l’Opéra s’ennuie sans personne à qui montrer ses pas de danses. La rue de Rivoli fait un pied de nez aux voitures et ressemble au désert de Gobi ! La pyramide du Louvre semble endormie et abandonnée par les hommes.
La place du Commerce et la rue du Commerce sont endormies – plus rien ne résonne et tout devient pénétrant.
Seules les trottinettes et les vélos rouges, verts sont abandonnés, égrainés et éparpillés dans la rue – vide – tout est sans mouvements.
Le ciel est bleu pâle et le soleil darde les rues et les jardins qui sont fermés à clef. Ils ne vivent plus des rires ou des jeux des enfants. Seuls les applaudissements de 20h donnent un relent de vie à notre ville. Les lumières des rues donnent un semblant de vie et d’ombres sur les murs des immeubles. Tout se tait, tout est assourdit et fait se recroqueviller le parisien dans son habitat douillet.
De temps en temps une moto vrombit ou bien les éboueurs ou les livreurs font du ramdam et nous dérangent presque dans nos vies confinées qui sont au ralenti. Ils nous apportent rituels et temporisation aux journées vides de mouvements.
Comme chantait Reggiani « Les loups sont entrés dans Paris… dès que la peur hante les rues… les loups regardent vers Paris… Cents loups sont entrés dans Paris… il en vint des mille et des cents….Les loups sont sortis de Paris » !
C’est comme notre covid-19 qui entre dans la France et dans Paris, qui hante les foyers de ces parisiens et assombrit leurs vies. Qui inconnu et invisible les happe et les fauche dans la force de l’âge.
Eh oui Paris n’a plus le même panache ni la même gouaille. Paris étouffe et se mure dans le silence de la mort.
Mars 2020.
Photos de C. Estivals et C. Denis.
Très belles images
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Pas toutes de moi mais aussi de C Denis
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Des photos étonnantes mais magnifiques qui disent le vide et rend palpable ce que la situation actuelle impose, la distanciation sociale. Merci bcp😃
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