En quittant Whakhatane pour rejoindre Opotiki et non loin de cette dernière ville, se trouve, sur les hauteurs, un lieu de villégiature qui se nomme Ridgehaven.
Après avoir suivi la route nationale, on prend une route qui monte et serpente à travers des champs et des forêts pour atterrir sur un chemin, qui domine la baie of Plenty, avec la mer en contre-bas et l’ile White Island dont son volcan constitutif s’est réveillé.
On longe des champs d’avocats, des champs de kiwis (fruits) qui ressemblent à des pieds de vignes – assez trompeur, par ailleurs.
Puis on grimpe à travers une route à sens unique, d’où l’on ne voit plus le goudron, tellement les épines de pins ont tout recouvert. Cette route est magnifique, bordée de pins géants, de l’arbre de Noël rouge typique de Nouvelle-Zélande, de chaque côté. Cela assombrit les pelouses des champs alentours et les bas-côtés de la route. De grands feuillus grimpent le long des valons et occupent l’espace vide. Différents verts agrémentent le paysage et de grandes herbes retombent sur la route, la rendant presque sauvage et non carrossée. De grands arbres avec des branches, comme des tentacules, s’allongent au-dessus de la route, la recouvrant, au risque à terme de tomber dessus, et cherchent à attraper les herbes du pré voisin. La nature dans toute sa folie. Et puis pour parfaire le tout, les fougères géantes au doux nom de Koru lorsqu’elles déplient leur première feuille (emblème de la Nouvelle Zélande), s’élancent vers le ciel, pour faire éclore en palmes de bouquets verts, les branches de fougères géantes. Le long du tronc de l’arbre coulent des excroissances marrons comme des tiges sèches ou des racines prêtes à s’arrimer au sol. Un palmier en fougères ! Je dois dire que j’ai un faible pour ces arbres et la grandeur des fougères sur leur sommet. Il parait que la nuit les feuilles des fougères géantes brillent sous le reflet de la lune et vous permettent de vous orienter dans les forêts la nuit.
Ce jour-là la mer est d’un bleu gris, plate et sans mouvements. Le ciel est nuageux, gris aussi. L’un se mirant dans l’autre et reflétant l’état de la saison. Car en Nouvelle Zélande une journée peut représenter quatre saisons : On peut démarrer la journée par un temps froid, gris, pluvieux puis passer à une éclaircie qui perdure toute l’après-midi et le soleil finir par darder avec la chaleur lourde et humide. Impressionnant et déconcertant !
Plus on monte sur cette route, plus on aperçoit les valons verts-jaune où les vaches noires et quelques moutons paissent. Et dans le fond la mer paisible. Quelques habitations parsèment les valons et ajoutent à la couleur du tableau. Plus on monte plus le ciel s’assombrit pour devenir presque noir.
Mais ce jour-là le ciel est resté gris toute la journée et j’ai fini par aller me promener dans les champs d’avocats pour voir à quoi ressemble un avocatier. Les filles de la ville ne connaissent pas tout même si elles voyagent ! C’est un arbre assez haut avec des feuilles petites, vertes flamboyantes lorsqu’elles viennent d’éclore et vertes foncées à taille adulte, toutes en longueur, rainurées en son centre et surpiquées en sa largeur. Et des branches pendent des tiges qui arborent les avocats. Ils n’étaient pas encore murs à l’époque. Ils sont exportés non pas en Europe mais vers l’Australie.
Quant aux kiwis j’ai vu sur une photo comment on les ramasse à la main en étant sous l’arbre. Beaucoup de jeunes étudiants du monde entier viennent faire la récolte comme pour les grappes de raisins dans les vignobles de Nouvelle Zélande.
Le ciel et le soleil jouaient des siennes et rendaient le vallon jaune doré flamboyant comme s’il était d’or. Le contraste était d’autant plus fort que le ciel était gris, encadré de nuages clairs et foncés et laissaient par moments apparaitre un ciel bleu pur. Et la nature foisonnante, fougueuse, tropicale et luxuriante embellissait et amplifiait l’éclat doré de ces vallons.
En un mot je me régalais de cette nature et contemplait avec émerveillement cette vue sur la mer et cet environnement sauvage et en même temps domestiqué par l’homme.
Un moment de repos, de jouissance du moment présent.
Février 2020.
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