Le train de Soller


Quelle expérience amusante que d’aller en train à Soller. Surtout un train en bois, bien briqué et rutilent, datant du début du 20e siècle qui relie Palma à Soller à travers la montagne. Une heure de trajet et des vues magnifiques et imprenables sur la montagne et ses champs d’oliviers, d’orangers et de citronniers. Un joli voyage à travers les paysages de Majorque. Sans se fatiguer, farniente quand tu nous tiens !!

D’humeur tardive, je suis partie prendre le train de Soller pour relier Palma à Soller dans le nord de l’ile de Majorque.

Ce train voyage à travers les montagnes, les tunnels depuis 1912 et parcourt la merveilleuse Serra de Tramuntana. C’est le premier et dernier tramway électrique de Majorque. Et puis pour agrandir la visite, je suis allée jusqu’au port de Soller en tramway. Trente minutes de plus à voyager et relier la mer.

Le train monte très lentement – ce qui a le mérite de pouvoir admirer le relief qui nous entoure. Un certain nombre d’arrêts se font sur la route vers Soller. Les pins hauts et ombrageux parsèment notre parcours et permettent à la fraicheur de nous enrober et de nous cocooner. La fraicheur se fait sentir aussi dans les différents tunnels que nous parcourons dont le plus long est de trois kilomètres dans le noir absolu ! Espérons qu’il n’y a pas de fantômes sinon gare à vous !

Les paysages sont dantesques, avec des montagnes hautes de plus de mille voire deux milles mètres. Elles sont rocailleuses, érodées et recouvertes sur leurs cimes de pins parasols. Certaines font comme des doigts pointés vers le ciel, histoire de vouloir attraper un bout de nuages ou bien de caresser le bleu de la voie lactée. L’été cela doit être éprouvant de faire ce chemin de croix, assis sur un siège en bois bien dur. On traverse des champs verdoyants à cette saison qui sont parsemés de fleurs blanches qui tapissent les pourtours des arbres fruitiers : orangers qui croulent sous les oranges que nous irions bien chaparder ; des citronniers qui eux aussi, sont recouverts de citrons – cela me fait penser à Ravello dans le sud de l’Italie où l’on fabrique le limoncello ; des oliviers aux troncs tordus et qui comme des hommes tendent leurs branches vers le ciel et les étoiles pour en capter les bienfaits. Le contraste des couleurs est incroyable : le blanc des fleurs, le jaune du colza ou bien des coucous, le vert des herbes folles et les verts des arbres font un joli tableau impressionniste à regarder. C’est captivant.

Et puis on croise des villages étalés dans la vallée et encerclés par la montagne qui fait rempart contre le reste de la nature. Pas facile d’accès ces villages et la rudesse de la vie doit être le pendant de cet enfermement des montagnes. Les nuages se jouent des montagnes et forment des dessins d’animaux, bêtes à cornes.

Et puis nous nous arrêtons sur un site des plus pittoresques avant la descente vers Soller et la mer que nous apercevons plus loin. La montagne est escarpée, faite de falaises qui dominent la vallée et qui doivent permettre aux alpinistes de grimper et d’avoir de jolies randonnées à flanc de montagnes. Les nuages reviennent nous narguer alors que nous sommes à la recherche du soleil providentiel en cette période printanière. Les arbres sont façonnés à la rudesse du vent qui les courbe et les brosse dans un certain sens. Les uns en diagonale, les autres droits, les autres peignés en sens inverse. Toute cette toison de feuilles et de branches se mêlent et s’entremêlent au gré des fantaisies du vent. La nature se plie, se déplie, verdit ou perd ses feuilles et renait à chaque printemps. En tout cas la vue du train est un magnifique clin d’œil au printemps et à sa vivacité de faire renaître les hommes et les arbres à chaque nouvelle saison. Et nous en profitons grandement pour le plaisir des yeux, des sens car les odeurs parfument notre voyage.

Nous voilà enfin arrivés à la gare de Soller pour reprendre nos forces, si tentées qu’elles soient altérées. Tout le monde descend !

Cette gare est le prototype de l’art nouveau avec ses portes vitrées en demi arc de bois stylisé, avec de chaque côté des feuilles en pierre. Elle abrite un joli musée où l’on peut voir des œuvres de Miro ou Picasso. Un bel endroit pour se reposer et s’évader d’un long voyage !!!

Une pause toilette, un jus de citron rafraichissant et une bonne glace pour reprendre la route dans le tramway qui nous mène au port de Soller.

En descendant les escaliers pour rejoindre le tramway, une jolie statue d’un homme ou d’une femme assise vous regarde et admire le nombre de touristes passant pour rejoindre au plus vite le tramway pour le port. Les compte-t-elle ? Nul ne le sait seuls ses yeux nous regardent.

Le tramway longe la route de Soller ville à celui du port. On traverse des rangées de maisons typiques du coin et surtout des vergers couverts d’orangers et de citronniers. Cela me rappelle mon enfance quand avec maman je suis venue à l’âge de sept ans à Majorque. J’en ai gardé ce souvenir des orangers croulant sous les oranges et le bon goût des fruits ; et la paella qui avait agrémenté notre séjour.

En arrivant sur la baie de Soller on découvre toute une rangée de palmiers dattiers ou pas. On comprend que nous sommes dans le sud et que la chaleur est loin. Comme cela est agréable. Et puis on touche le bout du voyage : la mer.

Cette mer bleue, d’un calme olympien dans laquelle je me mire et qui me donne envie de plonger dedans. Cette attraction pour la mer a toujours existé en moi et elle devient de plus en plus forte avec l’âge venant.

De jolis navires de pêche se promènent sur les flots calmes du port. Quelques voiliers se dandinent et tanguent au gré des vagues. Des nuages parsèment le ciel d’un bleu pâle. C’est juste le bonheur et la joie de pouvoir admirer ce paysage. On aperçoit sur le haut de la montagne le phare, amant des marins, qui les protège des fonds marins et des caprices de la mer.

Lorsque l’on se poste sur une hauteur on peut admirer ce port d’un point de vue circulaire et surtout avoir cette impression d’encerclement des montagnes avoisinantes. Mais rien ne retient le marin et encore moins moi ! La mer m’attire et la plage circulaire de sable fin blond m’appelle pour une baignade. Mais point de maillot de bain donc pas de plongeon inopportun dans la mer méditerranée. La vue sur le port et les bateaux de plaisance était un appel au départ.

Et oui il nous a fallu reprendre le tramway pour refaire le chemin parcouru le matin. A mon grand regret j’ai dû quitter ce lieu qui happait mes yeux. A la gare de Soller je me suis assise à côté d’une statue rouge sang, assise sur le banc, qui la tête reposant dans l’une de ses mains m’a fait penser au Penseur de Rodin. Je n’ai pu résister à l’idée de m’asseoir à côté de lui et de disserter avec lui !

A bientôt Soller !

 

Palma, avril 2019.

Catégories :Espagne, Europe, Non classéTags:, , , ,

1 commentaire

  1. Top !! Super article ! Par contre ce n’est pas très lisible en noir. :/

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