Ce dimanche pluvieux, aux marronniers perdant leurs feuilles rousses et leurs marrons étalés sur le sol je suis partie visiter le Musée Marmottan et surtout découvrir l’œuvre picturale de Mondrian.
Je connaissais l’œuvre de Mondrian dans sa partie contemporaine et moderne mais je ne connaissais pas le peintre des paysages, des fleurs ou des portraits. Les lignes abstraites et les carrés rouges, jaunes et bleus faisaient partie de mon paysage. Mais l’autre visage de Mondrian dans sa peinture figurative m’était inconnue.
Une œuvre de 60 peintures sont exposées et ont la marque du collectionneur exclusif de Mondrian – Salomon B. Slijper.
Nous allons nous glisser dans les paysages, les portraits et les peintures de fleurs. Mais aussi à la même époque Mondrian amorce sa peinture abstraite à travers des autoportraits mais aussi des arbres fossilisés de manière abstraite.
Une invitation à parcourir ces œuvres et ce qui a fondamentalement créé Mondrian.
Mondrian ce sont les arbres, les paysages de saules le long du Gein, ces paysages que Pierre mon père spirituel peignait lui aussi. Ou bien ces maisons hollandaises dessinées au fusain qui montrent la richesse et la tristesse du pays plat que décrira et chantera tant de fois Brel.
» Avec la mer du Nord pour terrain vague, … Avec infiniment de brumes à venir, Avec le vent de l’est écoutez-le-tenir, Le plat pays qui est le mien ».
On est marqué par ces peintures d’arbres le long de rivières et la teneur trouble, triste et grise du paysage. Plus rien d’éclatant mais un côté automnal comme nous le vivons ce jour sur Paris.
Ce qui m’a frappé c’est sa période philosophique, théosophique où il se peint en Dieu ou Bouddha à la barbe longue. Dessin au fusain qui assombrit l’autoportrait et le rend mystique. Histoire d’atteindre et de faire ressortir l’intérieur, l’âme du peintre, ce qui est inhérent à lui.
Et de cette période Mondrian nous offre alors à nouveau les couleurs à travers ce tableau « Les bois près de Oele » qui éclate de soleil, de couleurs bleues, vertes, orange et jaune avec ses arbres qui cherchent à rejoindre le soleil, le ciel et la vie. Un flamboyant paysage, un réveil des sens. Je suis restée accrochée un bon moment devant ce table connu mais qui éclairait le monde.
Avec les Tournesols mourants on commence à voir l’abstrait entre les deux esquisses. Mondrian montre le passage d’un stade à un autre – le dépouillement, la pureté.
Et à nouveau le portrait d’une dame en gris plus ou moins foncé remet l’abstrait au goût du jour. On y trouve les formes cubistes faites de triangles, de rectangles et de longueurs qui donnent l’impression d’un immeuble au lieu d’une dame ! Je force le trait mais cela y ressemble. La charpente de la dame !
L’autoportrait et l’arbre aussi à la limite du cubisme et de l’abstrait, toujours dans les gris et noir – au fusain se cherchent.
Et là on tombe sur deux œuvres majeures et connues de Mondrian : Composition ovale en plans de couleurs 2. Je retrouve alors le Mondrian que je connais et que j’adore. Ces formes colorées qui s’imbriquent les unes dans les autres et qui créent un tableau où l’on se perd comme dans le labyrinthe d’un œuf ovale. Son pendant gris noir tirant sur le jaune (Composition n°IV / Composition 6) est encore plus abstrait et l’on perd le fil et le chemin.
Et de nouveau l’art figuratif avec cette ferme à Duivendrecht où les couleurs de l’automne se mirent dans le lac ou le fleuve. La magie des sens et des couleurs orangées attire l’œil et donne envie de se poser et rester apprécier ce lieu.
Et puis on peut admirer les deux arums bleus ainsi que les chrysanthèmes finissent l’exposition avec les formes carrées rouges, jaunes, bleues – la boucle est bouclée et Mondrian nous est apparu dans toute son œuvre – l’ambivalence du figuratif et de l’abstrait. Le premier pour en vivre et le second son art de prédilection. Composition avec large plan rouge, jaune, noir, gris et bleu (1921).
Lien : https://www.marmottan.fr/wp-content/uploads/2019/02/DP-MARMOTTAN-MONET_MONDRIAN-FIGURATIF_2019.pdf
Paris 29 Septembre 2019.
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