La Fondation Miro à Palma de Majorque


L’endroit est un peu éloigné du centre de Palma et cela montre l’envie de Miro de revenir dans sa ville natale mais en s’éloignant de la vie turbulente et populeuse du centre-ville.

Et puis on peut très vite comprendre que l’endroit permet d’avoir une vue sur la mer des plus magnifiques. Une mer gris noir le jour où j’y suis allée, plombée par des nuages et de la pluie sur l’horizon.

Mais quelle vue et quelle luminosité Miro bénéficiaient.

Il était revenu sur le site pour le bonheur de renouer avec son enfance, la vie de ses parents et de sa mère en particulier. Sa mère et sa famille maternelle étaient majorquins. Ce lien est d’autant plus ténu que sa femme Pilar est majorquine et qu’il se réfugiera à Majorque pendant la période de la seconde guerre mondiale. Il s’y installe en 1956 jusqu’à sa mort en 1983. Ils feront don à la mairie de Palma de leurs biens et ils créeront une fondation pour que perdure cet endroit.

Ce que l’on visite en premier c’est son atelier, puis on grimpe vers la première maison où il vécut avec sa femme et après on entre dans le musée et les jardins. C’est juste magique et palpitant – tout cela monte crescendo.

Tout d’abord son atelier : d’une simplicité et d’une harmonie avec la nature avoisinante. Les couleurs des portes, des fenêtres et des ventaux – tous ces éléments protègent de la fureur de la vie et vous remet dans une forme de cocon.

L’atelier est resté tel qu’il était comme toujours en vie, dans l’attente du retour du peintre. Les peintures sont posées au sol ou sur des tréteaux. Son atelier, le rêve de sa vie ; le vide qu’il a ressenti et qui a fait que pendant deux années je crois il n’a pas peint. Trop fort, trop neuf et pourtant réalisé par un de ses amis architecte, Josep Lluis Sert.

On se prend à rêver de voir l’artiste se mouvoir dans l’atelier, venir vous voir, s’asseoir sur son siège et discuter avec vous. Mais hélas Miro n’est plus mais son âme d’enfant est toujours présente avec nous.

La lumière est parmi nous partout, à l’intérieur comme à l’extérieur. Et l’on découvre aussi les œuvres de Miro dans son atelier comme ce visage aux grands yeux rouges qui vous regardent et semblent se moquer de vous.

C’est la dérision, Miro, c’est l’enfance, la naïveté dans une forme particulière. C’est la beauté de l’artiste et l’on se prend à être artiste. Parfois on dirait avoir affaire à de grands animaux comme cette grosse fourmi à la tête rouge et aux pattes si bizarres. Car Miro c’est cela pour moi.

Lorsque l’on ressort de l’atelier on peut en admirer ses formes envolées sur le toit ; pureté, couleurs bleu, rouge, jaune représentant et s’adaptant bien à la région et surtout les couleurs du maître. Et surtout on ressent la présence de Miro comme s’il vous accompagnait dans votre visite des lieux.

Et puis tout doucement car on veut admirer les vues sur la côte, sur la baie qui s’ouvre juste devant nos yeux et apprécier la trainée de nuages moutonneux qui parsèment l’horizon. On continue notre montée vers le sacro-saint la maison première (possessio ou boter) où vécut la famille Miro. On passe à travers de très beaux décors, jardins avec des fleurs, des palmiers, des cyprès, des oliviers, des pins et des grands yuccas. La nature commençait à éclore et des iris blanches montraient le bout de leurs pétales. On comprend que dans un tel environnement la créativité explose. Et on se trouvait juste face à la maison avec une des statues, œuvre maitresse de Miro.

La maison est plus austère car de pierre recouverte de chaux couleur sable mais ce qui a retenu mon regard c’est la représentation de la divine comédie avec les ânes, la vierge allongée et Dieu – tel que mon imagination veut bien le comprendre. Toute de naïveté, de justesse et de beauté intérieure. Et puis cette vue magnifique sur la baie qui accrochera toujours mes yeux pendant de longs moments. Je suis frappée par l’intensité du bleu mais aussi des nuages qui percent le ciel.

Ce que j’ai adoré dans cette maison ce sont les peintures, coups de crayons noirs dessinés au fusain sur les murs – tout ce que l’on interdit aux artistes en herbe – les enfants. Là c’est toléré, apprécié et recommandé ! Encore un clin d’œil à l’enfance ! Miro le maître.

Et puis retour dans la cour où là on est happé par la vue sur la baie. Ce n’est pas une obsession mais juste un attachement, un émerveillement sur ce que Miro pouvait voir. Quelle inspiration il pouvait en retirer !

On parcourt le chemin à l’inverse pour aller visiter le musée. Et là c’est toujours le même émerveillement devant les œuvres de Miro. Comme il l’écrivait « Il voulait … provoquer d’abord une sensation physique, pour arriver ensuite à l’âme ».

Deux tableaux m’ont fait penser à mon chien Igor avec les oreilles en pointe et les yeux qui restent fidèles à votre regard. Regard dans regard, patte dans patte comme je disais alors à ce prince qui accompagna seize ans de ma vie. On le retrouve en blanc aussi.

Avec Miro on peut tout imaginer, tout créer et tout revendiquer : des oiseaux, des poissons, des fourmis, des coccinelles qui se parlent entre elles ou bien qui tentent de voler.

Ou bien cette phrase qui résonne en moi « J’appelle Femme…. C’est un univers ». Avec ses formes, ses couleurs, sa matrice et ses seins que l’on retrouve dans ces deux tableaux. Juste extraordinaire. Ou bien une grande dame dans son pantalon blanc et son grand chapeau où un œil vous regarde à nouveau. Ou alors cette personne qui fait la cabriole et à la fin tout ce tableau en noir sauf le coin droit où l’on pourrait croire rencontrer un requin !

J’adore aussi la juxtaposition des couleurs bleu, rose, vert et bleu pâle comme Picasso avec sa période rose et bleu !

Ce monde est fantasque, mobile, vous entrainant dans un monde merveilleux à la Miro.

 

Palma Avril 2019.

 

Ps : vous pouvez regarder sur le blog il y a eu une exposition de Miro au Grand Palais à Paris.

Et puis voici le lien pour le site : https://miromallorca.com/

 

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