Ma parenthèse à moi c’est la mer


Entendre les vagues remuantes et sonores c’est comme revivre un moment de vagues intérieures qui refont surface lorsque quelque chose n’est pas accompli !

Ici l’horizon est sans fin. Seules les côtes, les pointes et les rochers arrêtent les yeux. Les montagnes esquissent un relief comme des ombres chinoises sans fin et sans histoire. Le paysage ici est déconcertant et tourmenté : des criques, des presqu’îles, de nouvelles criques où il fait bon se prélasser et puis de longues plages de sable fin blond, de sable rocailleux et celle prénommée d’argent où le sable fait penser à des pépites d’or ou d’argent.

Hier les vagues étaient calmes, la mer était de plomb avec quelques remous mais rien d’aussi intense qu’aujourd’hui. L’eau est transparente, fluorescente, sablonneuse et surtout les algues avaient recouvertes les plages de filaments égrenés en gros tas qui faisaient que l’on s’y embourbait !

Les algues marrons avaient dessiné de jolies baleines avec la queue en l’air ! Un air rieur l’air de dire : je me suis échoué là où tu te trouves, là où tu aimes venir et je te rejoins car tu aimes ma famille. Le clin d’œil était fort et incroyable.

Et puis les vaches paissaient aussi sur la plage comme elles étaient venues boire au lac Baïkal. J’ai cru l’Inde revenue sur le continent corse. Un nouveau clin d’œil à mes animaux sacrés et mes lieux favoris.

La mer était chaude pour un début d’avril et douce pour marcher sur le sable. Les pieds s’enlisaient dans le sable et je ressentais le clapotis et la fraîcheur de l’eau. Marcher cinq kilomètres pour se divertir, ressentir le matin et oublier les miasmes de ces six derniers mois. Revenir à moi et passer à autre chose. Aller au calme et au plus profond de soi, être avec son soi intérieur et tout oublier. Se concentrer sur ce moment et sur cet espace.  Et puis se heurter au paysage, aux rochers qui font des pouces en l’air, ou des tortues ninja ou des gros Bouddhas sableux portant ou accueillant plus exactement en son ventre un homme au repos.

Cette nature est impressionnante. Je m’y suis lovée et sentie sereine. Oublieuse de tout, de moi, des autres et du quotidien qui pèse. Assise sur un rocher je suis restée là à m’imprégner et à méditer au son des vagues et du clapotis de l’eau.

Cette Corse est vraiment un lieu magique où se ressourcer est pour moi vital !

Regarder la mer, la sentir près de moi, l’entendre mugir, gronder, rugir et se fracasser contre les rochers est une douce oraison à la paix intérieure. Le mouvement continu, les soubresauts de la nature comme une force sauvage rugissante apportent le calme et l’oubli. Elles apaisent.

Cette année je me sens fatiguée et au bout de moi. J’ai vieilli et je le ressens très fort. La volonté est intacte mais elle s’émousse. Elle se tarit et je me sens éprouvée et je tourne en rond. La nasse se referme sur moi. Prise au piège de quoi – je ne sais. Pour une fois j’ai rêvé de faire de grands voyages et je ne les réalise pas. Ce n’est pas moi et je ne comprends pas.

Pourtant en Corse je n’ai pas promené ma petite sœur la solitude. Je me suis sentie bien, heureuse et calme. Cet endroit est un miracle à la nature et au ressourcement.

Le ciel ici change très vite !

On dirait des ballets, des bras qui se tendent et s’accrochent aux autres traînées et puis des petits moutons se forment et créent des échappées détachées, regroupées ou bien des sortes de grumeaux, saupoudrage de sucre dans le ciel. Amusant à voir ces nuages défiler, se créer et s’étaler sur une palette de ciel bleu azur voire blanchâtre confondant l’horizon.

Je ne me lasse pas de regarder ce jeu. La nature ressource et remet les pendules à l’heure. J’en oublie les colères, la tristesse et la sensation de vieillir qui me taraudent depuis quelque temps. Je renais à cet endroit.

Je comprends que l’on puisse idolâtrer un lieu et y revenir souvent pour se retrouver et voir son énergie réapparaitre. Un peu comme les pingouins ou les empereurs qui reviennent années après années au même endroit pour s’y accoupler.

Cela fait dix ans presque que je reviens de manière régulière à Porticcio et cette pointe lancée vers la mer, à l’assaut des vagues et du monde ; C’est mon lieu !

Je suis prétentieuse en disant cela mais je sens bien que l’énergie qui s’en dégage m’apporte bienfaits, repos et force.

J’y reviens comme un marin rentre au port pour retrouver sa femme. Je m’y repais, j’emmagasine le soleil, l’énergie du soleil. Je m’y repose. Rien faire est un exploit pour moi et ici j’y arrive. Je farniente, je farniente et farniente encore !

Je me coule dans l’eau aussi même si elle est fraîche en cette période. Elle est tonifiante, revigorante et aimante. Elle stimule et je me sens poisson.

Et puis le temps est changeant parfois capricieux. Après la pluie vient le soleil. Et je suis partie sur la plage d’argent à nouveau. La mer était haute, les vagues montaient et elles étaient faites d’écume. Les rouleaux étaient puissants et furieux. La pluie tombait légère et fine. Sorte de bruine, plus tenue, mais elle s’accrochait à mon k-way. Le vent fouettait mon visage et mes mains. Le spectacle était superbe, les vagues m’assourdissaient. La fraicheur du temps pénétrait dans les pores et faisaient se concentrer sur la marche sur le sable. Mais je n’ai pas vue la vague arriver et je me suis retrouvée pantalons et chaussures trempées ! Tant pis pour le bain de pieds assuré ! Pourtant j’ai voulu l’éviter ! La première fois ça a marché, la deuxième, pas. Plouf ! Même pas râlé ! Pas très grave juste une sensation de froid qui vous saisit. Je riais sous cape tellement surprise et heureuse.

Le spectacle était magnifique. Les vagues mugissantes, la marée haute, le sable fin agglutiné, un horizon éclaircissant avec le retour du soleil. Mais de chaque côté un ciel noir orageux prêt à en découdre avec la nature. Et puis comme un jeu entre deux temps, deux croches et deux accroches le ciel noir s’est effacé pour laisser place au soleil apparaissant timidement et forçant le passage.

C’est cela le bord de mer. Le soleil revient toujours après la pluie. Maintenant le soleil enrobe le havre de paix où je suis et réchauffe mes pieds mouillés. Le soleil est bien là, sans sa puissance, mais avec sa caresse douce, sans insistance. Le soleil enrobe la nature et la rend plus douce à mes yeux. Le flux et le reflux des vagues se fait toujours aussi fortes et bruyantes comme pour accompagner le coucher du soleil.

Ma parenthèse à moi c’est Porticcio et les deux baies environnantes.

Avril 2019.

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