Le viaduc de Gokteik – Pyin Oo Lwin Lashio – Birmanie vers la frontière avec la Chine – le saut de l’ange


Un souvenir incroyable d’une randonnée en train entre la ville de Pyin Oo Lwin en passant par Gokteik endroit où le train surplombe des rivières sur un pont de fer. On se croirait selon le film sur le pont de la rivière K-way mais nous n’y sommes pas.

Tout commence dans la gare de Pyin Oo Lwin – tous les voyageurs, touristes, locaux attendent le train qui arrive de Mandalay quelques heures plus tard. Attente fébrile voire énervée – tout le monde tourne en rond à 6 heures du matin. Hommes, femmes et enfants arrivent de tous les côtés de la gare pour prendre le train qui les transporte jusqu’à la frontière de la Chine. Ou presque !

Je fais partie de ces heureux voyageurs et je me retrouve sur le quai de la gare à regarder la foule qui se presse, traverse les voies alors que le train est en vue, les enfants assis sur les bancs ou bien sur le chien qui les accompagne et qui comme un cheval porte son petit maître. Dès que le train montre son museau les femmes avec de grands plats posés sur leurs têtes s’approchent pour vendre soit des bouteilles d’eau pour se rafraîchir, du thé pour se réchauffer car ce n’est pas la grande chaleur, de la nourriture toute prête à être déguster qu’elles posent sur des paniers en osier, pendant le trajet, qu’elles mettent dans des petits sacs plastiques pour les transporter (poulet, légumes cuits…). D’autres portent des sacs de choux ou pommes de terre, achetés au marché de la ville, ainsi que des plateaux d’œufs. De véritables mules ambulantes comme dans beaucoup de pays d’Asie ou d’Inde. Une agitation bienveillante réveille la gare et ses voyageurs qui somnolaient ou papotaient alors que les chiens se grattaient ou se chamaillaient entre eux. Un homme a attiré mon attention, assis avec son parapluie à ses côtés sur un siège, fumant son cigare avec son bonnet gris sur la tête et sa barbe de trois jours. Il avait le regard perçant et fixe. Les femmes avec les enfants, assises, attendaient sagement le bruit du train pour se mouvoir et échouer sur un banc en bois dans le train. Tout cela donnait de la couleur au matin gris et pluvieux de Pyin Oo Lwin et du mouvement à la ville pas tout à fait endormie.

Puis vint le moment de monter dans le train, toutes fenêtres ouvertes, de s’asseoir et d’attendre que le train démarre. Bruits de cahots et hop nous voilà partis.

Pour les touristes les sièges étaient confortables et recouverts de tissus blancs. Et nous voilà partis à la recherche du pont de Gokteik.

Nous traversons des paysages montagneux, invisibles aux yeux car le brouillard ou la brume de chaleur les recouvre. Mais la partie proche du chemin de fer nous permet de voir la verdure et surtout les buffles ou vaches grises qui s’y prélassent. Elles broutent et broutent encore sans prêter attention au train qui passe. Nous apercevons des rizières, des champs de légumes et des buffles qui s’apprêtent à être attachés à des charrettes pour transporter les récoltes. Au fond, accrochés aux collines des villages se remarquent. On aperçoit aussi des logements rudimentaires faites de bois et de tôles de fer pour protéger des pluies diluviennes de la mousson. Ces maisons sont sur pilotis pour pouvoir protéger les animaux sous la maison mais aussi éviter les crues. D’autres maisons sont moins rudimentaires et sont faites en briques recouvertes de chaux avec de jolis volets en bois gris. Et puis on peut voir les paysans s’activer sur leurs lopins de terre, biner ou arroser. On peut même entrevoir les habitants des maisons en train de prendre leurs repas ou cuisiner comme ces femmes qui nous tournent le dos. On a juste l’impression d’être avec elles et si le train s’arrêtait nous serions en train de manger ou cuisiner avec elles.  Parfois sur les chemins de campagne nous voyons des stupas blanches ou recouvertes d’or, au milieu des rizières ou des champs de maïs. Je suis toujours étonnée de rencontrer de tels édifices au milieu de nulle part. Il pleut tellement que les buffles sont rentrés se coucher dans leur étable. Les sols dégorgent d’eau et la terre est grasse. Et parfois les maisons sont les pieds dans l’eau malgré les pilotis.

J’ai adoré aussi cette maison agrémentée de sept palmiers qui avec le vent nous disent bonjour et nous saluent en bougeant leurs palmes.

Et puis je regarde l’avant du train qui se meut entre les champs et donnent l’impression d’un long serpent dont la tête est la locomotive.

Nous arrivons enfin à Gokteik – une partie des voyageurs descend et nous profitons de ce cours arrêt pour aller acheter quelques sucreries ou boissons à emporter vendus par les paysans locaux. Les femmes et les chiens sont assis sur les bancs en bois entourant des poteaux dans la gare. J’en profite pour me dégourdir les jambes et faire une marche dans la gare et regarder les paysages avoisinants.

Nous repartons à travers champs et collines verdoyantes, transpirantes de pluies et de brume. A nouveau je reprends une photo du train qui passe dans le rétrécissement de la voie et dont les branches des arbres nous griffent les bras. Et au détour d’un virage que voyons-nous ? Le pont de Gokteik !

Oh miracle de la nature … Un pont planté au milieu de nulle part, coincé entre deux rives et deux montagnes dont la terre rougeoie laissant apparaître des strates et des griffures menées par l’érosion. Les champs de maïs au détour nous cachent le pont et se jouent de lui. Il apparaît ou disparaît, ou bien nous en voyons un petit bout, puis plus rien et cela pendant un certain temps. Cela joue sur nos nerfs, nous trépignons d’impatience de traverser cet endroit et de surplomber la nature domptée par l’homme. Et encore une apparition : pleine vue sur le pont. Plus nous approchons plus il devient grand, imposant et même terrifiant ! Il surplombe les champs de riz et la nature environnante. Puis arrêt sur image nous nous arrêtons en pleine campagne. Attente, débriefing des uns et des autres pour connaître la suite, voir des voyageurs, quitter à nouveau le train, chargés comme des mules de fleurs, sacs de légumes. A nouveau comme dans le transsibérien des femmes sont là avec de la nourriture. Les œufs sont enfin arrivés à destination. La police est là aussi sous ses paillotes, pour surveiller ce trafic ferroviaire et ses chalands. Les enfants admirent le paysage et le spectacle qui se déroulent sous leurs yeux. C’est la fête au village !

Et puis suspens, le train repart, roule à 5 kms heure et amorce le virage avant de glisser sur le pont tant attendu !  Il se lance à toute vitesse et prend son rythme de croisière pour passer sur le pont en fer. Lorsque l’on se penche on peut admirer la cathédrale de fer qui plonge vers la rivière à plusieurs centaines de mètres en dessous. Moment impressionnant ! On pourrait s’amuser à compter le nombre de niveaux du pont mais le vertige vous prend et vous oublier de compter !

Et puis en contrebas on voit la rivière dont l’eau est rouge encaissée dans la montagne. Nous longeons la montagne qui nous surplombe à notre droite, le vide sur la gauche. On peut aussi voir une cascade couler et lorsque l’on se retourne on voit la longueur du pont.

Je n’oublierais pas ce moment et les bruits des bogies du train rythmant le passage.

Juste quelques informations sur le pont de Gokteik :

Il est installé dans la province de Shan en Birmanie, il est long de 688 mètres et haut de 97 mètres. Il fut inauguré en 1901 : le plus grand pont à tréteaux et le deuxième pont le plus long du monde. Il reste aujourd’hui le pont le plus haut en Birmanie. Les pièces ont d’abord été fabriquées aux États-Unis par la Pennsylvania Steel Company puis expédiées de New York jusqu’à Rangoon et montées sur place par la société Pennsylvania and Maryland Bridge Construction, faisant de ce pont le seul fabriqué par une entreprise américaine pour l’Empire des Indes.

Le pont est supporté par 15 tours (dont une tour double) et son poids total est de 4308 tonnes. Il ne comporte qu’une voie ferrée qui est empruntée deux fois par jour par le train reliant Mandalay à Lashio.

L’Empire britannique souhaitait alors étendre son influence dans la région et établir une liaison ferroviaire entre l’Assam en Inde et le Yunnan en Chine. La voie ferrée est encore en service 110 ans plus tard.

Voyage Birmanie août 2015.

Paris février 2019.

Catégories :Asie, Birmanie Myanmar, Non classéTags:, , , , , , , , , , ,

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