Ecouter le flux et le reflux des vagues, son cristallin et transparent, frapper le sable, aux grains pierreux. Les vagues le martèlent, le balaient et entrainement dans son flux et reflux continuel pour le modeler à sa guise et ciseler le relief de la plage.
Cette musique m’entraîne dans une rêverie qui rythme mes pensées et les fait divaguer au gré des vagues. Elle me prend au ventre pour entraîner mon esprit dans ce reflux et me faire voguer vers d’autres mondes inconnus de moi. Une impression de sortir de son corps, de s’envoler pour aller vers d’autres cieux et surtout de s’alléger des poids morts de la vie. Tout devient légèreté et en même temps hors du temps et de soi.
Je reviens dans le ventre de la mère où le flot de l’eau du placenta me rejette dans une vie antérieure inconnue et tellement rassurante puisque protégée du monde extérieur. Cette mère protectrice et douce avec son ventre pour écrin. Tout est candeur, oubli, calme et peut-être sagesse. Tout est ralenti et assourdi par l’eau protectrice qui se meut entre le monde et moi-même. Ce ventre où pendant huit mois je suis venue à moi pour devenir ce que je suis aujourd’hui.
Les vagues qui m’emportent vers le lointain, vers un inconnu que je n’imagine pas et qui ne me fait pas peur. Elles me portent et me transcendent tout en apportant ce calme nécessaire à la vie. La contemplation de la mer est un moment de gratitude et de bonheur. On oublie qui on est, ce que l’on fait et surtout on fait communion avec cette mer. Seule la contemplation intérieure nous occupe. Seul l’horizon est notre compagnon. L’eau nous aspire et nous transforme pour nous ressourcer et nous donner forme.
J’aime l’endroit où je suis en Corse, dans cette baie d’Ajaccio où je viens me ressourcer et oublier la vie tout court. Juste ressentir !
Je redeviens le fœtus qui ne vibre que dans l’eau, dans la nage et la caresse de la mer sur ma peau. Cette eau si sensuelle qui m’enrobe de partout, entre par tous les pores de ma peau et glisse en moi, sur moi, pour m’envelopper, me lover et m’aimer.
Cette mer qui me porte même si en nageant je la dérange et ressent le claquement des vagues sur mon corps. Celui-ci vogue au gré des vagues, se laisse porter ou bien rugit comme le lion qui secoue sa crinière et explose cette surface d’eau de gouttelettes.
Celui-ci vogue au gré des vagues et du vent. En ce lieu il n’est pas le maitre. Il est juste un sujet, un élément qui vogue et se répand dans l’eau, essayant de garder le cap, luttant parfois contre les forces de cette mer agitée qui voudrait l’engloutir et le faire disparaître. Mais rien de cela n’arrive : mon corps vogue sur les vagues, se remplit de sa chaleur ou douceur, de sa fraîcheur et emmagasine son flux et reflux.
Je me sens poisson parmi les poissons, faisant corps avec eux. Je suis transparente comme eux, jaunes avec des couleurs bleues. Comme eux j’apparais et disparaît. Comme eux je nage et me joue des vagues. Comme eux je me repose face au soleil, les bras en croix. Je me love dans l’eau comme dans les bras d’un amoureux. Je me laisse porter, menée par les courants. Je jouis de me sentir enserrée. Et puis comme une nymphe ou une sirène je sors de l’eau et vais m’échouer sur un transat pour sentir le soleil me réchauffer, entrer en moi, posséder mon corps.
Un moment de douceur, de sensualité et d’oubli de soi.
La réminiscence de l’amour sensuel, du sexe pénétrant et menant sa danse, et la douceur d’une mère.
Octobre 2018
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