Déambuler dans le quartier de la Mouraria et descendre vers le Tage n’est que grâce et plaisir.
Ce quartier est un écrin où ont vécu de petites gens qui ont été l’âme de cet endroit.
J’ai déjà parlé dans un article précédent du poids du fado dans ce quartier et je n’y reviendrais pas.
Aujourd’hui, je voudrais faire part d’un endroit où se côtoie des photographies des petites gens qui l’ont animé et nourrît de leur âmes mais aussi des dessins dits Street art qui habillent les murs de la capitale lisboète.
Longer la rue de la farine (Largo das Farhinas), qui vous fait entrer dans le cœur de ce quartier et découvrir les arrières de son âme.
Tous les mètres vos yeux se tournent et découvrent quelque chose qui vous attire. La première fut de découvrir des photos des personnes qui ont habitées le quartier et qui ont fait partie de sa vie quotidienne. C’est le cas des photos qui illustrent le quartier et qui ont été réalisées par l’anglaise Camilla Watson. Elle rend hommage aux personnes dites aînées de ce coin de ville. Elle nous permet de découvrir l’activité du quartier entre les artisans qui tenaient des boutiques où l’on pouvait se faire tailler un costume, ou aller acheter une pâtisserie ou boire un café dans le plus petit bar du quartier.
Ou bien les personnes qui peuplaient le quartier, habituées à monter et descendre les escaliers et les ruelles si enserrées entre deux immeubles ; ou bien voir le linge sécher et voler au vent ; Ou bien ceux oisifs qui assis sur un siège, adossé à leur canne regardait le monde dérouler sa journée et faire glisser sur ses lèvres les papotages et les ragots du coin ; Ou bien ces hommes endimanchés se rendant au travail, cravate et bonnet pour chauffer la tête même si le soleil était des leurs ; Ou bien des lisboètes sortant du café et de la pâtisserie, lieux traditionnels où l’on se rend le matin pour prendre son petit déjeuner ou savourer le café avant d’aller travailler ; ou regarder les joueurs de dominos – jeu encore très usité à Lisbonne ; ou madame qui part avec son panier en bois faire ses courses ou récupérer le linge sec ; ou les femmes du quartier qui siègent devant les portes de leur maison et se reposent après une dure journée ; commérages aboutis rebondissant de portes en portes. Ces femmes aux si beaux visages qui expriment toute la mélancolie du fado, mais d’une vie rude et travailleuse où rien n’est facile ni gratuit. Une vie de labeur ! Et ce monsieur avec son chat qui cherche à lui échapper dans l’intérieur de sa maison. Ou le monsieur dans la rue avec son chien qui regarde les passants s’en aller.
Ou encore la dame Antonia à la fenêtre qui suit les mouvements de la rue ou papote avec sa voisine d’en face. Ces femmes posant avec des bouquets de fleurs, avec leurs époux dans l’encadrement des fenêtres ou bien assises avec leurs voisines. D’autres de couleurs, car c’est un quartier populaire multiethnique qui vibre ici, trinquent ensemble. C’est la joie et le bonheur simple d’être ensemble qui s’exprime. Toutes ces photos illustrent des rues mais aussi des maisons et rendent l’âme de cet endroit. Beaucoup de charme et d’émotions entourent ces rues ! C’est ce que l’on ressent encore aujourd’hui en se promenant et en rencontrant des indiennes en habits traditionnels qui papotent avec leur voisine.
Mais les rues se colorent aussi de dessins. Un matin vous trouvez de nouveaux écrits comme cette spirale bleue de poissons qui tournent autour d’un nid remplis d’œufs.
Ou bien ce personnage aux yeux noirs, aux cheveux bien apprêtés et au pull rouge qui vous regarde. Il est collé au mur d’azulejos. On le retrouve partout dans le quartier en noir aussi signé de Kamlaurène. Ou cette lectrice aux cheveux longs et à l’épaule qui vous énonce que la vie humaine est « fuck » ! ou qui persiste en disant que le talent est chance et que le plus important est le courage dans le vie. Elle signe se collages de Shirlgirlsdoproject. C’est tout un programme !
Ou bien ce chat qui fait penser au chat Kitty des enfants qui trône sur le mur des escaliers qui grimpent vers un autre bout du quartier. Ou l’espèce d’ovni vert sorti de nulle part signé Puule qui vous donne le chemin et vous regarde comme un extra-terrestre ! Ou cette coupe bleue en forme de cœur ou de fesses avec ses doigts sanguinolents ou le petit bonhomme bleu tout souriant avec un cœur jaune au-dessus de la tête. Ou cette femme noire aux cheveux descendant jusqu’au sol – peut-être un fadista (chanteuse de fado) ? Ou encore ce slogan qui vous assure d’arrêter de penser mais plutôt de se motiver pour faire quoi ? Personne ne le sait ! Et puis les murs d’un escalier bariolé de couleurs rouge, jaunes ou grenat qui vous font monter au 7 ème ciel par des chemins et escaliers escarpés ou tortueux. Ce coin d’une place en contre-bas qui illustre la musique du fado et surtout la population qui l’entoure et les lieux favoris de Lisbonne.
Et cet endroit en cours de destruction où sont attachés aux planches de bois des sacs pour prouver que la vie règne toujours ici.
Comme vous avez peut-être pu le constater j’adore ce quartier qui palpite même s’il s’embourgeoise. A mon grand dam !
Octobre 2018
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