Les nuages en Mongolie


Regarder le ciel tient du miracle en Mongolie. Et on ne s’en lasse jamais. Nos yeux sont de manière permanente rivés au ciel et au jeu des contrastes des nuages.

Arrivées à Ulan Bator sous un ciel gris dont les nuages dessinaient des vagues en forme de virage, nous avons connu la pluie, le froid et bien sûr le soleil de plomb.

Guère réjouissant de découvrir la capitale sous un plafond bas et gris et en prime d’avoir froid !

Ca donnait le ton de ce que nous rencontrerions dans le nord près du lac de Khovsgol. Une nature qui se liguait contre notre venue et se rendait hostile à notre arrivée.

Dans le désert de Gobi nous avons vogué sous des cieux plus cléments, agrémentés  de nuages spots, égrenés dans le ciel comme des orbites venus d’ailleurs.  Le contraste entre le désert et les nuages rendait le paysage incroyable. Ils ont tendance à s’élargir ou bien rapetisser selon l’endroit, le vent et la configuration du sol. Puis tout à coup on est submergé par des gros nuages sorte de cumulus qui laissent entrevoir quelque bout de ciel bleu. Et puis à nouveau tout s’égrène pour laisser place au ciel.

Mais mirer le ciel n’est pas de tout repos en Mongolie. Sur les rochers de la région de Baga Gazariin Chuluu flottaient trois nuages identiques à des soucoupes volantes qui marchaient en rang d’oignons. Puis à nouveau place nette, un bleu profond nous surplombait.

Puis le ciel se voilait à nouveau et devenait tout noir. Là on comprenait très vite qu’il fallait se mettre à l’abri avant l’assaut de l’orage et des trombes d’eau qui allait nous assaillir. A ce moment-là on courrait très vite se réfugier dans la voiture et parfois on prenait la grêle sur la tête avec les tourmentes de sable. Plus rien n’était visible et nos yeux étaient eux-mêmes ensablés ! Pas agréable du tout. On pouvait deviner toute la colère des cieux assombrir notre paysage et notre vue. Et surtout des langues de pluies drastiques s’échappaient des immenses nuages noirs pour rejoindre le sol et tomber dru. Il pouvait y avoir comme un rond gris, plus pâle, encerclé de noir qui laissait apercevoir une percée. Cela ne changeait rien à la noirceur du paysage. Puis la grêle passée, le ciel redevenait bleu moutonné. Les nuages alors formaient des dessins de queues de pies ou des dessins de Rorschach donnant lieu à interprétation de toute sorte.

Parfois la montagne verte fermait la route et les nuages en faisaient autant donnant l’impression qu’un ballet se créait devant nous. Rendant la piste plus illisible !

D’autres fois nous avions devant les yeux des boules de coton dont nous aurions étirés, effilochés des morceaux. Ou bien des traînées de boules de coton volaient au-dessus des yourtes. A nouveau le ciel noir contrastait avec les dunes de sable blanc et le sol sablonneux. Et là nous savions que des trombes d’eau allaient éclater sur le sol et qu’il ne ferait pas bon rester dehors.

La nuit nous avions souvent droit à ses pluies diluviennes qui venaient frapper le toit de la yourte et nous réveillaient en sursaut. On attendait que le calme revienne et les nomades fermaient à toute vitesse le toono, sorte de voûte des yourtes. Histoire de ne pas être trempés et d’éviter à la pluie de tomber sur le poêle.

D’autres fois nous avions droit à des spectacles d’animaux extraordinaires qui parcouraient le ciel en période de coucher du soleil. Ballet de scorpions ou d’immenses corps qui s’échappaient et s’éloignaient pour mourir dans le coucher du soleil rosissant.

D’autres fois nous assistions à un ballet de cœurs parcourant le ciel comme un vol de grues cendrées – clin d’œil aux amoureux ou à ceux en devenir. Ou bien le cœur était à l’envers et comme tous les miracles de la nature il me ravissait. Pour le photographe que je suis il faut faire vite, pour profiter de ces moments et les rendre éternels.

Le soir ils se confondaient aux jeux du coucher du soleil, accentuant la beauté des couleurs mauves, roses, orange et bleu. Ils ressortaient sur le ciel en créant des formes arrondies, ovales ou en pattes de crabe, ou en soucoupe volante rose-mauve.

 Les nuages pouvaient se superposer les uns au-dessus des autres et créer des paysages dantesques sur fond noir. Alors des nuages blancs ressortaient pour créer une farandole blanche, une autre bleue gris-noire avec une sorte de pouce levé en l’air ! Ou bien d’un rose très pâle s’étirant et couvrant une partie du ciel.

A Tamir, les nuages se reflétaient dans le rétroviseur de la moto pour en montrer les différentes couches, couleurs et formes. On aurait pu se croire dans la navette spatiale à admirer la couche terrestre ! Ce soir-là fut une féerie des lumières, des nuages et des couleurs sous l’œil de la pleine lune en fond de décor. Nous avons alors assisté à un spectacle du ciel se couvrant de nuages de toutes les couleurs roses, virant au mauve, se confondant au coucher du soleil jaune orange. Les nuages s’étirant en long et épais filament au-dessus des montagnes. Puis ils devenaient noirs, granuleux s’échappant dans le ciel et comme des balles de coton s’envolaient partout. Ou bien comme sur le lac blanc, les nuages s’enflammaient littéralement. Et on aurait dit avoir une coulée de lave s’échappant du sommet de la montagne. Illusion des yeux !

Plus nous approchions du nord de la Mongolie, vers la frontière russe, plus nous avions droit à des cieux moutonnés avec le soleil irradiant les nuages. Le ciel se zébrait de rainures allongées qui s’étiraient dans toute la largeur et agrémentaient les montagnes de fils tendus comme pour les soutenir. Et là encore les nuages donnaient de leur créativité ! Striures, balles de coton, cumulus…. Ils se sont reflétés dans le lac de Khovsgol le teintant de toutes les couleurs pâles. Le lac devenait un miroir – reflet de nos âmes éprouvées par le voyage. Et parfois le rendant magique – reflet de nos âmes enchantées. Là-bas la nature se jouait de nous et était franchement hostile. Elle ne nous aura pas épargnée.  Les nuits étaient agrémentées de pluies glaçantes et les nuages s’amoncelaient le soir au-dessus de nos têtes. Pas forcément rassurant. Et nous avons eu à plusieurs reprises de la grêle avec des grêlons gros comme mon pouce.

Et sur le chemin de retour vers Ulan Bator et en particulier vers le monastère de la félicité tranquille nous retrouverons des nuages faisant des danses, voile s’étirant dans le ciel bleu. La paix revenait avec nous !

Catégories :Asie, Mongolie, Non classéTags:, , , , , ,

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