La vie des nomades n’est pas un long fleuve tranquille. Et c’est moi qui vous le dis !
Levez très tôt le matin, vers 5 heures du matin, pour préparer le petit déjeuner de toute la famille et des hôtes par la même occasion. Mais avant il faut aller traire les chamelles, les chèvres, les vaches et les yaks selon la région où l’on se trouve. Tout cela occupe au moins plus d’une heure voire deux. Il faut rapporter le lait qui a été mis dans un seau, le transférer dans des grandes jarres ou des peaux de vaches séchées où l’on tourne le lait avec une baratte ou une grande cuillère. Le lait va alors, petit à petit devenir du beurre ou bien se transformer en airag pour le lait de jument. Puis le lait est cuit avec du thé vert pour donner le thé au lait que tout un chacun ingurgite le matin. A en avoir la nausée au bout d’un moment, car c’est la boisson favorite des mongols.
Puis il faut laver les enfants, les habiller et après c’est la sortie et le lâcher des chameaux, des moutons, chèvres et yaks dans la nature pour conquérir de nouveaux pâturages plein d’edelweiss ! Ils ont bien le droit à une peu d’attention eux aussi !
Car c’est la fête pour les animaux, bovins en co lorsqu’ils ont des pâturages dignes de ce nom ! La nature, en été, offre des prés immenses, verdoyants et surtout plein de fleurs. On y trouve toutes sortes de fleurs comme les gentianes, les fleurs d’ail et surtout les edelweiss, disparus de nos contrées. Et là ils sont par milliers, en grappe de deux ou plus à vous narguer, pauvres européens qui n’en n’ont plus !
Et puis il faut emmener les bovins dans la nature et cela c’est le rôle des hommes et des jeunes enfants le matin. Ils partent à pied, à moto ou à cheval pour libérer les animaux et les mettre sur les bons pâturages. Le chien suit et remet les bêtes dispersées au bon endroit.
Nous étions dans le désert de Gobi, près de Bayanzag, proche d’une forêt de saxaouls. L’endroit était incroyable et il était inimaginable, du lieu de campement, où nous étions de penser qu’il y avait un site aussi magnifique. C’est un lieu où l’on trouve des restes : ossements et oeufs de dinosaures.
Nous campions dans les yourtes d’une famille de cinq personnes : trois enfants, deux filles et un garçon, le père, la mère. De cet endroit, on surplombe la région et on peut voir à deux kilomètres les forêts de saxaouls. Saxaouls qui sont des petits arbres de deux mètres maximum, qui serpentent sur le sol sablonneux et permettent aux nomades de s’en servir comme bois de chauffage.
Par un après-midi torride, vers 17h le troupeau a été rassemblé à moto. C’est la nouvelle tradition en Mongolie. Ça fait un boucan d’enfer, entre les klaxons des motos, les bêlements des moutons et le chien et les enfants qui courent partout. On peut voir alors un long défilé bien en rang des moutons qui reviennent à la bergerie ou proche des yourtes de leurs maitres. Chaque troupeau représente entre 1000 et 2000 bêtes. Impressionnant !
Ce jour-là, le maitre de maison avait décidé de sacrifier un mouton pour le préparer devant nos yeux. Il s’est lancé dans le troupeau avec une corde pour entraver les pattes d’un mouton, pour l’attraper dans la mêlée et on entendait les cris des bêtes affolées par la course poursuite.
Ce dernier n’a pas fait long feu ! Le nomade a retourné le mouton, lui a tranché le sternum avec un couteau, a plongé la main pour attraper le cœur et le serrer. La bête est morte en quelques secondes. Ne me demandez pas si elle a souffert – je n’en sais rien et ne veux pas le savoir.
Puis a commencé de manière systématique la coupe de la laine et son ramassage dans des sacs destinés à la revente aux kilos. L’homme s’est ensuite attaqué à enlever la peau de fourrure du corps de l’animal. Le tout en papotant avec sa famille et des nomades rentrant de l’Altaï. C’est un travail prenant car il ne faut pas faire de trous dans la peau. Cette dernière est revendue à la pièce auprès de marchands qui passent les récupérer. Les enfants s’amusent tout autour sous les yeux écarquillés de touristes qui ont du mal à comprendre !
Puis on ouvre le ventre du mouton et on enlève les intestins qui sont mis dans un seau. Ils seront lavés à grande eau, après. Car tout se récupère. Les pattes sont coupées et données au chien qui attend son festin avec impatience. Puis le nomade enlève les organes et les abats de l’animal. Ils sont mis dans une casserole pour être cuits ou bien jetés au chien qui se régale. Et après le nomade coupe le mouton : côtes, grands morceaux qui seront mis à sécher au soleil pour être fumés. Ils seront après cuisinés dans les soupes avec des nouilles. La viande est très souvent bouillie et non rôtie comme chez nous. Les habitudes alimentaires sont différentes d’un pays à un autre.
Mais le plus drôle et truculent dans cette affaire c’est le babillage des amis venus papoter et raconter leur voyage dans l’Altaï, buvant leur thé au lait offert par la maitresse de maison. Tous assis à même le sol autour du mouton que l’on équarrit ! Et surtout les petites filles, jolies comme des cœur, ou bien faisant la gueule, endimanchées de robes, en tissus, sorte de taffetas de couleurs criardes, avec des collants de laine blanche, marchaient dans le sable, tournaient autour du mouton, buvaient du thé, jouaient de la fausse guitare ou faisaient du vélo. Et surtout elles se jetaient dans les bras de leur maman.
Un spectacle inattendu en soi !
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