Miyajima et le temple de Daisho-In


Plusieurs mois après ce voyage au Japon et à Miyajima, j’ai toujours le même plaisir à gravir, à nouveau, intérieurement le chemin du temple de Daisho-In vers la sérénité intérieure. C’est incroyable mais je repense souvent aux « Jizo Basatsu », statues de pierre représentant des moines bouddhistes et qui je suppose représentent aussi des bébés, qui portent des tissus, et déambulent tout le long du chemin qui mène au temple et dans les allées du temple. C’est la première fois que je rencontre ce type d’images ou de représentations et j’ai trouvé cela très frappant.

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Mais revenons à l’arrivée à Miyajima en bateau. Au départ d’Hiroshima j’ai pris le train (30 minutes) qui vous mène à la gare de Miyajimaguchi et là j’ai pris le ferry pour rejoindre l’ile de Miyajima.

Cette mini-croisière vaut le détour en particulier pour la vue imprenable et majestueuse sur le O-Torii (grand portail de 16 mètres datant de 1875 – piliers de 10 mètres de circonférence et son toit qui mesure 24 mètres), de couleur vermillon, symbole de Miyajima et du sanctuaire d’Itsukushima. Le bateau fait un détour pour que vous puissiez mieux l’apprécier et le photographier ou tout simplement vous en imprégner. Vous pouvez avoir la chance de le découvrir les pieds dans l’eau ou à sec, selon la marée. Et là vous voyez le sable et de nombreuses personnes se faisant photographier sous/devant le O-Torii.

C’est d’ailleurs impressionnant de se promener autour et de visualiser sa taille. Moins intéressant est de voir les algues qui badigeonnent ses pieds, sa couleur vermillon qui s’écaille e pâlit au soleil et surtout la foule en délire qui se presse autour. En fait il faut se promener le soir au moment du coucher du soleil ou quand toutes les personnes rentrent sur Hiroshima. Là c’est le calme complet.

J’ai fui cet endroit pour partir dans les petites rues à l’arrière du sanctuaire et découvrir de magnifiques temples dont je parlerais plus loin. J’ai parcourus celle de Yamabe pour atteindre la pagode à 5 étages (27 mètres de haut) et le temple Toyokuni dont le hall Senjokaku. C’est une bibliothèque de sutras bouddhistes bâti par H Toyotomi pour le repos des victimes de la guerre. Ce temple n’a pu être achevé suite à la mort de son bâtisseur. La pagode, juste à côté, combine un mélange architectural japonais et chinois. Une image de Bouddha est peinte à l’intérieur de la pagode. Cet endroit est paisible et mérite un tour. Je suis restée là à admirer le site et surtout tourner autour de la pagode rouge visible de tous les coins de la cité. Et puis par l’escalier qui monte à la pagode, on a un aperçu de la ville en face de Miyajima et des montagnes environnantes du mont Mitsen. Par temps de soleil c’est magnifique. Et de là on voit aussi les montagnes de Miyajima, le mont Mitsen. Et au pied il y a un lac intérieur. Et tout autour des champs de fruits de grenades et d’autres espèces, de formes ovales, dont je ne connais pas le nom, entourent le sanctuaire.

Et de là j’ai pris une des rues qui mène au temple de Daisho-In en traversant par deux fois des canaux où l’eau dévale en provenance de la chute d’eau Shiraito et où les daims viennent boire pour se rafraîchir. Les daims étant la représentation de Bouddha.

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Et pour atteindre ce temple, il faut grimper des escaliers les uns après les autres. Mais qu’à cela ne tienne, mes genoux et moi sommes portés par l’attrait du lieu. Tout d’abord on passe par la porte de Niomon où des gardiens du temple vous effrayent et de là on prend un nouvel escalier avec les 600 volumes des sutras de Dai-Hannyaokyo. Ils ont été rapportés d’Inde par un moine chinois nommé Sanzo. Les toucher vous apportent bonne fortune ! Je ne sais pas, j’ai dû oublier de les toucher !! Tout en montant, en parallèle et un peu en dessous du chemin pris, se trouvent des statues aux visages humains, en pierre, vêtues d’écharpes en tricots ou recouverts de chapeaux tricotés, disciples de Shaka Nyorai. Juste impressionnant de beautés et de similitudes avec nous, pauvres humains ! Puis on atteint une porte avec une cloche qui était là pour sonner le matin, le midi et le soir. Et enfin la porte Oniranom qui donne sur une grande place avec le temple Kanon-Do et le Kyakuden. Lieux de prières et de recueillement. C’est un endroit où j’ai ressenti le calme, la paix de l’esprit et l’envie de méditer et de sortir de moi. Un lieu où les petits morceaux de verres qui pendaient faisaient une douce musique de gling gling qui repose l’âme et vous font atteindre la sérénité. Ce lieu respire cette sérénité. C’est un lieu où je me suis sentie bien et en accord avec moi-même et mon état intérieur.

J’y suis d’ailleurs restée très longtemps avant de gravir d’autres escaliers et visiter la suite du site. Il n’y a pas de mots pour le décrire- il y a juste un souffle qui vous caresse et vous pénètre. J’ai croisé à nouveau des Jizo Bosatsu avec des bonnets rouges ou bleus et des expressions humaines incroyables. Certains semblant se moquer de nous ou faire des pirouettes ou nous demander de nous taire.

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Je vous ferais grâce des descriptions des temples. J’y ai surtout pratiqué l’écoute, le regard et les rites pour allumer l’encens qui nettoie et protège. Et à ma manière j’ai honoré ceux que j’aime en allumant à plusieurs endroits des bougies en leurs mémoires. Et surtout à plusieurs reprises j’ai croisé des représentations des pieds de Bouddha. Il y a bien longtemps que je n‘en avais vu depuis mes séjours au Népal. J’ai trouvé que cela était un beau message. Là j’ai eu le plaisir d’en voir en argent, en bronze et d’apprécier de magnifiques statues de Bouddha, les mains jointes, ou bien allongé, atteignant le nirvana avec ses 16 disciples autour de lui. A ses pieds se trouve une représentation des pieds de Bouddha en argent où les gens qui prient se tiennent debout dessus surement pour sentir le lien métaphysique avec Bouddha. Puis en continuant à cheminer et en gravissant un nouvel escalier pour me rendre vers le temple de Maniden, j’ai croisé les images des 1000 Fudo, donations de personnes venant prier ici et faisant inscrire des voeux.

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Puis j’ai continué mon chemin le temple Dashi-Do en passant devant le mini temple Hakkaku Manpuku pour atteindre la grotte Hen Jyokutsu. Là c’est très impressionnant car vous êtes dans le noir et vous marchez le long de 88 icônes bouddhistes représentant les 88 temples de la route du pèlerinage à Shikoku. Les gens pensent qu’en venant ici ils ont les même bénédictions que ceux qui réalisent le pèlerinage en réel. Lorsque vous effectuez ce chemin vous avez le long des murs des sortes de bouliers comme des moulins à prières. Vous devez les repoussez à chaque pas !

Puis je suis remontée d’un cran et j’ai pu admirer la statue de Mizukade Jizo et surtout des 7 Jizo Bosatsu qui veillent sur les esprits des enfants et bébés décédés. Et là un rituel incroyable : les gens viennent prier et arroser les Jizo Bosatsu pour consoler les âmes de ceux qu’ils ont chéris. C’est très émouvant et fascinant. En même temps reposant. Et là je n’ai pas résistée à faire  mes offrandes aux Dieux du lieu. Et tout doucement j’ai repris le chemin inverse pour me retirer de ce lieu sacré si allégeant et tellement apaisant.

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Je n’oublierais jamais ce lieu où l’on trouve le repos de l’âme.

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Je voudrais juste faire un rappel sur le bouddhisme qui est pratiqué en ce lieu magique et prégnant : le Shingon. (真言 宗; «l’école de la vraie parole ou école du mantra »)

Le mot Shingon signifie « parole de vérité »; c’est la traduction japonaise du mot sanskrit mantra, qui désigne l’incantation en Inde. Le Shingon est une branche du bouddhisme ésotérique au Japon. C’est une secte qui pratique des rituels basés sur une discipline du corps, de la parole et de l’esprit. Elle provient du bouddhisme  Mahayama. Cette secte a été fondée par Kobo Daishi Kukai. En 804, âgé de 31 ans, il est partit à Xian, en Chine, pour rejoindre le prêtre Keika dont  il suivra les enseignements du bouddhisme ésotérique. Ces enseignements affirment que la nature originelle de l’esprit de l’homme est pure, c’est le cœur de compassion, la « bodhi », dont l’essence est identique à celle de l’Univers. Il est connu parmi les 2 plus grands calligraphes du Japon. Il reçut le titre posthume de Kōbō Daishi (弘法大師), le grand diffuseur de la Loi.

Les prêtres et les gens du culte chantent en Sanskrit. Et ils pensent qu’en chantant les mots Shingon les humains montrent leur allégeance aux divers dieux bouddhistes et reçoivent des bénédictions. « Nam Honzon Kaie » veut dire « Je  me confie à tous les dieux ». Et quand ils chantent, ils restent debout, en joignant leurs mains, pour éclaircir leur esprit et s’incliner.

Avec environ 12 millions de fidèles, c’est un des courants majeurs du bouddhisme japonais et l’une des plus anciennes lignées du bouddhisme tantrique, le vajrayana.

Le Shingon utilise la nature comme symbole pour expliquer le monde spirituel invisible considérant que la vie des êtres et de la nature est l’expression du Bouddha conçu dans son aspect Dharmakaya, la force de vie de l’univers. Dans le Shingon, le Bouddha ultime symbolisant l’univers est appelé « Daïnichi-Nyoraï » Mahā Vairocana, le Bouddha grand soleil, car la lumière du soleil symbolise au mieux l’état de la conscience purifiée qui perçoit la vacuité. La lumière blanche est la synthèse et la source de toutes les autres couleurs. C’est pourquoi il existe un Bouddha ultime qui rassemble toutes les qualités des autres bouddhas et Bodhisattvas, qui sont l’expression de ses différents aspects.

Il s’agit donc de faire fusionner son esprit avec « Daïnichi-Nyoraï » par la pratique des trois mystères, qui sont le mystère du corps, de la parole, et de la pensée, c’est-à-dire effectuer simultanément un geste symbolique avec les mains, une mudrā, répéter un mantra et visualiser devant soi la forme de la divinité bouddhique en rapport.

La voie qui mène à l’éveil spirituel est donc celle du développement de toutes nos potentialités, qui peuvent se regrouper en deux mondes, se complétant et s’enrichissant mutuellement. Le monde des idées, Kongôkaï (plan du vajra) et le monde de la sensibilité, Taïzôkaï (plan de la matrice).

Afin de comprendre ce qu’il perçoit du monde, l’homme doit l’analyser et élaborer des concepts avec discernement. C’est pourquoi on symbolise par le vajra, le diamant qui coupe, le principe masculin de la sagesse. Cependant pour comprendre vraiment quelque chose, il faut aussi le percevoir dans sa totalité. Il faut donc augmenter la sensibilité et le volume des perceptions. C’est-à-dire développer une ouverture intérieure vis-à-vis de l’autre, vis-à-vis de la vie, qui n’est possible que si le cœur est humble, doux, sans préjugé, compatissant, c’est le cœur de bodhi.  La connaissance est obtenue par l’intuition. C’est pourquoi on l’identifie au monde féminin de la matrice, le Taïzôkaï qui décrit la diversité de la vie, correspond aux cinq éléments : la terre, l’eau, le feu, l’air, l’éther. Le monde du Kongôkaï est le 6e élément, la conscience. Ainsi on trouve l’équilibre en soi pour atteindre l’éveil.

Il est basé sur Le Homa (Jap. = Goma 護摩) ou rituel de feu consacré. Le rituel est effectué dans le but de détruire les énergies négatives, les pensées et des désirs néfastes, les obstacles en général ou pour obtenir la réalisation de vœux (kudoku). Dans la plupart des temples Shingon, ce rituel est pratiqué deux fois par jour le matin et l’après-midi. De grandes cérémonies incluent souvent le roulement des tambours taiko pendant que la communauté chante le mantra d’Acala. Les flammes peuvent parfois atteindre quelques mètres de haut.

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1 commentaire

  1. Explications sur le bouddhisme japonais très instructive
    Merci Caroline

    Aimé par 1 personne

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