« La femme est un champs éternellement sacré où est né le Soi » (Mahabharata,I [74], 51.52.)
De retour de mon périple en Inde, au Bhoutan et au Népal je désirais de tout mon cœur réaliser un portrait des femmes que j’ai croisées sur mon chemin et qui m’ont données à comprendre la difficulté d’être une femme dans ces pays.
C’est un hommage pour remercier les Dieux du bonheur pour avoir pu réaliser ce voyage, rencontrer d’autres cultures et des êtres qui m’ont fait comprendre qu’il existait une autre façon de vivre et d’appréhender la vie à travers leur douceur et leur bonté. Et surtout comprendre au combien nous avons de la chance en Europe et en France en particulier d’être femme. Je ne ferais pas le rituel des 108 bougies mais ces photos sont une offrande à Ganesh le dieu du bonheur.
Je voulais vous faire partager la grandeur, le courage et la fierté de ces femmes à travers des regards, des activités quotidiennes, leurs costumes et tous les actes de leur vie. Elles sont si belles et si pleine de vie qu’on en oublie le rude quotidien qu’elles endurent!
Au Népal j’ai eu la chance de participer aux journées du Teej où les femmes sont toutes en saris rouges, dansent, chantent, marchent et expriment leur joie sur les routes. C’est une fête des femmes pendant 3 jours où elles vivent entre elles et se consacrent à elles seules ! Elles se font encore plus belles que les autres jours !! Un vrai festival rouge avec une ambiance de folie, de joyeuse fraternité et de joie !!
Je voulais aussi faire quelques portraits d’enfants aux yeux protégés par le khôl contre les esprits néfastes et la maladie qui ont ravis mon cœur. Ces visages aux yeux si profonds et si rieurs…. Ceux d’enfants qui jouent, rient et s’amusent d’un rien ! Comme tous les enfants du monde !
Et puis la spiritualité était au rendez-vous et vous la retrouverez dans le Teej mais aussi à travers des photos de sadhus, de renonçants, de tibétains avec leur moulin à prières et des moines bouddhistes. J’ai eu le loisir de les regarder et d’admirer l’accomplissement de leur rituel dans une sorte de méditation personnelle, d’engourdissement et d’envoutement de mes sens et de mon esprit.
FEMMES : Tout commence en Inde et plus particulièrement au Rajasthan où les femmes que j’ai pu voir et avec qui j’ai pu échangées se sont montrées d’une beauté et d’une fierté qui vous faisaient vous retourner et baisser les yeux! Des yeux qui plongeaient dans les vôtres et qui déshabillaient votre âme. Puis un sourire inoubliable avec un « Nameste » (bonjour local) et la joie sur leur visage se faisait jour et les discussions s’entamaient. Les femmes au Rajasthan ont des vies très dures mais elles sont souriantes, enjouées et si belles dans leurs saris colorés : elles portent des ballots d’herbes qu’elles ont coupées toute la journée sur les routes, dans les champs ou dans les jardins publics voire les jardins des lieux de visite. Elles portent du bois sur la tête pour se chauffer, pour faire marcher le poêle ou faire cuire le pain. Elles portent ainsi que les enfants des jarres d’eau qu’elles ont puisées à la source du village et elles font des kilomètres à pied droites et fières comme Artaban ! La visite d’un village à Ramathra a ravi mon coeur et m’a permis de comprendre la vie si difficile des femmes au Rajasthan – des vraies bêtes de somme …. je les plains, je compatis sur leur sort et ne voudrais pas renaitre femme dans les campagnes en Inde. Mais j’ai eu des moments intenses de communion avec ses femmes porteuses d’eau, de ballot d’herbes pour les animaux, de bois pour le chauffage, coupeuse d’herbes dans les champs, travaillant la terre, emmenant les buffles dans les champs et rivières pour se laver, faisant la cuisine, lavant enfants……. et surtout suivant les rituels de leur religion comme un fil conducteur de leurs vies. Je me souviendrais toujours de cette femme que j’ai croisée sur la route en rentrant du village de Ramathra et qui s’est littéralement jetée à mes pieds, me les a baisés et m’a pris les mains pour les baiser et les mettre sur sa tête. Comme une prière à la déesse étrangère. Pour moi ce fut un grand moment de douceur, de communion, d’émotion entre femmes et surement d’étonnement !
Puis j’ai assisté de manière inopinée au Teej au Népal (Nepali: तीज) connu sous le nom de Haritalika Teej.
Cette fête tombe le 3e jour de Shukla Paksha dans le mois de Bhado ou de Bhadrapada dans le calendrier népalais et hindou. En un mot au mois de septembre cette année. Elle célèbre l’arrivée de la mousson après les chaleurs de l’été et dure trois jours. Elle est célébrée avant le premier jour de Ganesh Chaturthi.
Teej se réfère à un petit insecte qui sort de terre lors des pluies.
Cette fête est dédiée à la déesse Parvati commémorant son union avec le dieu Shiva. Elle réunissait ce couple après 107 années de dévotion de Parvati à Shiva. A la 108 e année le Dieu Shiva réalisa combien Parvati l’aimait et la pris pour femme. Elle célèbre le mariage, quête du bien-être de l’époux et des enfants, la purification du corps et de l’esprit, la prospérité et la longévité du couple. Pour celles qui ne sont pas mariés ou juste pubères l’assurance d’avoir un bon époux. Elle a une très grande importance pour ces femmes car elle les sort de leur quotidien harassant et leur permet de rendre visite à leurs parents, amies et de revivre leur enfance. Les femmes se font belles et portent des saris rouges avec moultes bracelets aux bras. C’est un jour de joie, de couleurs, de soleil et de sourires.
« Le jour de la fête des femmes, il n’existait plus ni classes ni castes. Prostituées et maharanis se baignaient ensemble, priaient ensemble au temple. Aujourd’hui, toutes étaient lavées de leurs péchés. » ( extrait de La Montagne est jeune de Han Suyin)
Les rues sont colorées de rouge : saris rouges, idoles rouges ; des tourbillons de femmes, de rires et de danses…..envahissent les rues, les routes et les cœurs. Tout le pays est en fête et en liesse.
Le premier jour du Teej se nomme Dar Khane Din les femmes mariées ou non mariées en particulier celles des ethnies Khas se rassemblent pour danser et chanter des prières.
Le deuxième jour est le jour de jeûne où les femmes ne boivent et ne mangent rien sauf des fruits pour certaines. Elles se rendent au temple de Shiva le plus proche et à Katmandou au temple de Pashupatinath. Au temple de Shiva les femmes font des circombulations autour du lingua Shiva, phallus symbole du Dieu. Le Puja la cérémonie religieuse dédiée à Shiva et Parvati consiste à faire des offrandes de fleurs, fruits, d’argent et de bonbons pour obtenir la bénédiction pour le mari et la famille. Pendant le puja les lampes d’huile sont allumées toute la nuit rendant la procession magique.
Le troisième et dernier jour est le Rishi Panchami. Après avoir accompli le puja les femmes rendent hommage aux différents dieux et déesses et se baignent dans la rivière pour se purifier. C’est le rituel final de cette fête. Elles vont au temple Pashupatinath à Katmandou pour rendre hommage à Shiva et Parvati. Les femmes font des offrandes de fleurs, argent, riz au grand lingam (image phallique de Shiva), donnent de la nourriture au mari et nettoient les pieds des maris. Elles font le Red mud en bénissant avec l’eau toutes les parties de leur corps 360 fois, puis bénissent la tête avec l’eau et les fleurs datiwan et elles se lavent les dents. L’eau de la rivière nettoie les fautes et les transgressions de l’année passée. C’est un très grand moment entre femmes et c’est tellement beau que j’en rêve encore.
Elles ont honorées leur maris, remercient et prient Dieu pour leur bonheur renforçant l’amour et le respect.
« Sur les ghâts de pierre, à l’endroit où la rivière s’étrécissait entre le temple principal et la colline sacrée des lingams, on voyait des femmes assises, debout, ou qui marchaient dans le courant en aspergeant d’eau leur visage, leurs cheveux et tout leur corps. Nous nous lavons ainsi trois cent soixante six fois dit la Maharani autant de fois qu’il y a de jours dans l’année …. Afin que les péchés de l’année fussent lavés» (extrait de La montagne est jeune de Han Suyin)
J’ai adoré ces moments où je me suis sentie très proche de ces femmes fêtant le Teej et j’aurais encore plus voulu me mêler à leurs danses mais mon guide a dit que j’étais trop jeune et qu’il me fallait encore attendre quinze ans pour y participer !!!!
Avec ces enfants j’ai rencontré toute la douceur la curiosité et la joie des enfants qui jouent mais aussi toute la gravité et la dureté de la vie de ceux qui travaillent. Je les ai trouvé touchant et leurs grands yeux entourés de khôl ont captivés mon regard…. Je n’ai pu m’en détacher et je me suis sentie femme et mère protectrice pour tous ces enfants. J’ai rigolé, joué et discuté avec eux. Les mots n’ont pas lieu d’être là, les regards, les mimiques, les grimaces sont des miracles ! et les miracles se transforment en cascade de rires, rigolades et sourires.
SPIRITUALITE
Et puis je suis allée voir la fondation des nonnes tenue par Any Choying Drolma à Pharphing et j’ai pu visualiser là où se trouve les nonnes comment elles vivent. C’était un grand moment de communion pour moi. (Nouvel article publié dans quelques jours)
Et puis je me suis sentie proche de ces grands-mères ou de ces mères qui cajolaient leurs enfants ou petits-enfants : j’y ai trouvé toute la douceur du monde dans la bonté de leurs regards.
Votre commentaire