Ici, que ce soit sur Sal ou sur Boa Vista, la vue mène vers la mer et ses étendues. Le côté sauvage namibien est bien présent avec ses canyons creusés, par des pluies diluviennes de quelques minutes, qui défoncent la terre et dessinent de nouveaux paysages ; mais aussi ses plateaux volcaniques où rien ne pousse et où la sécheresse rend la terre minérale ; où le sable rogne, grignote, râble et recouvre les sols arides ; et puis le flux et reflux des vagues bruyantes, ses ressacs qui travaillent la côte et donnent une vue imprenable sur le monde. Tout est découvert. Le monde est à nu et à nous. Une vue imprenable sur la mer : ses fées marquent le dénivellement et la frontière tout le long de la plage. Ses fées frêles qui offrent leurs vies éphémères au ciel, comme si elles dansaient un tango sensuel. Ces jolies têtes penchées, crochues qui se tendent, se tordent vers le ciel avant d’être avalées par la mer qui ronge inévitablement les bords. Les côtes sont dessinées et imaginées par la mer. On dirait un sculpteur qui les fait émerger de ses mains et de son imagination. Il les travaille et patine le sable, le torture, pour le faire ressembler à des Bambi éternels couchés sur le flanc, ou bien à des écureuils, ou des phallus bandant oublié de désir si loin du port.
Tout cela fait penser que ces fées, inconnues de nous, les êtres humains, remontent à des temps immémoriaux. Elles me font rêver et me perdre dans l’immensité de ce monde, dont je fais partie et dont je suis un infime grain de sable… On se sent petit à la taille de l’humanité et de cette terre qui nous offre son hospitalité, ses colères, ses beautés, sa dureté.
Mars 2013
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