S’il y a un lieu sur la terre canadienne où il fait bon se reposer et regarder l’horizon c’est aux Bergeronnes.
Sur la route des baleines au-dessus de Tadoussac en allant vers les Escoumins il y a un recoin qui surplombe le Saint-Laurent –les Bergeronnes.
Mes amis québécois Anne et Robert m’avaient chaudement recommandé de m’arrêter à cet endroit et j’ai suivi leur conseil. Et quelle ne fut pas mon émerveillement devant la vue qui s’offrait à moi.
Devant vos yeux s’étalent le Saint-Laurent et l’embouchure de la rivière grande-Bergeronne.
L’endroit était juste paradisiaque ce jour-là. Le soleil était sur son déclin ; la mer était à marée basse et devant mes yeux s’offrait un paysage de rêve miroitant avec des pierres ou gros galets qui ressortaient de l’eau et faisaient penser au petit Poucet qui avait égrené ses cailloux sur la plage pour pouvoir retrouver son chemin. Était-ce pour la baleine ? Pour qu’elle retrouve le chemin et la voie vers moi ?
Un vrai mirage avec des boules de pierre partout et une vue à 360° qui permettait de voir la côte opposée d’où je me trouvais. Le Saint-Laurent fait jusqu’à 25 kms de large. Les quelques nuages nébuleux qui passaient se reflétaient dans l’eau transparente et une plage de sable blanc permettait de se promener en contre-bas, le nez au vent.
Lorsque l’on remontait sur la base de loisir juste au-dessus de la plage une vue encore plus large et époustouflante vous attendait et vous surprenait.
On voyait passer les tankers grands comme deux villes et faisant un bruit de ronronnement lointain mais suffisamment puissant pour déranger votre calme. Ils mettaient du temps à disparaitre de votre champ de vue et vous aviez hâte de ne plus les voir. Ils font tâche sur le fleuve. Car il y a un trafic fou sur le Saint-Laurent. On se demande comment cela ne dérange pas les baleines par ailleurs. Ils gâchent le paysage surtout devant une côte ensoleillée, dont l’eau brillait comme lors des feux de la Saint-Jean !
L’eau était lisse, argentée et brillante comme une patinoire qui attendaient les patineurs pour glisser et profiter de la vie alentour.
Le calme olympien régnait autour, seuls les oiseaux piaillaient et tentaient leur chance en se disant qu’il y avait surement quelque chose à attendre du monde assis sur les bancs. Mais rien que nenni !
Seule la barrière de gros galets géants faisait obstacle à notre vision mais l’eau luisait et le soleil se reflétait et se mirait dans l’eau du Saint-Laurent. Un moment d’intense chaleur se lovait sur ce promontoire et seule la forêt de sapins vous rappelait que vous étiez seule en cet endroit à vous lover dans cette nature incroyablement magnifique.
Les rochers marron clair se couchaient sur le flanc de la plage et s’affaissaient dans l’eau du Saint-Laurent. L’eau venait les lécher et en marée haute elle devait les engloutir ou les recouvrir de son écume. Dans ces moments-là on devait entendre le clapotis de l’eau et le ressac des vagues parcourant les rochers. Une douce musique devait geindre le long des plages et les oiseaux devaient s’en faire l’écho.
Au-dessus des sapins voguaient les nuages qui n’arrivaient pas à s’arrimer à ces derniers et on aurait dit des auréoles de sainteté recouvrant les crêtes des arbres. Cette nature calme et ressourçante accrochait votre respiration, vous enivrait et vous faisait entrer en communion avec ce lieu dépourvu de monde. La solitude ne parvenait pas à vous troubler et au contraire elle rassérénait et enlevait toute angoisse existentielle. Le calme régnait sur le site, en vous et enveloppait tout être s’approchant.
Le lieu était inspirant et inspirait le bonheur. Rien ne pouvait perturber le clapotis de l’eau, ni les rayons du soleil, ni le soleil couchant. Seuls les frêles arbres dont les jeunes feuilles à peine écloses remuaient par le léger vent qui s’engouffrait en elles, rendait le paysage encore plus idyllique. On aurait dit qu’un ballet se jouait entre les nuages tournants, se reflétant dans l’eau, jouant un tourbillon ou plutôt une spirale infernale. Au loin se dessinait la côte comme un reflet pointu, tendu vers la mer.
La plage à nos pieds nous interpellait et voulait nous attirer à elle. Mais le gouffre entre elle et nous était trop haut pour pouvoir s’y glisser. Seuls les oiseaux pouvaient s’envoler et nous montrer le chemin ardu. Le ciel se mirait et se reflétait. Cela rendait le lieu miraculeux et gracieux. Par endroits le sable créait des compositions comme des feuilles de gingko. Tout me retenait ici et à regrets, j’ai quitté les lieux sur la pointe des pieds en reculant pour continuer à admirer le paysage. Je ne me lassais pas de voir l’éclat de l’eau se refléter dans les nuages et vice-versa. J’ai continué à reculer, reculer, reculer pour échapper à cet envoutement que la nature prodigue par certain moment.
2 Juin 2019, les Bergeronnes
Merci beaucoup pour ce partage !
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