Mon attention va se porter aujourd’hui sur Bagan dit aussi Pagan – endroit de rêve au lever ou au coucher du soleil ; endroit où il fait bon marcher et regarder les temples en briques et les Bouddhas dans les temples. Tout ramène au calme, à la nature et au bonheur de déambuler dans cette région dédiée à Bouddha et au repos de l’esprit.
J’aurais eu la chance de découvrir Bagan verdoyante – chose rare car les trois-quarts du temps c’est une région sèche et Bagan se montre sur son jour poussiéreux, terreux et sablonneux.
Moi j’ai droit à une Bagan verte, qui donne aux paysans de quoi nourrir leur famille et leur bétail. J’ai le plaisir de marcher dans jardins dont les arbres sont immenses et verts. Les champs de maïs et les herbes hautes se partagent la prairie.
Bagan se visite au ras du sol pour admirer les temples et pouvoir les découvrir dans leur splendeur spirituelle. Mais Bagan se voit aussi en hauteur, en grimpant sur les temples pour admirer les plaines qui nous entourent.Ce que l’on voit est impressionnant : un horizon de multiples temples de briques rouges, plus hauts les uns que les autres, petits, lilliputiens, en forme de stupas, plus ou moins debout, effondrées, qui donnent le vertige tant le paysage est couvert de stupas ! Un champ de Stupas qui heurtent nos yeux et nous donne le vertige. Double vertige : celui de grimper sur les temples pour voir la plaine ; le nombre de temples qui recouvre cette plaine.
Et puis les stupas ne se ressemblent pas : des élancées, sveltes, rondes, bulbeuses, en or, en brique, recouvertes de chaux ou de stuc dans une atmosphère de rondes d’enfants. Les encadrements des portes sont ornés de larges volutes d’animaux et de fleurs et d’un tympan polylobé inséré dans le représentation de tour. Des jambages portent le tout. Et parfois le bruit des marionnettes accrochées aux arbres qui, avec le vent, tournent sur elles et font un bruit de fond.Le jour un ciel brumeux avec un soleil de plomb recouvre la plaine ; le soir le frais vous entoure et le coucher du soleil vous faire revenir à une autre réalité.
Et puis un peu comme à Angkor les temples s’appuient sur les arbres pour ne pas s’écrouler ! La seule différence est que les arbres n’ont pas poussé dans les temples et ne tiennent pas les pierres.
On se demande pourquoi tant de temples ?
Et puis tout au fond on aperçoit le fleuve Irrawaddy qui travers une bonne partie de la Birmanie.
Et encore, plus au fond, après le fleuve, une montagne bouche la vue définitivement.
Le contraste entre le verdoyant des arbres et des prairies et le rouge des briques des temples rend ce paysage hallucinant. Des champs de blé ou de maïs, d’herbes folles poussent le long des temples. Le vent fait se mouvoir les épis, les herbes. Et le ciel moutonneux dont les nuages se jouent du bleu et du soleil rend l’endroit incroyablement paisible.
Pour avancer dans le coin, il faut la carriole et le cheval ou bien faucher à la serpe les hautes herbes pour tracer un chemin. Marcher aussi est un bon moyen qui permet de voir à taille humaine ces temples. Moi j’ai choisi la carriole qui se brinquebale dans les tous les sens et cahote selon les chemins. Les pieds dans le vide je rigole de voir les petits temples à taille humaine de guingois, penchés comme la tour de Pise. De temps en temps au milieu de nulle part on peut voir un palmier tout seul, isolé et perdu, dans la mer verte. Les cactus tout en hauteur font des haies le long des temples et les entourent d’une bordure. On ne peut approcher au risque de se faire piquer par les épines. Belle manière pour les temples de se protéger des pilleurs ! Mais hélas les pilleurs ont déjà réalisé leur travail depuis des millénaires !
Et puis sur les routes rouges et poussiéreuses on croise un paysan sur sa carriole lui-aussi, tirée par des buffles, transportant du bois et des sacs de pomme de terre ; ou bien une femme qui porte sur la tête son foulard et dont un sac est accroché au front. Elle porte sa binette et revient des champs.Le soir vient vite sur Bagan. Une lueur orangée vous rappelle qu’il est temps de se hisser sur un temple pour aller regarder le coucher du soleil. Alors en bonne touriste que je suis, je me lance à la recherche de l’endroit favori et m’aperçois qu’il n’est pas aussi simple de jouer les alpinistes ! Une meute de bus où des quantités monstrueuses de touristes arrivent et là vous vous dites – à bâbord je recherche un endroit calme où profiter d’un moment paisible. La plaine s’assombrit doucement en se recouvrant de nuages, puis la nuit tombe d’un coup. Le ciel est empreint de rayures bleus, orange et entre les nuages on finit par entrapercevoir un bout de coucher de soleil. Dommage je n’aurais pas vu la plaine rougeoyante comme dans les dépliants ventant le site. Mais peu m’importe j’ai le Bagan que je dois voir et cela suffit à me ravir et m’emporter sur des rives personnelles.
Bagan est magique, mystique aussi avec ses temples où aux quatre points cardinaux vous trouvez des Bouddhas assis qui vous enchantent. Ou bien des Bouddhas couchés immenses, protégés par un bâtiment de briques.Et juste un peu d’histoire : Pagan ou Bagan a été la capitale du royaume de Pagan entre le 9e et 13e siècle, premier empire birman. Ce site est sur un lieu sismique et a subi à plusieurs reprises de graves dégâts dont le dernier en juillet 1975. Il existe 2834 monuments recensés par Pierre Pichard et l’Ecole française d’Extrême Orient. Le site n’est pas inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO à la suite de restaurations sauvages effectuées par des fidèles bouddhistes.
Voyage effectué en août 2015,
Paris Février 2019.
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