Paris, le Petit Palais
Quelle joie que de me plonger dans la Russie de la fin du 19e et du début du 20e siècle à travers l’œuvre de Répine.
Un peintre russe qui je suis sûre ne parle pas à grand monde en France mais qui est un peintre hyper important en Russie.
Répine va nous plonger dans toute l’histoire de la Russie, dans le tournant de sa folie entre les tsars et leur fin tragique, les bolcheviks, les serfs, la folie religieuse des orthodoxes de ce siècle, les grands écrivains comme Tolstoï et les grands du monde russe. Répine nous plonge dans un monde inconnu de Paris et dans les affres de l’histoire torturée russe. Le tournant de l’histoire russe et la fin d’un monde.
Il est le peintre qui nous mène dans son monde, religieux, littéraire, politique, historique et qui marque le monde actuel russe.
Fils d’une famille de serfs affranchis, il dessine et se consacre à la restauration d’icônes avant de se lancer dans la peinture de l’âme slave, russe.
A travers son œuvre nous allons parcourir la fin du 19e siècle tant en termes politiques avec Alexandre II qui imprime au pays un changement fondamental libéral et l’abolition du servage ; en termes musicaux avec les grands noms qui auront marqué la musique russe ; des écrivains qui ont imprégnée la culture russe ; et les peintures de portraits de famille.
En 1878 il retrouve le groupe des Ambulants et va peindre la vie des Russes, des grands ce monde, des écrivains comme Tolstoï et s’inspire des fêtes religieuses et des cosaques qui forment le monde russe.
Il fixe aussi les visages de sa famille, des grands musiciens comme Moussorgski ou bien d’autres personnes connues de l’époque.
Lors de ses venues en Europe et en France tout particulièrement il peint des portraits de Tourgueniev.
Commençons par les portraits de famille et ceux de sa première femme Vera Chevtsova souvent assise dans un fauteuil. Ou ceux de ses enfants sur des tapis caucasiens. Les couleurs rougeoyantes du tableau « Repos » me font l’effet d’une paix incroyable. Son petit garçon avec son chapeau – on se croirait aux champs alors qu’il est assis sur un siège de cuir doré.
Certains portraits tirent vers l’impressionnisme par les couleurs, les poses.
Des autoportraits de lui et de sa deuxième femme le décrivent dans sa Finlande et sa fin de vie. Ou le portrait de sa femme Natalia Nordman.
Les scènes de fêtes religieuses qui montrant la Russie fervente, croyante et spirituelle. « Procession religieuse dans le bois de chênes – l’icône miraculeuse » et « Procession religieuse dans la province de Koursk ».
L’ancienne Russie avec la peinture « Sadko » œuvre inspirée des contes de Byline : un riche marchand tombe dans le royaume sous-marin du tsar des mers. Il est invité à choisir plusieurs fiancées et élit la jeune fille russe Tchernavoucka. Les détails des habits, des fleurs, de l’or, toutes les couleurs raffinées rendent le tableau magnifique et nous plonge dans un monde irréel.
Les scènes de vie comme « Les haleurs de la Volga », hommes qui tirent les bateaux à la force de leurs bras. C’est toute la Russie devant nos yeux ! Les serfs, les moujiks, les exploités !
La musique et la littérature sont là et posent pour l’éternité : Moussorgski et sa folie en fin de vie ; Tolstoï et sa vie dans les champs lisant et libérateur des serfs.
Le retour des décabristes dans les familles après un exil de vingt ans. Il en ressort que plus personne ne les attendait !
Et puis cette peinture à mes yeux extraordinaire de ce champ de blé venté où deux personnages marchent et luttent contre le vent. Très réaliste et reposant. Il se nomme « Quelle liberté » et date de 1903. Répine aurait-il senti le vent de la révolution de 1927 ?
Et le dernier tableau aux couleurs rouges nous présente la danse des Cosaques. Tableau effectué pendant sa fin de vie à l’âge de 82 ans. Sans peu de moyen, il le peint sur du linoléum et peint cette danse nommée « le Gopak » et qui associe la musique de Moussorgski. On y sent une fougue, une folie et un envoûtement des couleurs.
Répine meurt en Finlande en 1930 à 86 ans et est enterré dans le domaine des Pénates dans la ville de Kuokkala qui a été réintégrée à la Russie et se nomme aujourd’hui Répino.
Courez voir cette exposition géniale qui transporte et nous ouvre un autre monde slave et russe !
Lien : Ilya Répine (1844-1930) | Petit Palais (paris.fr)
Paris, 10 Octobre 2021
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