J’ai fait un « rêve étrange et pénétrant » d’une visite, ce matin, d’une exposition où voyages à travers mythologie, monde de l’au-delà et pays où le syncrétisme voguait avec les esprits.

Je n’aurais jamais cru pouvoir réunir tous ces pays que mes pieds ont foulé et surtout où toutes les religions se trouvaient réunies : Christianisme, Bouddhisme, Chamanisme entre autre. Et surtout où les mandalas devenaient roi et s’exprimaient sur des toiles de peintres de la fin du 19^e et début du 20^e, venus du nord de la France, admirés par des Dubuffet, Breton entre autres.

Ce voyage, je l’ai fait ce matin dans un musée vide de monde (Covid oblige) où il est sensationnel de visiter et regarder les œuvres d’artistes comme on ne peut pas les voir habituellement : seul et sans stress de devoir naviguer entre les visiteurs qui vous bouchent la vue. Des tableaux pour soi, à pouvoir contempler tranquillement et sans dérangement. Un bonheur !

Mais revenons à ces voix de l’au-delà qui ont permis à plusieurs hommes ou femmes de peindre et devenir artistes alors que la vie les avait envoyés sur d’autres fronts.

Car Augustin Lesage, Fleury Joseph Crépin, Victor Simon ou Séraphine, petites gens, venant du monde des mines, de la quincaillerie…  Des voix leur ont enjoint de peindre. Soit pour sauver le monde, soit pour réaliser des œuvres parlant de l’au-delà ou plus exactement dicté par l’au-delà.

Personne ne l’aurait crû et cela a créé un mouvement artistique « spiritisme » précurseur ou créateur du surréalisme.

De magnifiques œuvres dignes des mandalas des tibétains, réalisées avec minutie et nous permettant de traverser l’Egypte, La Perse et de réunir toutes les religions en un tableau.

Je revois ces moines au Ladakh, soufflant dans leurs longues pipettes, pour projeter et colorer le kalachâtra avant de l’effacer. Dicté lui aussi par l’au-delà et pour les Esprits.

Le même Esprit est là à travers les mains de ces peintres.

En une heure de visite j’ai marché sur mes pas en retraversant le monde spirituel et le monde du voyage :

• La toile bleue de Victor Simon avec ses bulbes et ses dessins dignes des mosquées de Samarkand ou de Perse et de Byzance réunies ;

• J’ai eu l’impression de revisiter Basile le Bienheureux de Moscou réinterprété, avec les bulbes rouges de la peinture en pointillés de Fleury Joseph Crépin ;

• Les Dieux égyptiens et les pyramides d’Egypte comme si je me retrouvais à Louxor ou dans les temples de la vallée des Rois et Reines près du Nil ;

• Les visages de Bouddha en Inde où règnent un calme et une paix absolus à vous couper le souffle faisant face à un mandala du Népal ;

• Et la toile jaune de Victor Simon qui vous projette à Constantinople.

• Et les fleurs de Séraphine jonchant la toile.

 

Et tant d’autres.

Un mirage où s’entrecroise les injonctions des Esprits vous demandant de peindre pour arrêter la guerre ou bien pour pacifier le monde.

Des peintures qui vous transportent dans des cathédrales de points, de pointillées, d’ornementations colorées et de mandalas subjuguant où les couleurs affolent vos sens et votre esprit.

Où le cosmos côtoie notre monde d’ici-bas. Victor Simon nous projette dans un monde inconnu et nous aimante. Une impression aussi d’entrer en soi et de s’intégrer au tableau au lieu de se désintégrer.

Des masques se projettent devant vous. Pour être triviale on pourrait voir les tissus balinais imprimés. Mais c’est la main des Esprits qui nous envoûtent.

Et je reprendrais la phrase de Jung : « Votre vision devient claire lorsque vous pouvez regarder dans votre cœur. Celui qui regarde à l’extérieur de soi ne fait que rêver ; celui qui regarde en soi se réveille ».

Courez voir cette exposition qui tient du miracle des Esprits !

Paris 21 juin 2020.

 

Lien : www.museemaillol.com/fr