Cette fois ci je suis partie à la découverte d’une partie du Rajasthan qui longe le désert du Thar et qui ne ressemble à rien de ce que j’ai pu voir jusqu’à maintenant.
Cette région, entre Mandawa, Bikaner, Jodhpur, est entourée de désert de dunes, de terres plates, arides et dénudées. Seuls des sortes d’acacias poussent et lancent leurs branches vers le ciel pour y chercher réconfort, ombre et y attraper les rayons du soleil. Seules les racines courent sous le sol pour y trouver quelques gouttes d’eau qui permettront aux feuilles de pousser et de donner de la nourriture aux hommes et aux animaux. Par endroit, quand l’irrigation le permet, des champs de blé ou de lentilles, verdoient le paysage aride de sable jaune. Ce n’est pas le côté lunaire du Ladakh mais cela y ressemble dans une grande platitude des paysages.
Cette partie de l’Inde est impressionnante par la sécheresse, la chaleur écrasante, étouffante (50° l’été) mais surtout par les villages, les forts et les Haveli qui la composent. Ces Haveli sont des maisons de commerçants dont les murs sont peints de fresques qui racontent les épopées des hommes, tant techniques qu’humaines. Elles y décrivent aussi les Dieux hindouistes, leurs avatars et leurs vies pleines de rebondissements. Ce sont des havres de paix, de fraicheur, de repos, dans ce milieu hostile, et en même temps des lieux de culture, d’échanges et de partage. Ces Haveli ponctuaient la route de la soie avec ses épices, ses soieries, et toutes les merveilles des mille et une nuits qui s’y reflètent encore ! On y côtoie les forteresses en grès rouge qui sont le miroir des guerres et des protections offertes aux populations locales, par les riches maharadjahs de cette région. Elles aussi ont permis le déploiement des beautés pittoresques des peintures, miniatures moghols mais aussi le raffinement des joyaux, des pierres incrustées dans le marbre blanc et de la folie créatrice que ces maharadjahs ont entrainés dans leurs pas. Tout est dédié à la beauté, finesse des traits, aux arts avec un grand A. Je suis restée ébahie, à Bikaner, devant le plafond perse en or et devant les peintures mogholes qui bordaient la frise du mur du palais. C’est impressionnant de voir comment l’art était le lien entre la réalité et la spiritualité.
Et puis, à chaque voyage, tout me ramène à Ganesh, Dieu du bonheur, qui orne chaque temple ou chaque porte des Haveli ou des forts. Ganesh, tout orange, caractérise toujours pour moi, les retours en Inde et les nouvelles découvertes que j’y entrevois. Ce Dieu Ganesh est présent partout pour protéger les pèlerins et les voyageurs de la route de la soie, qui parcouraient le pays, à dos de dromadaires. Il ponctue mes prières et mes promenades au travers des visites de temples, de châteaux-forts. Il veille à la paix et au bonheur de tout voyageur. Il en rend le voyage tendre et j’ai toujours envie de me fondre en lui et de recevoir sa bénédiction. Il prodigue le bonheur aux hommes et sa bonhomie qui le caractérise, le rend très humain. Il faut dire que ses représentations le montrent avec un ventre rond où l’on a envie de se fondre, d’y retrouver la chaleur et la douceur de la mère ; une trompe toujours douce que l’on a envie d’enrouler autour de soi pour se protéger des malédictions et des difficultés de la vie. Mon Babar, non pas vert de mon enfance mais orange d’Inde, mon protecteur !
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