Nature si belle le long des plages de sable blanc où je suis partie me reposer et perdre mon regard au loin, vers les bancs de coraux, au son des flux et reflux des vagues de l’Océan Indien.
De ma chambre je ne me lasse pas de regarder les hommes et les femmes marcher sur la plage, ou bien au trois-quarts immergés, à moitié dans l’eau, non pas pour s’amuser mais pour effectuer leur travail quotidien, à la recherche de poissons à attraper à la main ; de poulpes à sortir de leurs caches, qu’ils attendrissent à coups de battoir ; de coquillages multiples à ramasser dans des seaux et d’algues qui serviront à la fabrication des cosmétiques, de médicaments ou à être mangées par les asiatiques. Ils ont des grands bâtons et tapent le sable ou les rochers pour faire fuir les mollusques.
Ce sont les femmes, fermières, que l’on surnomme les « Mamas », qui cultivent ces algues. Elles nouent les jeunes pousses d’algues, les unes aux autres, par des cordes et plantent ces dernières le long de piquet en bois, à des endroits, où la mer, couleur saphir, est basse, pour les laisser pousser. Ce travail se fait à marée basse. Comme pour le repiquage du riz, les femmes travaillent dur, elles sont courbées en deux toute la journée. On voit alors dans la mer des rectangles encerclés de piquets – les champs d’algues. Ces algues sont récoltées à la main puis séchées sur des fils, pendues comme le linge ou bien étalées par terre sur des feuilles de palmier. L’algue passe de la couleur vert foncé – noir à un roux, au fur et à mesure du séchage ou de l’épandage. Les femmes ont alors un revenu complémentaire qui leur permet de s’émanciper financièrement. Elles produisent des savons, des jus de fruits ou des gâteaux à base d’algues.
C’est un spectacle à lui-seul de voir ces rondes, ces danses dans l’eau, de ces hommes et femmes. Par moment on croirait voir des hérons gris cendrés, perchés sur une jambe, attendant le poisson ou les crevettes, piquant son long bec dans la mer, pour les attraper. Je ne me suis pas lassée, perchée sur mon rocher, de regarder ces hommes et ces femmes le matin ; d’admirer leurs allers et venues. Une jolie chorégraphie matinale sur le reflet gris de la mer.
Lorsque la mer est basse, tous les hommes se regroupent autour des bateaux, pour décharger les poissons pêchés du matin, pour nettoyer les bateaux et surtout écumer l’eau. Les femmes viennent chercher les seaux remplis de dorades grises, rosées ou de jolis poissons à la queue bleue ou aux écailles marron ; elles vont les vendre aux marchés ou bien aux restaurants dans les hôtels proches. Elles en profitent pour papoter entre elles et se donner des nouvelles ou s’échanger les derniers cancans du cru !
Mais le clou du spectacle fut le ramassage des ordures et le défilé d’un troupeau de vaches. L’homme tirant la vache et sa charrette pleine traversant la plage immaculée croisant un troupeau de vaches. Et la marche lente de ces vaches, surement sacrées, qui ne perturbaient personne sur la plage et que personne ne perturbait dans leur lent cheminement. Je me suis cru transportée en Inde et mon imagination n’avait rêvée meilleur défilé ! Cela rendait irréel cet attroupement de vaches, arrivées de nulle part, et repartant vers un endroit inconnu ou connu d’elles seules. Je n’ai jamais autant ri de cette situation inattendue et tellement improbable. Comme quoi à Zanzibar on est aussi en Inde !
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