La Carte Postale et Finistère d’Anne Berest


Deux livres sur les histoires de famille d’Anne Berest.

Histoire de la généalogie de la partie maternelle et paternelle écrits à des périodes différentes. Nous entrons dans la vie des grands-parents, arrières-grands-parents et parents des filles Berest.

Deux mondes se côtoient dans l’histoire de la France sans s’être connus.

La Carte Postale décrit la famille maternelle Les Rabinovitch, venue de Russie, de Lettonie et de Pologne et qui partiront en Palestine. Une partie de la famille viendra en France et mourra dans les camps de concentration d’Auschwitz. Une seule rescapée Myriam, la grand-mère de l’auteur taira toute sa vie son histoire au grand dam de sa fille et petite-fille. C’est là où les non-dits apparaissent et reviennent hanter les générations suivantes.

Tout commence avec une carte postale reçue par la mère d’Anne avec les quatre prénoms des morts d’Auschwitz : Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques. Quatre personnes qui se sont installées en France, se sont intégrées à la France et ont été rattrapés par la deuxième guerre mondiale, le fascisme et les bons soldats de Vichy. Avec la montée du fascisme ils s’étaient installés en Normandie et ont été dénoncés puis déportés. D’abord les plus jeunes enfants Jacques et Noémie puis dans un deuxième temps les parents.

Cette carte postale comme une bouteille à la mer va lancer Anne avec sa mère Lélia à la recherche de leur famille, de leur histoire et des affres qui ont été leurs vies. Une véritable saga qui nous fait parcourir l’Europe du début du 20e siècle avec les deux grandes guerres mondiales, la fuite des juifs poursuivis par les pogroms et leur tentative d’installation en Palestine. Et ceux qui émigrent en Europe et aux Etats-Unis. On y découvre en particulier la France, la vie à Paris des années trente avec un rappel de Gabriele Picabia (un des premiers romans écrit à quatre mains par Anne et Claire Berest), la montée du fascisme, la guerre, les dénonciations et les déportations ; l’attente des retours des survivants des camps de concentration au Lutetia et ceux qui ne reviendront pas.

Une fois ce livre terminé, Anne Berest en fait la promotion et apprend que son père a un double cancer et qu’il va mourir. Elle se lance alors dans des échanges avec ce père qui est un inconnu, un taiseux. Course contra la montre pour connaitre le parcours de cet homme, de sa famille bretonne et anglaise, sa rencontre avec sa mère et le couple moderne qu’ils forment.

Et là encore on découvre la Bretagne et le Finistère du début du 20e siècle avec les ambitions des grands-parents qui se heurtent aux désirâtas de leurs enfants. On parcourt la Bretagne et ses révoltes pour vivre mieux, les organisations paysannes qui se mettent en place et les nouvelles générations qui voguent vers de nouvelles voies.

On voyage dans ce milieu familial qui font que les nouvelles générations se croisent, forment des familles et ont des enfants qui ne militent pas comme leurs parents et s’embourgeoisent au grand dam des parents.

Là aussi Anne Berest essaye de comprendre cet homme énigmatique qui préférait résoudre des équations et qui étaient plus froid avec ses enfants.

Elle nous montre ce que nous, enfants, nous percevons de nos parents, de leur vie, de ce que nous leur devons en termes d’éducation, d’émotions et de souvenirs. Rattraper le temps, en savoir plus avant la mort de celui qui va disparaitre est une gageure. On reste souvent avec des non-dits, des mots non-dits ou non prononcés et qui ne seront jamais comblés.

Cela me fait penser aussi au livre d’Hélène Gaudy « Archipels » sur son père Jean-Charles.

Ces livres sont écrits sur la base d’archives, d’objets, de la mémoire familiale et s’écrivent sur la base d’un processus à deux, d’échange entre deux parents. Un parcours généalogique et psycho-généalogique pour que les futures générations vivent dans une paix intérieure plus grande sans les fantômes du passé.

Trois livres à lire qui sont prenant. J’inclus celui d’Hélène Gaudy sur lequel j’avais déjà écrit dans mon blog.

Paris le 10 octobre 25

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2 commentaires

  1. Cela doit avoir un certain intérêt de lire les deux à la suite ! Son attrait pour la psychogénéalogie est très marquée et on a envie aussi d’y croire 🤔

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