Badjens de Delphine Minoui – Editions Seuil Roman


Delphine Minoui nous transporte en Iran pendant la période des révoltes des femmes après la mort de Masha Amini en septembre 22 pour une mèche de trop, sortie de son foulard.

Elle nous plonge dans la société iranienne patriarcale où seuls les hommes ont de la valeur et où les femmes sont reléguées à la vie de la maison et sont là pour avoir des enfants.

Le récit se déroule dans la ville de Chiraz en automne 22.

C’est l’histoire d’une famille et celle particulièrement d’une jeune fille nommée Zahra qui a 16 ans qui participe au mouvement Femme, Vie, Liberté.

La première image de Zahra que nous avons : –  que sa mère surnomme Badjens (Bad-jens veut dire mot à mot mauvais genre et qui en persan de tous les jours exprime le mot espiègle ou effrontée),  est l‘image de son escalade sur une benne à ordures avec son foulard à la main et son briquet entre les seins.

Puis retour en arrière sur sa naissance, son père qui l’ignore et lui enlève toute confiance en elle ; sa mère qui au contraire la pousse et lui montre le chemin de l’affranchissement. Et surtout son dégout du tchador et du foulard ; son dégout de l’école et des maitres qui lui apprennent à vivre dominée ; sa grand-mère qui ne comprend pas la jeunesse qui veut vivre autrement. Et ce frère à qui on passe tout, qui est gâté et ne fait rien alors qu’elle doit aider à tout dans la maison et n’a pas un seul cadeau pour ses anniversaires. Pour son père elle est transparente ! Terrible vérité d’une fille en Iran.

Le seul endroit où elle peut respirer (et encore) c’est dans la rue avec ses copines, avec sa mère dans Téhéran – une journée où elles s’échappent mais la loi les rattrape ; son petit ami et ses échappées à moto qui lui dira qu’il arrête sa relation parce qu’elle ne veut pas coucher avec lui. Car les filles doivent rester vierges avant le mariage – tradition oblige !

Ces jeunes filles sont au courant de tout à travers les VPN, les relations sur FB avec des coréennes et autres jeunes filles de tous les pays. Elles cherchent toutes à quitter ce pays qui les enferme dans un rôle dont elles ne veulent plus. Elles veulent vivre comme nous en Occident, libres de mouvement, de s’habiller comme elles veulent, de s’amuser et de ne plus être enfermées entre quatre murs. Elles veulent s’émanciper des contraintes, du foulard et de tout ce qui les empêche de vivre normalement.

Et un soir elle s’échappe dans la nuit pour participer à ce mouvement Femme, Vie, Liberté et nous la voyons sur sa benne à ordures qui s’injurie pour monter dessus et se donner du courage pour allumer avec un briquet le feu qui brulera son foulard sous les tirs des pasdarans. Arrivée sur le haut de la benne sous les cris d’exclamations et les applaudissements de la foule – une balle lui perfore le poumon et elle s’écroule.

Il est terrible de lire : « J’ai 16 ans, je suis morte quand je suis née. » et sur un mur de Chiraz : « Vous pensiez me tuer. Vous nous avez ressuscitées. »

« Tu ne vois pas la balle voler dans ta direction.

Elle traverse ta poitrine

Fait chanceler tout ton corps

Tu n’exprimes aucune douleur

Tu souris

Tu ressembles à l’aile d’oiseau qu’un jour tu as dessinée : tu flottes.

Le feu sous tes yeux

Il réchauffe ton cœur

Qui, bientôt, sarrêtera de battre

Tu ouvres la bouche

Et avant que tu ne t’effondres

Le cri, enfin, finit par sortir :

  • Zan, Zendegi, Adadi ! Femme, Vie, Liberté !

Livre très émouvant qui nous fait prendre conscience de la chance de vivre en France et de comprendre comme il est difficile d’être femme dans des pays comme l’Iran et pire encore en Afghanistan. Il faut juste aussi entende Meryl Streep en parler l’ONU.

Lisez ce livre, partagez-le et n’oublions pas ces femmes !

Ce livre fait aussi écho à celui que l’écrivain avait écrit sur les livres en Syrie « les Passeurs de livres de Daraya » – une merveille aussi.

Paris le 5 octobre 24.

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1 commentaire

  1. Oui, un récit sensible et certainement aussi indispensable ! Merci pour ce retour 😉

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