


Pour celui ou celle qui aime les céramiques la villa Perrusson Desfontaines regorgent de beautés tout juste ressorties des décombres.
Cette villa se trouve à Ecuisses à une quinzaine de kilomètres de Montceau les Mines en Bourgogne.
L’entrée est gratuite pour 2023 comme pour tous les musées des villes du Creusot, Montceau les Mines.
Un joli parc vous accueille et de la grille d’entrée on aperçoit la maison des familles Perrusson et Desfontaines.
Deux maisons construites à des périodes différentes qui n’en font qu’une mais qui ont accueillies les deux familles Perrusson fondateur des bateliers puis des briquetiers, des tuiliers et enfin des céramistes. Car le lieu est au centre, entre le canal du centre, une ligne de chemin de fer et une région où abonde le grès, le kaolin et l’argile. Puis la famille Desfontaines reprendra le flambeau puisque la fille Perrusson se mariera et toute sa descendance va travailler sur la céramique jusqu’en 1960.
Un siècle d’activité entre 1860 et 1960. Hélas l’usine va péricliter et mourir à cause de la rude concurrence régionale mais aussi mondiale. Mais il reste la villa rénovée entre 2019 et 2022.
Je vais vous conter l’histoire de cette famille et de sa villa.
1860 créations de la briqueterie en complément de la batellerie. Puis Mr Perrusson va ouvrir une tuilerie. Il créera plusieurs usines en Saône et Loire, dans le cher et en Charente. Et à Ecuisses l’industrie de la céramique va compléter les deux autres métiers. Le père est un visionnaire.
On y trouve des tuiles vernies de couleurs.



Un journaliste nommera cette région « la vallée de la céramique ». Il faut dire que toute cette région est liée à la céramique et à la faïence (Charolles, Digoin…).
En 1869 Jean-Marie Perrusson fait construire une première maison attenante à l’usine pour pouvoir se rendre plus facilement au travail et pour asseoir sa situation sociale. Cette maison correspond aux arts de l’époque et de la bourgeoisie. Elle est simple avec un jardin, avec une orangerie et un jardin potager.

Puis entre 1892 et 1895 une nouvelle maison est accolée à la première avec un bow-window et décorée de tuiles vernies, de carreaux de céramique colorés et de céramique au sol. Elle est édifiée à la façade nord pour être vue des passagers du train qui s’arrêtent en gare de Saint Julien. Cette maison devient un outil publicitaire.
C’est parti pour la métamorphose de la villa : briques, tuiles méconiques, tuiles plates, émaillées, mitres de cheminées, frises, médaillons, faïences murales…
Nous allons découvrir cette jolie maison en entrant dans le jardin.
Il fait une chaleur incroyable et seuls les arbres et le buis nous donnent une impression de fraicheur.
On contourne la maison et on entre par le premier bâtiment. La façade extérieure est vraiment magnifique en particulier le bow-window. Le toit fait penser aux toits de Beaune avec ses tuiles émaillées. La partie nord de la maison était la « partie commerciale » pour attirer le chaland.
Ne pas oublier qu’au nord une tourelle a été construite sur trois étages : la cuisine au rez-de-chaussée ; la salle de bains partagée au deuxième et un coin au dernier étage. Je

Au fond du jardin on a une orangerie qui était de la mode bourgeoise.
On entre donc par la première maison, par le perron qui faisait face aux usines pour s’y rendre directement.
On monte au dernier étage et on commence par visiter les lieux où de très belles cheminées – trois rescapées et faites-en céramique. Le sol est recouvert de carreaux de céramique Perrusson. C’est une galerie des créations Perrusson.



La première cheminée est bleue avec des fleurs vertes style art nouveau ; dans une autre pièce la cheminée est vert pâle et enfin la dernière est rouge foncé avec des décors.
Les pièces de la maison ont été reconstituées selon les critères de l’époque, basés sur les habitudes bourgeoises.
Le papier peint est fait d’oiseaux et a été reconstitué par des spécialistes du papier peint à tampon situé dans la région.

Sur les sols du carrelage mat avec des dessins différents les uns des autres, comme un catalogue vpc mais réalisé au sol de la maison.




Puis nous découvrons les pièces à vivre comme le salon avec le piano et des meubles Louis XV. Tous ces meubles sont prêtés par l’Etat.

On admire aussi la chambre de Madame dont la porte ne peut fermer à clef alors que celle de Monsieur a un verrou. Les tons sont dans les roses brique avec un lit à deux places pour les besoins du couple. Chacun faisant chambre à part.



Les deux chambres sont séparées par le cabinet toilette où l’on peut se laver. Les femmes de chambre montent des seaux d’eau chaude, les versent dans le lavabo, qui lui-même une fois sa toilette faite, peut se vider en faisant une rotation et l’eau s’écoule dans un pot de chambre en dessous. Moderne, non ?
De là on redescend pour atteindre le vestibule. Entrée par le nord décorée comme un catalogue pour vendre.
Plafond avec des céramiques faites de fleurs bleues et de feuillages beige ; des fleurs rouges ; des dessins chinois ou turques et les sols regorgent de céramiques avec des dessins les plus extraordinaires.




On est ébloui par le mariage des couleurs même si tout nous semble chargé. Mais l’ensemble se marie très bien !
Même les murs ont des fresques peintes avec des bouquets de fleurs.
L’escalier qui mène aux étages est lui aussi décoré de caissons de céramiques.

Et le clou de la maison c’est le bureau où l’on recevait les clients pour signer les contrats. Tous les meubles d’époque et cheminée en marbre rose foncé.

Et du bureau on passait à la salle à manger pour remercier le client de ses achats et fêter le nouveau venu. Pour la petite histoire Mme Perrusson Desfontaines était assise en face des portes et battait le tempo du déjeuner avec une sonnette au pied. Moderne !


Un bow-window permettait d’admirer la vue sur le jardin, visible du seul client. Le pourtour du bow-window était recouvert de carreaux de céramique de couleurs imitant des soleils ou des tournesols.
Et derrière la porte un couloir où un passe-plat permettait à la cuisinière d’apporter les plats chauds. La cuisine étant un peu plus loin. Là les carreaux étaient beaucoup plus simples, en couleurs rouge et noirs comme on en voit encore aujourd’hui.

Cet endroit il faut le visiter à tout prix quand vous êtes en Bourgogne – cela vaut le détour par Ecuisses.
Lien : https://www.villaperrusson.fr/
Perrecy le 17 juin 2023.
Tres belle evocation joliment détaillée de ce lieu inattendu et étonnant eg chargé d’histoire sociale et économique! Lorsque je l’ai visitée il y a 2 ans la plupart des pièces intérieures étaient encore en restauration et fermée s. Quelle chance d’avoir pu les admirer dans leur splendeur d’antan.
Merci
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