Je me plonge dans les profondeurs de Moscou et dans les entrailles de son métro avec un délice toujours prenant. C’est un musée vivant, un chef d’œuvre architectural. C’est le palais du peuple russe. Une sorte de Versailles en sous-sol. En le réalisant les architectes ont voulu représenter les idéaux de la révolution, de l’ère stalinienne, et venter les réussites de l’époque communiste. A la gloire du peuple !
C’est le peuple qui l’a construit il ne faut pas l’oublier.
Les entrées extérieures des stations ne sont pas toujours palpitantes mais lorsque l’on s’enfonce en descendant les escalators immenses et en rangées de deux, l’un descendant, l’autre montant, un vertige vous prend et vous emmène dans les tréfonds de Moscou.
Aujourd’hui les escaliers roulants sont entourés de publicité et de photos. Cela n’existait pas avant ! Le capitalisme russe arrive !
La vitesse des escalators est dantesque et l’on a l’impression de glisser vertigineusement et d’être englouti par le métro lui-même – c’est-à-dire ses rames. Vous êtes éjectés de l’escalator comme une mouche, en particulier aux heures de pointe, et gare aux retardataires, à ceux qui ont le nez en l’air et ne regardes pas l’arrivée – l’atterrissage peut être violent et le gardien du temple vous le rappelle ainsi que les compatriotes russes ! Car devant chaque escalator vous avez la babouchka qui surveille ou vous indique où aller. Si vous avez le temps de lui poser la question car le métro bouscule lorsque de la rame « dégueule » des milliers de personnes.Une fois sur le quai vous découvrez un musée vivant. Impressionnant. Entres les stucs, les lustres en bronze, les portes de sortie en bois et claquant l’art nouveau, le marbre gris … tout est fait pour vous assommer et en même rendre royal cette étape quotidienne de votre vie.
Chaque station a une histoire à raconter, relate un évènement de l’histoire russe ou soviétique, un fait littéraire ou un écrivain ou juste la mémoire d’un homme ou d’exploits universels.
C’est un miracle de l’époque actuelle de garder en si bon état ces stations. Tout y est propre, pas un papier au sol, ça brille et chacun respecte cette beauté.
Aujourd’hui aux entrées ont été mis des portiques qui vous scrutent pour éviter les attentats perpétrés ces dernières années.
Et chaque station a un sens ou une énigme pour nous occidentaux à résoudre.
Et bien partons à la recherche de stations évocatrices visitées lors de mon séjour à Moscou :
– Dostoïevskaïa : La station, ouverte en 2010, est sobre toute en marbre gris, et les piliers qui la portent sont ornés de dessins représentant les œuvres de l’auteur Dostoïevski. Quand on descend les escaliers on est suivi par un homme tout de noir vêtu. Il fait peur et représente la noirceur des œuvres de l’écrivain : on dirait qu’il hante les couloirs et cherche à vous attraper. De l’autre côté de l’escalier une femme tout blanche avec des ailes d’anges à la place des bras. Et tout au fond de la station Dostoïevski, en personne, vous regarde. Il n’a pas l’air très drôle ni commode. Il fait même peur tellement le visage est sombre et fermé. Cette station reprend les œuvres majeures de Dostoïevski comme Crime et Châtiment et l’Idiot.
– Taganskaïa : Station place Taganka. Ici tout est à la gloire des héros de la guerre patriotique. Tout est fait de stuc bleu et blanc avec de superbes carrelages blancs. – Arbatskaïa : Sur l’Arbat, construite en 1953. Elle est en forme d’arc blanc. Sa beauté provient des immenses lustres qui éclairent les parois blanches et leurs reliefs en stucs. – Elektrozavodnaïa : A la gloire de l’électricité !– Oktiabrskaïa : la plus profonde. Et relatant la révolution russe.
– Tverskaïa : Une station importante du centre du Moscou où trois stations se télescopent ! Les mosaïques de marbre qui ornent l’entrée dans la rue. Elle fut d’abord nommée Gorksovskaia en mémoire à Maxime Gorki l’écrivain. En 1990 elle est renommée Tverskaia en rapport la rue. C’est une station sur pylônes typique de style soviétique, avec un quai central, décorée de marbre gris avec le sol en granit rouge. L’intérieur représente toutes les guerres 1917, 1905-17… Et sur les plafonds des fresques représentant Staline serrant la main à je ne sais qui. Des œuvres aux airs de révolution, d’art soviétique des années 50 … Tout un style. L’emblème de L’URSS (CCCP en russe) avec la faucille et le marteau. On y décrit la guerre. Et puis les plafonds sont faits de stuque blanc. On se croirait dans un palais où défile des milliers de personnes tous les jours qui ne s’aperçoivent plus des beautés qui les entourent. Et des portes de sortie toute de bois avec des ornements des années 30 avec le blé ! Toujours le blé.
– Kourskaïa : avec ses carrelages bleus et verts qui ornent la station et qui évoque un aviateur ou le premier vol d’un avion en 1993. Ou bien les exploits de la traversée de 8504 kms entre Moscou et Vancouver à travers le pôle en 1993. On se croirait tout sauf dans le métro et plutôt sur la lune ou dans une soucoupe volante !
– A Kievskaïa on peut voir aussi les insignes du sabre/la faux et du goupillon/marteau comme la chanson de Jean Ferrat avec les épis de blés pour vous rappeler que la Russie produit du blé !– Ou bien la station Novoslobodskaïa où tout est en vitrail et évoque toutes les grandes villes historiques où les monastères représentent l’histoire de la Russie comme Souzdal, Vladimir, Kiji, Novgorod, Yaroslav… Et surtout les grands princes qui se sont unis pour créer le premier état russe. Les vitraux (32) sont ornés des monastères avec des coupoles de toutes les couleurs. Les lumières elles sont dans des paniers de fer entourés de vitraux. Ils ont été réalisés par Pavel Korine, en Lettonie, seule état qui avait la maîtrise des vitraux. Un ravissement des yeux. Je suis impressionnée par toute cette beauté et ce que le moscovite peut croiser. Je ne sais s’ils apprécient mais la femme d’art que je suis est ravie. Les escaliers de la sortie donnent sur une verrière en vitrail verte. Waouh !
– Et d’autres stations qui fêtent Moscou à laquelle on pense toujours.Un peu d’histoire du métro de Moscou. Dès les années 1870 le Tsar Alexandre II réfléchit à un métro. Le projet est relancé en 1901 puis en 1925 sous le projet de Myasnitski. Il a été réalisé dans les années 30 et mis en service en 1935 sous la période stalinienne. LE 15 juin 1931 le plénum du TSK VKP prend la décision de construire le métro. Ils font appel à des sociétés comme Siemens pour le construire. Le nom officiel est le Métropolitain de Moscou V. I. Lénine de l’ordre de Lénine et du Drapeau rouge. La 1ere ligne allait de la station Sokolniki à la station park kultury. En 1941 le métro sera utilisé comme abri lors des bombardements car il est très profond. Il existe une ligne secrète pour l’évacuation et la circulation des forces stratégiques en cas d’attaque ! Il relierait le Kremlin et les lieux clé du pouvoir dans la capitale. Est-ce un mythe ou une légende ? Cela n’a jamais été confirmé mais on en parle à Moscou. Il transporte aujourd’hui le plus grand nombre de passager au monde soit 6,8 millions par jour. Tokyo arrive en second. Il y a 212 stations sur 14 lignes. Le métro est simple d’utilisation car chaque ligne est identifiée par un nom, une couleur et un chiffre. Les stations sont annoncées dans le métro en anglais et en russe. Et preuve de modernité il y a un réseau internet dans le métro. Tout le monde est connecté et rivé sur son Smartphone ! Et puis il a une chose à mentionner : il est propre et net à la différence de celui de Paris.
Et petite astuce pour terminer, un local m’a donné une astuce très utile afin de ne pas se perdre dans les directions. Quand vous rentrez dans le métro, si un homme annonce le trajet, c’est que ce dernier part en direction du centre. Si c’est une femme, vous partez en direction de la banlieue. Avec ça, vous ne pouvez plus vous perdre
Voici le lien pour le plan du métro :
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