Encore un voyage extraordinaire que je ne suis pas prête d’oublier entre la nourriture (beurre frais de yak que l’on tartine avec confiture de myrtille sur le pain frais au petit déjeuner, myrtilles fraîches que l’on déguste avec les doigts qui violacent, marmotte, met délicieux dont on découvre la cuisson en une folie soirée agrémentée de vodka…) ;
les odeurs des fleurs, les edelweiss qui parsèment les champs et que broutent les animaux domestiques (yaks, moutons, chèvres ou vaches). Je n’aurais de ma vie vu autant d’Edelweiss au m2. J’en rêve encore ! Les fleurs mauves et les herbes vertes qui remplissaient l’air d’une odeur indescriptible et inconnue de nous et qui agrémentent les prairies et volent au gré du vent.
Les empreintes des orages dantesques où le ciel était noir et la grêle frappait le sol de toute sa force! Rafraîchissant d’un coup la chaleur intenable qui nous entourait et qui reprenait sa forme.
Etre à la merci de la nature (orage, pluie, grêle) mais aussi des animaux et vivre dans la structure de la yourte fut un exploit ; la vie avec les moutons, les yaks qui broutent, les chèvres qui se prennent parfois pour des chiens et suivent leur maître toute la journée ; les chevaux qui courent en groupe dans les vastes prairies, se ruent dans les grandes flaques d’eau laissées par les orages ou se battent entre eux ; les vaches qui veulent passer la tête par la porte de la yourte ou les yaks qui se frottent à la yourte la nuit pour éliminer les poussières ! Les nomades eux-mêmes qui parfois entrent sans prévenir pour regarder à quoi ressemble un étranger…. Un monde contrastes ! Il faut le vivre pour le croire et surtout découvrir un monde bien éloigné du nôtre ! Je dois dire, que je n’aurais jamais de ma vie, partagée autant de temps avec les animaux domestiqués et surtout vécue à l’air libre dans les yourtes. Une expérience qui vous montre la rudesse de la vie des nomades mais aussi la joie de vivre à l’air et de pouvoir le soir regarder la voie lactée.
Et puis cette nature incroyable, indomptable, sauvage et tellement belle : dunes dans le désert avec des plaines sur des kilomètres, des rochers partout, du sable blanc à perte de vue – on se demande ce que géologiquement ce pays a vécu il y a des millions d’années ; les lacs partout où il fait bon se baigner pour se rafraîchir et se délasser d ‘une journée secouée en voiture ; les rivières serpentant partout où il fait bon rafraîchir ses jambes tellement la chaleur est forte, regarder les truites passer et jouer de la canne à pêche pour tester le goût du poisson ; les canyons colorés, grandioses où les dinosaures ont vécu. Et puis le lac khovsghol où le monde se reflète, petit frère du lac Baïkal où j’ai aimé tout particulièrement retrouver cette nature sauvage et revêche à l’homme.
Ce pays fait comprendre que nous sommes tout petit, l’homme que nous sommes, face à l’immensité et les forces de la nature.
Et les cieux qui changent tout le temps du noir profond et colérique à un ciel bleu. Des nuages qui font que chaque minute le ciel est différent et qu’il vous envoûte : moutonneux, vierge, ou rempli de formes abracadabrantes les plus dantesques les unes que les autres.
Une nature de dingue et surtout un endroit sublime : le monastère de la félicité tranquille où pour la première et dernière fois j’ai ressentie la spiritualité avec une force incroyable. Le rituel des 108 bougies accomplies dans une béatitude spirituelle qui m’appartient.
Ce voyage laissera une empreinte en moi et pour bien d’autres raisons.
Et j’oubliais les oiseaux entre les aigles géants, les buses et les grues grises qui se découvrent sur notre chemin ; les bouquetins qu’il faut aller dénicher en haut des rochers ; les ânes sauvages, les gazelles sauvages, couleur du sable et les lézards qu’il faut débusquer sur le sable tourbillonnant. Et le serpent sifflant, croisé au détour d’un trou de souslik, au moment du bivouac, m’a littéralement gelé le sang ! Les sousliks, agiles comme des souris, courant dans tous les sens, moitié écureuil et souris, qui a la moindre alerte, s’agitent, se redressent et sifflent pour prévenir leurs congénères…. Tout cela est inoubliable !
La rudesse de la vie des nomades, leur non aptitude à décrire ou exprimer leurs sentiments, vivent avec et dans la nature, à son image ! Ici rien ne pardonne, ni la chute du cheval, ni la foudre qui tombe sur la yourte, ni la neige qui abonde en hiver. La vie est une lutte permanente contre les affres de la nature.
Mais je n’oublierais jamais le bonheur de l’immensité que seul l’horizon peut arrêter (et encore !).
Les yeux qui peuvent regarder et admirer tout ce qui nous entoure ; le nez avec son odorat qui peut sentir l’odeur des herbes et des fleurs qui bougent au gré du vent.
Un espace de liberté incommensurable, inoubliable ; un sentiment de connexion à la nature ; une contemplation du monde mongol et le sens de la vie reliée à la force de cette nature. Nature, ce lien entre la spiritualité et le monde courant reliant l’homme à la vie
Voyage effectué en juillet août 2018,texte écrit en octobre 2018.
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