L’artiste finlandais Pekka Halonen au Petit Palais à Paris


S’il est des expositions qui vous font voyager celle de Pekka Halonen en fait partie et m’a transporté dans les contrées boisées et enneigées de Finlande, proche de la Russie.

S’il est un peintre qui s’inspire de la nature avec un grand N, Pekka Halonen en fait partie et sur certaines peintures la ressemblance va avec les œuvres de Ilya Repine en Russie.

J’ai trouvé aussi l’organisation des salles extraordinaires alliant les œuvres aux décors et vis-versa. Cela vous emporte encore plus dans la méditation que ces paysages, arbres, tomates et paysages de neige arborent.

Je passerais rapidement sur les portraits réalisés par Pekka Halonen pour me promener, m’alanguir sur les paysages qui vous emportent dans un monde de calme et de paix intérieure.

Il est toujours intéressant de se pencher sur les autoportraits de l’auteur dans sa jeunesse, peints de manière figurative ou même surréaliste ; ou bien celui-ci encadré de sa femme et de sa fille.

Le grand-père de l’artiste m’a fait penser à Tolstoï avec sa barbe grise et les arbres dans le fond.

Et j’ai pu admirer Sibelius, le compositeur qui vivait proche de Pekka Halonen sur le lac de Tuusula.

Un portrait de plusieurs hommes bucherons m’a fait penser au réalisme soviétique des années trente On peut y voir la dureté du travail et la puissance des corps qui luttent pour scier l’arbre et repousser les pierres qui gênent le chemin.

Mais ce qui porté mon regard ce sont les paysages – de neige ou bien de la nature verdoyante lors de l’éclat du printemps ou de l’été.

Tout d’abord « la forêt du royaume des morts » avec ses couleurs, le lac et les arbres d’où tombent des fleurs blanches comme des gouttes de gui. Le contraste avec les enfants assis et la jeune femme au corsage rouge. Tout invite au repos et la mélancolie.

« Le sorbier des oiseleurs » est une pure merveille – c’est l’arbre sacré de Finlande. Les baies rouges du sorbier se détachent du reste de la nature aux rochers grisâtres et aux mousses qui se fondent dans la nature avoisinante. Je suis restée longtemps à le regarder comme hypnotisée.

« Le grand pic noir » avec sa tête rouge qui tourne le dos au lac et aux sapins qui forment le paysage de ce tableau, tout occupé à piquer le tronc d’arbre. Et les branches du pin tordues dont les feuilles sont comme réelles. On est seul face à la nature qui prend toute sa dimension.

Avec « les rochers à Halosenniemi » les couleurs vous sautent au visage et sont réellement enchanteurs. On dirait un tableau de Van Gogh !

La partie intérieure, recomposée de la maison, avec le bois de l’isba m’a beaucoup émue. Impression de Russie, de chaleur douce et colorée du bois. Là encore des peintures colorées et des natures mortes ou bien des couleurs d’automne qui vous charment et vous projettent dans des moments doux. J’ai aussi aimé cette peinture de sa fille se mirant dans l’eau du lac un peu à la Renoir avec un corps arrondi.

Plus loin un paysage du lac m’a ramené à mes années russes avec ses étendues vertes et ses cieux torturés, venteux et mouvementés. Et celui de Ladoga (en Russie) avec ses pins fins s’étirant vers le ciel et le lac au second plan.

Et je vais maintenant faire l’éloge des peintures de neige car là il faut dire que Pekka Halonen se surpasse.

La fin d’hiver à Tuusula où le paysage gelé du lac, la maison au fond et les nuances de neige et de glace qui fond sont rendus à merveille – on pourrait presque parler de photo. Les paysages d’hiver où le ciel est bleu et la neige qui miroite dont on perçoit les parties gelées ou bien les endroits où le soleil ne vient pas lécher la neige. Ou alors les moments de dégel où les crues des rivières chahutent la nature. Je suis admirative du détail de l’eau qui bruisse et roule comme une furie et comment le peintre a réussi à nous en faire la description.

Un autre tableau a retenu mon attention : « Jour d’hiver en Carélie » où tout est gris. Gris foncé des roches, gris rosé des arbres, blancheur de la neige à certains endroits, neige plus foncée à d’autres, et gris plus violet pour d’autres arbres. J’ai été subjuguée, hypnotisée par ce rendu et je suis restée un bon moment à le contempler.

Le tableau le givre est tellement bien rendu qu’on croirait là aussi une photo. Les détails sont impressionnants avec les nuances là-encore de blanc, de gris qui permettent de visualiser le givre. L’éclairage du fond du tableau est presque doré.

On est projeté dans la salle bleue où l’on peut lire tous les termes et mots finlandais (plein de nuances aussi) qui décrivent la neige. Je vous laisserais vous imprégner de la neige, du gris qui peut être puissant et qui peut vous rendre neurasthénique dans ces contrées et la puissance aussi du bleu qui fait éclater la nature dans toute sa splendeur froide.

Courez voir cette exposition qui a ravi mon âme slave.

Lien : https://www.petitpalais.paris.fr/expositions/pekka-halonen

Paris le 7 novembre 25.

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