
Un livre qui s’ouvre étrangement sur un homme qui fait le rituel du seppuku dans un parce de Tokyo au petit matin. Il sera retrouvé quelques jours après mort.
Le rituel du seppuku est le fait de s’ouvrir le ventre et de mourir lentement. Il est souvent suivi de la décapitation. Mais là ce ne fut pas le cas. Rituel nippon pour mettre fin à ses jours.
Nous entrons dans l’histoire d’Emile Monroig.
Il lègue ses trente-six carnets sur sa vie à un attaché de l’ambassade de France.
Et nous voilà partis à remonter le temps de sa naissance à sa mort.
Tout tourne autour des années vingt à nos jours. Nous remontons l’histoire du monde.
Tout d’abord ses parents, sa mère française du bordelais et d’une famille noble ; son père allemand d’une famille noble aussi. Ils se rencontrent à Berlin alors que sa mère venait prendre des cours de piano et perfectionner son allemand. Lui tombe fou amoureux d’Emerence et ils se marient, ont un enfant nommé Maurice, Wolfgang.
Et là nous entrons dans l’histoire de l’Allemagne entre les deux guerres. Ce père médecin et chirurgien qui pendant la seconde guerre mondiale et la montée des Nazis fera parti des SS et travaillera dans les camps à faire des expériences sur les hommes et femmes internés. Ce père aura un ami japonais Gensoku qui fera des études de médecine en Allemagne et qui lui aussi fera des expériences sur les internés chinois dans le Mandchoukouo.
Cette mère un peu frivole, qui prend la vie avec plaisir et aime son mari à la folie. Tous les soirs ils ont un rituel – celui elle de jouer du piano quand il arrive et de finir sur le tapis à faire follement l’amour. Elle adore son fils et le protégera tout au long de sa jeunesse en essayant de lui éviter les jeunesses hitlériennes.
Maurice grandira dans un monde protégé. Il fera des allers-retours entre la France et l’Allemagne.
Et la deuxième guerre mondiale arrive avec ces affres. Maurice sera protégé mais cette dernière se rapprochera et l’atteindra.
Son père fait venir un juif qui se cachera chez eux et sera le compagnon de Maurice et lui ouvrira les yeux. Le fameux Gensoku s’installera en Allemagne à l’ambassade du Japon et vivra dans la maison des parents de Maurice. On voit alors la montée du nazisme à travers les activités politiques et médicales de ces deux médecins. Gensoku apprends que Tokyo où sa famille vit a été bombardé et il pense que cette dernière est morte. Ne supportant plus la dichotomie qui s’installe en lui entre ses valeurs et son travail il se fait le rituel seppuku chez les parents de Maurice. Bien avant il expliquera à Maurice les traditions de la méditation japonaise et lui donnera une pièce à remettre à sa famille. Maurice assistera à la mort de Gensoku tout en méditant et sera imprégné de cette culture japonaise.
Les Allemands perdent la guerre et les Russes arrivent à Berlin. Le père de Maurice pour protéger sa famille avait construit dans la cave de la maison un abri où ils se cachaient tous lors des bombardements. Son père veut éviter les affres des soviétiques à sa famille et tue sa femme devant son piano, veut tuer son fils mais ce dernier se réfugie dans la cave. Le père se donne la mort. Silence de la guerre.
Les deux enfants sortent de la cachette et tombent sur des soldats français buvant dans la cuisine. Ils veulent tous s’échapper de l’enfer de Berlin et des soviétiques qui tuent, violent et rapinent.
Commence alors une course à fuite de l’Allemagne et des péripéties impressionnantes. Voiture, bateau et surtout la mort de son copain juif suite à une explosion d’une mine. Les soldats français pensant que les deux sont morts abandonnent Maurice à son triste sort. Ce dernier repart à pied et finit par atterrir dans une ferme où une jolie blonde va le remplumer, l’aimer, lui faire découvrir les joies du sexe et le faire travailler. Au bout de deux ans il doit partir car l’homme de cette fermière revient. Il se sauve et continue son chemin vers la France pour retrouver ses deux compagnons et sa famille.
Il finit par les retrouver, voir que ses grands-parents ont été torturés et tués à Bordeaux. Plus rien ne l’attache à rien. Il sombre.
Il change de nom et devient Emile Monroig car il n’a plus de papier.
Il va travailler comme journaliste ou pigiste. Et il est envoyé à sa demande en Corée pour suivre la guerre entre le nord et le sud.
Devenant reporter et photographe de guerre il se fait connaitre et finit par aimer ce pays et vouloir y rester. Je vous épargne toutes les péripéties de la guerre. Il rencontre dans un bar une jeune femme à Pusan. Il découvre la triste vie de cette femme, opérée par les Japonais qui lui ont coupé les jambes pour faire des expériences. Ils se marient et attendent un enfant.
Dans tout le marasme de la vie de Maurice / Emile c’est le moment de bonheur existentiel de cet homme et de cette femme. Elle attend un enfant et là le destin se rejouent d’eux. Revenant de la guerre il revoit sa femme et s’absente un petit moment. Quand il revient elle a été tuée en lui faisant le seppuku et lui éventrant le ventre en sortant de ses entrailles le bébé de six mois.
Maurice/Emile vrille et va chercher à trouver l’auteur de ce meurtre. Il ne s’en remettra jamais.
Il fera une découverte à travers un soldat coréen dont la famille a été tuée de manière épouvantable un site où les Japonais avaient cherché à créer la bombe nucléaire. Site que les Américains et les Chinois cherchaient. Il en fera part aux colonels français qui transféreront l’affaire aux Américains. Le site sera rempli de l’eau de la rivière pour que plus personne ne sache om cela se trouve.
Il quittera la Corée pour aller s’installer au Japon, toujours avec sa pièce porte-bonheur. Il cherchera la famille de Gensoku pour la lui remettre mais n’atteindra pas son but. Ce sera l’attaché de l’ambassade de France qui le fera à sa place, après sa mort.
Ce livre est une ode au destin qui ne vous lâche pas et le rattrape tout le temps. » Gensoku avait raison ; la rédemption n’existe pas ».
Lisez ce livre il est passionnant et nous fait revivre les années les plus noires de la guerre jusqu’à la guerre de Corée. C’est aussi un très beau message qui nous est adressé sur l’amitié, l’amour et le destin.
Paris le 19 septembre 25
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