Saya de Richard Collasse


Dans la pure tradition du livre « La Trace » Richard Collasse nous embraque dans le récit d’un homme qui va perdre son travail au bout de vingt ans de bons et loyaux services dans une entreprises de grands magasins.

Après avoir passé un an en France pour cette firme et parler le français, la société va mal suite à des mauvaises positions prises par le Président et Junwaki se trouve démis de ses fonctions sans réellement comprendre ce que l’on lui reproche.

Junwaki a une mère mourante, une femme Kaori et deux enfants adolescents. Ilva faire croire à tout le monde que la vie continue malgré ce gouffre qui s’ouvre devant lui.

Pendant ces heures de dilettante il rencontre dans un café le Colombo une jeune fille Saya à laquelle il va s’attacher et elle aussi. Elle a vécu en France, parle le Français et adore les BD ainsi que la musique classique. Ce qui va les rapprocher. Cette jeune fille fait partie de ces jeunes qui ont des rapports subventionnés dit « Enjo Kosaï » au Japon. Elle a un petit copain et un autre homme aux rapport subventionnés pour pouvoir se payer des concerts de musique classique ou bien faire des emplettes. Elle les quitte tous les deux pour Junwaki, pour être à 100% dans cet amour.

Entre Saya et Junwaki une vie amoureuse va monter crescendo et ils vont avoir du mal à se passer l’un de l’autre jusqu’à aller ensemble à Kyoto passer un week-end ensemble chez Madame Tagawaka. Ce seront les plus beaux jours de leur relation. Ils vont souvent aux concerts, il l’écoute jouer du piano, parler français. Une entente entre ces deux être que les années séparent (+ 25 ans) vont créer une fusion. Chacun aidant l’autre dans sa vie. On peut d’ailleurs voir  toutes les interrogations qui passent par leur tête mais rien n’interrompt cette histoire d’amour.

Pendant ce temps là Kaori la femme de Junwaki ignore tout de ce qui se passe avec Junwaki tant dans le domaine de sa vie professionnelle qu’amoureuse. Elle sent bien qu’il est plus distant mais cela reflète la vie des Japonais. Elle s’occupe de la maison, de sa belle-mère jusqu’à sa mort et son enterrement, de ses enfants, de son mari avec sa bière et son bain le soir. Une vie guère joyeuse et avec ses copines pour faire la fête et diner au restaurant voire avoir des soirées subventionnées avec des hommes dont elle n’arrive pas à jouir.

Junwaki retrouve un travail plus intéressant dans une firme française, part en France quelque temps avec sa femme et revient à Tokyo. De fil en aiguille il n’oublie pas Saya et la pureté de cet amour mais distant la relation et surtout un certain nombre de faits du destin joue des tours à leur relation et fon que Saya croit qu’il l’a oublié définitivement.

La jeune fille délaissée se sent de plus en plus mal car cette relation pour elle est une relation divine qui n’existe qu’une fois dans la vie et qui rend le lien avec Junwaki fusionnel. Pour les deux d’ailleurs. Mais elle ne sait rien de sa vie. Elle a juste réussi à trouver son adresse dans son portefeuille.

Elle décide alors d’envoyer son journal, sont téléphone avec tous les messages échangés entre eux et un morceau de peau avec le tatouage réalisé sur son omoplate à la femme de Junwaki.

Puis elle se jette sous un train à la gare où habite Junwaki et juste devant ses yeux alors qu’il se rendait au travail. Elle aura eu le temps de le voir – lui voulant la sauver de ce geste irrémédiable.

Il en parle un soir à Kobe lors d’un voyage de travail avec son Président. Ce dernier est renvoyé à son passé décrit dans « La trace » et son histoire d’amour fusionnel avec une Japonaise lors de son premier voyage au Japon, qui lui a donné un enfant dont il n’a jamais entendu parler et dont il découvre la vie- la mort trente ans plus tard.

Junwaki joue du piano ce soir-là en souvenir de Saya « Le canon » de Pachelbel à faire pleurer tous les gens autour de lui. Il ne rentre pas à l’hôtel et son corps sera retrouvé trois jours plus tard dans le port de Kobe. Suicide ?

J’ai lu ce ivre d’une traite, en un après-midi et une soirée. L’intrigue tout d’abord et puis cette alternance de chaque personnage dans ce livre. Chaque protagoniste alterne d’un chapitre à l’autre. Jinwaki, Saya et Kaori.

L’histoire aussi entre la perte de travail et la perte de son identité ; les relations subventionnées qui existent au Japon entre les jeunes femmes ou hommes et les séniors ; la vie bien rangée des femmes dans les familles qui sont là pour alléger la vie des hommes quitte à s’oublier elles-mêmes ; la rigidité et la discipline ; toutes les questions qui se posent dans des relations amoureuses entre une jeune fille adolescente et une homme de plus de quarante ans – le regard des autres et le sien propre ; l’amour fusionnel qui va jusqu’à la mort des deux comme dans Roméo et Juliette mais dans un autre registre.

Un très beau livre que je vous recommande et qui m’a énormément touché dans la prolongation du premier livre de cet auteur lu il y a un mois « La trace ». Là encore le destin se joue de la vie des hommes et les entraine sur des chemins de traverse ne correspondant pas à ce qu’ils désirent.

Paris le 17 aout 25.

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