

J’attendais ce moment depuis bien longtemps et j’ai réussi à avoir une place. Quelle joie de pouvoir venir voir au plus proche des artistes avec qui j’ai grandi et dont j’ai écouté les musiques qui m’ont fait vibrer.
Serge Gainsbourg, Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg.
Rue Verneuil se trouve la maison des Gainsbourg. Elle est en extérieur pleine de graffitis, de mots d’amour ou de reconnaissance à Serge Gainsbourg. Ce dernier avait fait repeindre deux fois le mur et puis après il avait laissé les gens s’exprimer.





Mais avant d’entrer dans la maison je suis passée au café boire un verre. Atmosphère noire avec piano où la photo de Serge Gainsbourg trône et quelques photos pour vous mettre dans l’ambiance.



Noir c’est noir quand on entre dans la maison et c’est surprenant ! Surtout que Charlotte nous raconte sa maison, sa vie à travers ses yeux dans cette famille bohême qui vivait la nuit et dormait une partie du jour. Et surtout il ne fallait pas aller réveiller les parents sauf cas d’urgence et c’est sa sœur Kate qui s’y rendait.
Noir c’est noir du rez-de chaussée au premier étage et la chambre des parents qui donne sur la rue avec une terrasse où il y a eu quelques photos réalisées. Chambre où a été retrouvé mort Gainsbourg et pour macabre que cela soit où il a été embaumé en 1991. Charlotte et Bambou se sont couchées le long de son corps froid et sont restées là des heures.
Mais commençons par l’entrée, porte qui donne sur le lieu où Serge Gainsbourg a créé ses tubes et ses chansons incroyables qui aujourd’hui seraient interdites tellement provocatrices. On peut voir le fauteuil avec la marque où il s’asseyait avec les journaux à coté et la valise avec laquelle il se promenait. Valise où il avait des tonnes de billets. Charlotte en parle avec émotion et indignation en même temps. On peut voir le piano et les différents instruments lui permettant de jouer sa musique et de créer ses morceaux.

Puis on repasse dans le couloir extérieur pour atteindre la cuisine où tous se retrouvaient pour manger, cuisiner et boire ; de cette cuisine on peut voir les bouteilles de vin, d’apéritif mais aussi de sauces… et derrière la porte qui est fermée aujourd’hui se trouvait la chambre des filles Charlotte et Kate. Chambre que Serge Gainsbourg louait et qu’il n’a jamais pu acheter.
A l’étage on peut voir le dressing de Serge avec très peu d’affaires : 4 chaussures Repetto blanches qu’il portait été comme hiver sans chaussettes ; 4 pantalons et chemises et c’était sa garde-robe.
Plus loin le bureau avec la machine à écrire qui fascinait Charlotte enfant. Les livres de médecine rouge et les autres livres dont la collection de la pléiade offerte à Charlotte où elle pouvait piocher.
Et surtout la chambre de Charlotte lorsqu’elle venait en week-end après que sa mère Jane Birkin soit partie, transformée en salon de poupée qui fichait la trouille à Charlotte. Avant c’était la chambre de sa mère qui entassait tous ces objets, bibelots. Charlotte et sa sœur avaient le droit de fouiller dans le sac de leur mère qui mangeait des bonbons et récupéraient des sous.
Et puis la salle de bain avec la baignoire où toutes les femmes de la maison passaient des heures à se pouponner. Charlotte raconte aussi le plaisir qu’elle avait lorsque sa mère la poudrait avec la houppette toute douce sur le nez. Serge lui ne prenait jamais de bains il se lavait au bidet derrière la porte. Il se lavait les pieds, le visage et le postérieur. Incroyable mais vrai. Et Charlotte confirme qu’il était très propre.
Et puis la chambre des parents qui rentraient le matin de leurs tournées nocturnes et qui dormaient une partie de la journée. Il fallait attendre que Serge se lève pour que la vie commence. Il fallait surtout ne pas faire de bruit et c’est sa sœur Kate qui s’occupait de Charlotte. Jane Birkin allait toujours chercher ses filles à la sortie de l’école.
Cette maison découverte à travers les yeux et la vie de Charlotte est un grand moment d’émotions et on peut imaginer comment ils vivaient. Et surtout comment Serge Gainsbourg les dernières années de sa vie s’y était enfermé et chinait pour remplir la maison d’objets.
Puis il y a le musée qui se trouve après le café et la boutique.
Là on retrouve les objets, les disques, les textes et surtout la vie de Serge Gainsbourg. Ses amours, ses rebellions et toutes ces créations artistiques : musiques mais aussi filmographiques.
J’ai trouvé cela passionnant car on remonte le temps depuis sa naissance et son origine d’Odessa – juif russe dont les parents viendront en France. La période de la guerre où porter l’étoile jaune l’insupportait et le choix de son nom. Il portait le prénom de Lucien qu’il a donné à son fils Lulu qu’il a eu avec Bambou. Il l’a changé en Serge (Sergueï en Russe) pour se rapprocher de ses origines.
Et son nom Gainsbourg provenant de Ginsburg je crois.
Et puis toutes ces années où il a voulu être un artiste peintre puis il a tout jeté et s’est lancé dans la musique car sa mère lui avait appris le piano de manière drastique. Il chanta dans les cabarets et s’est fait repérer par Boris Vian et d’autres.
Dans le musée ce qui est intéressant c’est ce sont les films réalisés sur sa vie, les artistes qui ont chanté ses paroles et ses musiques ; fait des films avec lui et son rapport à la société (La Marseillaise en reggae qui lui a valu de devoir la chanter normalement à Colmar car risque d’attentat ; ou bien le billet de 500 Francs qu’il a brulé à la télévision (ce qui je crois lui a valu une amende). Et surtout chaque écran suit la chronologie de la vie de Serge Gainsbourg et montre l’évolution de ses œuvres. On peut alors comprendre la diversité de son travail de ses interprètes et le foisonnement de ses créations.







Huit chapitres d’une vie passionnante de 1928 à 1991.
Ses premiers succès datent des années 1958-64 avec « L’eau à la bouche, La chanson de Prévert, La Javanaise ».
En 1965 France Gall remporte l’Eurovision avec « Poupée de cire, poupée de son ». Puis « Docteur Jekyll et Monsieur Hyde » suivie de « Bonnie and Clyde », « Harley Davidson » et surtout le scandale avec « Je t’aime moi non plus ». Cette chanson sera interdite en 1969 et reviendra en France grâce à l’écoute des européens. Chanson qui aurait dû être interprété par Brigitte Bardot et qui le sera par Jane Birkin.


Toutes ses chansons sulfureuses, voire scandaleuses sonnent le chant de liberté de l’époque.



Et enfin dans les années 1971-83 Serge Gainsbourg rencontre la gloire et le succès. En 1980 Jane Birkin le quitte. Serge dans ses chansons devient de plus en plus radical et clivant voire provoquant. Il n’écrit plus que pour Charlotte, Jane, Bambou et Vanessa Paradis.
Jane aura été sa muse et elle interprètera après la mort de Serge ses chansons en les revisitant musicalement.
Il meurt le 2 mars 1991 rue de Verneuil.
Avec cette auteur compositeur notre génération aura vécu des moments extraordinaires et quelle liberté flottait autour de lui.
Merci à Charlotte, sa fille, de nous donner la possibilité de voir cette maison où cet artiste a réalisé tant d’œuvres qui sont encore écoutées, chantées de nos jours.
Ce fut un grand moment d’émotions entre les paroles de Charlotte et les photos, les disques qui ont traversé notre siècle et perdureront à jamais.
Et surtout pour entrer dans la maison on vous pose sur le bras un profil d’une finesse de Serge Gainsbourg.
Et aussi les deux singes de taille différente qui vous font face au sous-sol du musée ainsi que la tête de choux.


Lien : https://www.maisongainsbourg.fr/
Livres contenant les textes des chansons : « Mon propre rôle » tome 1 et 2 de Serge Gainsbourg en poche.
Paris le 16 juillet 25.
Quelle chance cette visite ! J’y ai renoncé devant la difficulté à avoir des billets. Des visites à quinze personnes limitent vraiment son accès. Mais tout ceci donne évidemment très envie ! Merci pour ce retour si complet !
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