
Un délice, ce livre qui nous présente une famille, des femmes, une époque mais aussi l’évolution du Japon du 19e au 20e siècle à travers la vie des femmes et les différentes générations.
On parcourt le Japon des traditions aux changements impulsés par les mouvements féministes et la deuxième guerre mondiale. On passe du faste des familles à la pauvreté après la guerre et toutes les questions que cette dernière a posées aux Japonais. Toute la modernisation à pas forcés du Japon se trouve dans ce liv
Tout est décrit à travers ces trois générations de femmes et toute la délicatesse, le respect et les traditions se passent de génération en génération sauf pour Fumio, correspondant à la deuxième génération.
Hana, cette femme instruite pour une époque où cela ne se faisait pas, avec une grand-mère Toyono, qui adore sa petite-fille et qui veut la marier à un beau parti pour que celle-ci soit heureuse et puisse s’intégrer dans sa nouvelle famille. Toyono qui s’effacera lors du mariage de sa petite-fille et qui la reverra avec son premier enfant et disparaitra du jour au lendemain au grand dam de Hana. La période couverte est la fin du 19e et le début du 20e siècle.
Le fleuve Ki qui martèle la vie de Hana – descente de ce fleuve pour rejoindre son futur mari (et surtout ne pas remonter le fleuve car cela signifie la mort à brève échéance et la tristesse) et vivre sa vie chez les Matani entre Musota, Wakayama et Tokyo.
Une époque où la femme doit rendre la vie belle à sa belle-famille, son mari et surtout garder ses sentiments et ses réflexions pour elle. Une jeune femme à la beauté qui ensoleille la famille, qui suit les traditions et qui vient avec pour dot un palanquin, huit coffres remplis de kimonos. Elle reste dans l’ombre de son mari mais va l’aider par son intelligence à le faire devenir ministre. Femme qui mettra au monde plusieurs enfants tout en allant déposer au temple un sein où elle écrit son âge pour chaque naissance, pour éviter les mauvais esprits et pour que l’accouchement se passe facilement.
Elle fera fructifier la famille Matani. Mais sa deuxième fille Fumio reste un mystère pour elle qui se rebiffe contre les traditions, va étudier à Tokyo et se marie avec un brillant banquier, vivra à l’étranger et après la guerre deviendra veuve et pauvre. Elles passeront leur temps à ne pas se comprendre l’une voulant lui faire appliquer les traditions, l’autre les rejetant et se rebellant. Le pont entre ces deux femmes sera Hanako, la fille de Fumio, troisième enfant, qui sentira un lien spécial avec sa grand-mère. Hanako, enfant fragile et capricieuse, indépendante, vit dans un monde moderne et veut aussi intégrer les traditions dans sa vie. Cette grand-mère qui s’est occupée d’elle pendant la deuxième guerre mondiale, sera le rayon de soleil de la vieillesse d’Hana. Elle viendra même les derniers temps s’occuper de Hana ayant eu une attaque cérébrale et proche de la mort. Hana la confondra à la fin de sa vie avec Fumio, sa fille, et lui dispensera les questionnements, les interrogations, les atermoiements, les incompréhensions sur sa fille Fumio. Les liens seront encore plus tenus entre Hana et Hanako. Hanako prend conscience qu’un héritage fait de traditions ancestrales solidement ancrées la relie à son arrière-grand-mère, Toyono, à Hana et à sa mère.
J’ai adoré ce livre car il permet de comprendre l’importance des traditions au Japon, en même temps la modernité apparue dès l’ère Meji mais accentuée après la deuxième guerre mondiale. On peut aussi comprendre les subtilités de la culture japonaise entre silence, violence, effacement et modernité pour faire un tout.
Il est construit en trois partie correspondant à trois femmes, trois générations de femmes. A travers ses portraits on peut comprendre l’évolution de la condition féminine au Japon.
Je vous recommande chaudement de lire ce livre qui est d’une puissance et d’une intensité particulières.
Paris le 20 juin 25
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