
Un très beau roman sur les relations entre un jeune pâtissier et une vieille dame au passé douloureux qui confectionne des doryakis gâteaux (délice japonais) réalisés avec de la pâte de haricots rouges.
Plusieurs personnages entrent en scène dans ce roman, Sentaro le pâtissier ancien repris de justice qui tient cette pâtisserie et qui n’aime pas particulièrement faire des doryakis. Il est aussi un buveur invétéré ce qui parfois le rend absent de la pâtisserie.
Des jeunes filles, élèves qui viennent manger des doryakis et faire la conversation avec Sentaro.
Wakana, une des jeunes filles, va tisser des liens avec Sentaro que tout rapproche. Et avec Tokue lorssqu’elle devra se séparer de son canari.
Et Tokue une vieille dame aux doigts déformés et qui veut à tout prix travailler avec Sentaro pour lui apprendre à réaliser les meilleurs doryakis et « écouter les haricots rouges ». Tokue se présente, attirée par les cerisiers, l’odeur sucrée, et l’affichette d’offre d’emploi
Tokue va réussir à s’imposer pour travailler dans la pâtisserie en parlant des cerisiers en fleurs, arbre juste en face de la pâtisserie. Elle va appliquer une recette bien à elle pour faire ressortir le meilleur des haricots rouges et transférer sa recette à Sentaro qui ne saura pas développer cette poésie et le plaisir de cette sensation culinaire.
Les doigts déformés de Tokue vont faire qu’elle devra quitter la pâtisserie au grand regret de Sentaro qui va abandonner lui aussi la pâtisserie.
Et la présence active de Tokue pose problème : la déformation de ses mains, son adresse (celui d’une ancienne léproserie devenu sanatorium), tout indique que la vieille dame est une ancienne lépreuse, et la propriétaire de la boutique dans laquelle travaille Sentaro exige qu’elle parte.
A terme se noue une relation pleine de vie, de poésie mais aussi d’imprégnation et de découverte entre ces deux personnes. Tous les deux se font écho sur leurs relations à leur famille et l’exclusion de cette vie familiale. Découverte de la maladie de Tokue, de son exclusion de la ville et de la vie « normale », exclusion de sa famille qu’elle ne reverra jamais mais aussi le plaisir d’avoir rencontré son mari même s’ils n’ont pas eu d’enfants. Découverte aussi pour Sentaro d’un monde d’exclusion qu’il ne connaissait pas et Tokue devient un parent pour lui et des liens ténus se créent jusqu’à devenir paranormaux. Jusqu’à la mort de la vieille dame qui lègue son équipement de cuisine, ainsi qu’une cassette audio d’adieu.
Ce livre est un véritable bijou plein de bonté, de joies cachées, de découvertes, de poésie et ouvre sur un monde ignoré au Japon. C’est une ode à la vie et aux rencontres entre des personnes différentes que tout rattache.
Un film a été réalisé par Kōichirō Fukushima.
Paris le 12 septembre 24.
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