L’Institut Giacometti se trouve juste derrière le cimetière Montparnasse dans une rue calme et surtout dans un bâtiment Art Nouveau magnifique, créé par l’architecte Paul Follot.

Le site est juste magnifique : hôtel particulier de style Art Nouveau et Art déco que Follot a réalisé lui-même et qui était sa maison personnelle et atelier de décoration.

L’extérieur du bâtiment attire l’œil de la rue par sa forme, ses baies vitrées, ses fenêtres bow-windows et surtout les portes d’entrée bleues avec des pointes dorées et les entrelacements blancs, dorés et en damier noir. La forme du toit un peu arrondie et le dernier étage avec une vitre ronde ornée d’une corbeille fruits agrémentée d’un lacet de fruits rejoignant le balcon, sorte de demi-coupe bleue.

Le tout a été restauré en 2018 par l’architecte Pierre-Antoine Gatier pour l’ouverture de l’institut Giacometti.

Quand on entre dans ce lieu on est immédiatement surpris de trouver à sa droite, en contrebas, l’atelier de Giacometti tel qu’il était rue Hipolyte-Maindron. Un espace confiné où l’artiste vécu à partir de 1926 jusqu’à sa mort en 1966. Ce fut son lieu de création, d’inspiration et de vie qu’il partagea avec sa femme. Car rue Hippolyte-Maindron il finira par louer plusieurs ateliers mitoyens qui seront ses lieux de vie. Sa femme Annette, devant libérer les lieux en 1972, décida de démonter les murs peints, de conserver les objets, les mobiliers, les outils et les œuvres jusqu’au mégot de cigarette. Son atelier fut alors recréé en ce lieu.

C’est touchant de pouvoir admirer les œuvres, les dessins sur les murs qui ont permis à Giacometti de réaliser les sculptures et statues en terre. Le lit dans le coin, les quelques meubles où sont posés des objets comme la photo d’un Bouddha ou bien la tête d’un sphynx Égyptien et ses propres œuvres accolées à ces derniers.

De grandes œuvres avec ses hommes aux formes longilignes marchent presque dans son atelier et prennent la majeure partie du lieu. Magnifiques sont les dessins sur les murs qui permettent de voir comment Giacometti réalisait ses modèles avant de les transformer en statue. Cela résonne !

Le chien longiligne, maigre a attiré on œil, coincé contre une table et la vitre qui protège le lieu. On aurait juste envie que Giacometti sorte des murs.

Puis on passe par des petits couloirs devant d’autres réalisations « homme dans une cage » et on finit dans une pièce étroite en descendant trois marches où se trouvent des peintures et des croquis de Morandi et Giacometti. Leurs œuvres sont inspirées par Cézanne, Giotto et Rembrandt.

Tous les deux sont italiens, l’un vivant à Bologne pour Morandi et à Paris pour Giacometti. Ils ne se sont jamais croisés mais ont des similitudes dans leurs œuvres. Nature morte, dessins de paysages. Sobriété et pureté. Elancement dans leurs dessins.

Et puis nous entrons dans la maison de Follot et là j’ai le souffle coupé par la pureté du lieu : blancheur des murs, forme des pièces voué au culte de l’Art nouveau et art déco. Vitraux bleus avec des bulles blanches ou jaunes pâles ; carreaux en damier bleu et doré au sol ; portes vitrées séparant les pièces aux formes ovales ou arrondies ; coin cheminée et bibliothèques aux somptueux carrés ornés de noir ; cheminée stylisée très pure avec ses coins fauteuils où l’on peut s’asseoir et vivre un moment à soi. Et la grande salle ouverte sur le toit avec la bibliothèque dans le fond où l’on peut lire tranquillement. Les portes avec des vitraux faits de feuilles et dans une autre pièce les murs en bois avec des dessins d’arbres ou bien des plafonds décorés de fleurs jaunes et feuilles vertes. Tout est dans le détail jusqu’aux portes des toilettes. Et même la vasque des toilettes est en marbre vert stylisé.

Mais revenons aux œuvres de nos deux artistes.

Dans le premier hall on peut voir un tableau en plein centre « Caroline assise ». Il a attiré mon œil et ce fut un clin d’œil à mon prénom !

Ce portrait est touchant par les couleurs brunes employées pour faire ressortit le visage et la robe de la femme assise. Pureté des formes et des couleurs.

Puis les grand hommes ou femmes qui veulent atteindre le ciel interpellent car ils ou elles sont plantées en plein milieu de la pièce. Quand on regarde de près les visages, la chevelure tout est extrêmement humain. Et les œuvres de Morandini ressortent derrière les œuvres de Giacometti comme la forêt. Ces hommes tous plus ou moins grands qui forment une communauté.

Ces sculptures des trois hommes ou femmes ou les deux qui marchent ensemble et semblent causer. Là encore une communauté de gens qui forment des conciliabules.

Et puis des œuvres plus petites de visages élancés avec un cou si fin que l’on craint qu’il se casse.

Cette montagne ou ce rocher avec planté dessus un cou et une tête minuscules comme perdu sur un tas de terre.

Et puis ces œuvres plus grandes comme ce corps de femme moderne aux seins bombés et de ventre plat, rectiligne. Ces jambes qui n’en finissent pas. Très grande modernité !

Œuvres qui font face aux natures-mortes de Morandini avec des bouteilles qui s’étirent et des bols qui font presque une danse. Et les quilles dans une boite dans un tableau qui paraissent s’allonger.

Tous les deux réinterrogent le réel par des natures mortes ou bien des têtes, des corps et des jambes.

Le lieu, les œuvres exposées sont vraiment magnifiques. Giacometti exerce une fascination avec ses longues jambes et ses corps qui s’étirent.

Si vous avez l’occasion de vous y rendre faites le car vous ne serez pas déçu. Pour moi c’est une très belle découverte.

En ressortant vous verrez sur un immeuble le rez-de chaussée avec Giacomettti Lab, les photos comme des négatifs qui représentent ses œuvres. Et un peu plus loin Simone de Beauvoir a vécu dans un immeuble Art déco de 1955 à 1986 ; et au coin de la rue Lee Miller la reporter de guerre vécut aussi en ce lieu aussi, rue Victor Considérant. Un œuvre de Street-art trône avec un homme au chapeau, un parapluie vert sur la tête et un trombone dans les mains.

Haut lieu de créativité !

Paris le 2 février 25.