« Berlin pour elles » de Benjamin de Laforcade


Un très beau livre qui évoque Berlin des années « soviétiques », de la RDA, avant son écroulement, sous l’œil de la Stasi.

Une ville où des amitiés se créent, où des intérêts d’hommes qui veulent porter le pays au firmament heurtent les autres, des êtres qui se disloquent, des êtres dont les vies s’entrechoquent – c’est l’objet de ce livre.

Ce livre nous projette dans les vies de deux fillettes qui s’étaient promis de ne jamais se quitter et qui vont partager quatorze ans de leurs vies et puis tout à coup tout s’arrête. Plus rien un arrêt dans leur amitié à cause d’un père qui travaille à la Stasi et qui veut gravir les échelons, enquête sur les gens et tient les faits et gestes des hommes et des femmes dans ses mains. Combien en enverra-t- il à la mort, en prison ? Mais il tient des fiches et les rend visible quand il sent qu’il est temps.

Une enfance heureuse de deux gamines dans un pays profondément triste. Amitié rythmée par l’école, la discipline, les pionniers, les camps où l’on se découvre. La vie à l’est à un âge où l’on ne pose pas trop de questions.

Une famille unie avec deux enfants Judith aux cheveux brun foncé et Michael qui grandit parmi elles ; une femme élevant seule sa fille Hannah aux boucles blondes échevelées.

Rien qui ne puisse arriver sauf que le père de Judith vient menacer la mère d’Hannah un jour et interdit que sa fille revoit la sienne. Un arrêt de mort, une aire glaciaire fond sur Judith et Rita. Jusqu’à la mort de Rita quelques années plus tard.

Des vies qui sont broyées par un système comme le pasteur Harald qui ait son fils Karl depuis la mort de sa femme – petit mafieux qui passe des produits de contrebande de l’ouest vers l’est et qui a déniaisé Judith pour l’avoir sauvé d’une mort dans la rivière.

Le pasteur Harald qui sous son église a une imprimerie clandestine où il imprime des billets critiques qu’il distribue pendant les sermons ou bien le fait faire par Werner – ancien officier nazi qui connait bien les méthodes de la Stasi et des Soviétiques. Werner qui boit comme un trou, qui fait peur aux gens dans la rue avec son nez rouge de clown. Il finira en taule puis mourra dans une baignoire, asphyxié par Karl.

Et puis Michael, frère de Judith et amoureux d’Hannah, qui reprend les sermons dans l’église du pasteur mais là pour critiquer la politique du pays et les politiciens. Il a pris beaucoup de risques et rencontre Hannah qu’il aimait en secret. Cette dernière vient écouter les sermons et se donne à lui. Il prend la décision avec l’aval de Karl de quitter le pays en emmenant Hannah qui au dernier moment se rebiffe. Karl a la bêtise de donner cette information à Judith qui pour se venger va les dénoncer.

Hannah finit en prison pendant 10 ans le temps que le mur de Berlin ne tombe et qu’elle retrouve sa liberté et vive avec Judith.

Très beau livre où s’entrecroisent ces destins, les compromissions des uns et des autres et qui par petites touches se découvrent à nous à travers les paragraphes et les quatre périodes du livre, de 1967 à 2016. Un livre comme un roman d’espionnage qui nous transporte dans un monde disparu.

Ce livre me fait penser au film « Good-Bye Lenin » !

Courez le lire vous ne le regretterez pas.

Paris le 27 octobre 24.

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