La colline de Bouddha se trouve dans le sud de Sapporo à une trentaine de kilomètres. Un endroit proche du cimetière de Makomamai Takino. Cimetière qui contient 70 000 tombes et couvre 180 hectares de terrain.



« Ce qui est invisible stimule l’imagination » ! Et c’est bien ce qui se passe lorsque l’on arrive de Sapporo par la route et que l’on découvre, en entrant sur le site ces trente-trois Moaîs, les uns à côté des autres, qui vous accompagnent sur le chemin vers Bouddha. Une rangée d’hommes, de géants droits qui vous saluent et rendent hommage. On se croirait sur l’île de Pâques. Et j’ai trouvé touchant cet oiseau sur la tête du Moaï.


On se demande si l’on est sur un site religieux où se côtoient Bouddha, les Moais et Stonehenge ainsi qu’une rangée de Bodhisattvas.



L’histoire religieuse, humaine et spirituelle se mélange pour faire un tout, une sorte de syncrétisme.
Tadao Ando en est l’architecte, le réalisateur et on le remercie pour ce qu’il a créé.
Mais l’envie de rencontrer Bouddha vous tenaille et vous vous approchez à pied de la colline ovale recouverte de 150 000 pieds de lavande. En juillet, c’est la meilleure période pour voir Bouddha dans la lavande. Hélas je suis arrivée trop tard et les fleurs avaient déjà été coupées et l’on ne pouvait gravir la colline pour apprécier de plus près la tête de Bouddha.

La vision du site avec les coupoles et la plus haute d’où dépasse le chignon de Bouddha avec ses si belles boucles. Le tout auréolé de circonvolutions faites par les pieds de lavandes vertes rend le site irréel.
Alors vous empruntez le chemin qui vous mène devant une lanterne où l’on dépose de l’encens pour se laver de ses impuretés et puis vous vous dirigez vers le parcours aquatique qui vous sépare de la colline et de Bouddha. Une entrée en matière vers le spirituel.


Un moment de calme et d’écoute de l’eau qui parcoure ce plan et glisse de chaque côté pour s’échapper. En se retournant les Moaïs vous regardent et surveillent vos pas. C’est juste impressionnant !

Et vous passez sous un long portique, sorte de tunnel de 40 mètres formant des arcs pour enfin atteindre Bouddha en position de lotus. Une auréole de ciel surplombe son visage. Il est la représentation du Spirituel, du repos et de l’émerveillement au sens bouddhiste du terme.


Et là l’émerveillement vous prend et ne vous lâche plus une minute. L’osmose avec Bouddha et la nature environnante.
Ce jour-là j’avais une pensée très forte et une prière pour une amie canadienne qui venait de perdre son mari, son compagnon, sa lumière. Et j’ai porté une lanterne, lumière à Bouddha.
À l’intérieur de la structure, on peut laisser des tablettes votives (ema), des bandes de papier divinatoires (omikuji) ou des lanternes porteuses d’un vœu.
Tout autour du Bouddha une sorte de rotonde circulaire vous permet d’en faire le tour.




Je n’ai pas résisté à faire le tour de Bouddha, de pouvoir regarder son dos et de regarder ce visage serein et empreint de profonde réflexion intérieure.
Plusieurs personnes ont joué du gong et je suis restée un moment, assise, à me recueillir et à regarder ce visage à la bonté sereine.
Puis repartant et regardant en reculant, Bouddha s’efface petit à petit et disparait complètement, repris par les 40 mètres de couverture. Le visage s’efface à moitié et disparait définitivement de ma vue.


On repasse par le même chemin et j’ai vu avec un grand plaisir l’endroit où l’on prend l’eau avec des sortes de louches pour se purifier avant d’entrer sur le site.

Malgré le ciel gris, la pluie qui m’a accompagné ce jour-là le lieu est juste magique, reposant, apportant paix et sérénité.
Les montagnes environnantes qui entourent le lieu font comme une protection. Comme cela doit être encore plus magique en hiver avec la neige.
Pour la petite histoire ce site a été construit il y a 15 ans. La statue de Bouddha est de 13,5 mètres de hauteur et l’ensemble pèse 1 500 tonnes de pierre. Bouddha pèse à lui seul 4 tonnes. Il était seul sur cette colline. L’idée de l’architecte était de l’engloutir pour en faire un trésor. Enterrer, cacher mais aussi dévoiler avec audace et de grands gestes de béton, c’est l’art de Tadao Ando, un virtuose de l’intégration dans le paysage et le bâti ancien. C’est plus que réussi !


Un lieu intemporel où se rendre et se recueillir.
Paris le 25 aout 24.
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