Un petit coin de paradis dans les iles Lofoten – Sandoy Gärd – bout du monde


S’il est un coin perdu couleur paradis c’est bien Sandoy Gärd !

Pour s’y rendre il faut avoir le cœur accroché car au tout début les routes sont asphaltées, entourées de maisons, puis on longe des champs et des sortes de polders avec des montagnes dans le fond, pour finir par arriver sur une route en cul de sac. Le gps ne sait plus vous diriger et là on se sent bien seul au monde à se demander où est le chemin ! Obligée de demander ma route à une habitante du cru qui gentiment m’a expliqué comment y aller. On suit la route en face jusqu’au bout m’a-t-elle dit. Là on reste avec une interrogation du « jusqu’au bout de la route » à cause des croisements multiples pour entrer dans des maisons, mais je continue. Je me suis demandé si j’allais trouver et alors là, la bouche en cœur j’ai découvert le lieu-dit. C’est bien le bout du monde, juste en face d’Eggum où j’avais passé l’après-midi accrochée à un rocher, comme une baleine échouée, prenant le soleil.

Et là le souffle est coupé avec une vue à 360° qui s’offre vous : le fjord Mjasundel !

Seul au monde dans un lieu qui tient du miracle !

Après installation dans le lieu, n’y tenant plus, je suis partie à la découverte du jardin, ouvert sur la mer. J’ai fait le tour du propriétaire du jardin, en passant d’un rocher à un banc blanc. Puis je me suis assisse sur les fauteuils en bois près du barbecue. Et là encore cette vue à 360° qui ne me lasse pas. La pelouse verte est tondue ras et fait un tapis doux devant les rochers. Je m’y serais bien vautrée !

Tant et si bien que je gigote dans le jardin dans tous les sens comme une âme perdue ! En quête de la vue la plus pertinente mais aussi de la contemplation et du calme du lieu.

Je pars en balade en me crapahutant dans les rochers en allant vers une autre maison rouge un peu plus loin. Et fais demi-tour.  Je regarde les fleurs, les oiseaux et profite du soleil tout en explorant.

Ce qui est vraiment incroyable c’est bien sûr la vue mais surtout le calme environnant. Pas un bruit, que le clapotis des vagues qui tapent par endroits les rochers et s’engouffrent dans le moindre interstice d’espace entre rochers, herbes, roseaux.

Parfois une jolie fleur mauve dont je ne sais le nom se dandine au gré du vent et égaye l’herbe verte qui l’entoure. Les fleurs mauves dite Epilobe en épi que l’on trouve partout sur les Lofoten colore le paysage et font de véritable tapis violet pâle. Contraste délicieux qui adoucit le paysage. De temps en temps on peut voir des champs de coton blanc, comme des touffes échevelées, qui volent au gré du vent. Elles se nomment des linaigrettes à feuilles étroites. Le lichen est le roi des roches et tout autour poussent des boules rouges – cornouiller de Suède – sorte de baies sauvages à ne pas manger. Ces boules tapissent la lande lofoténienne et ravissent mes yeux. De petites tiges comme des mini sapins frôlent nos pieds mais en fait ce sont des prêles des bois.

En me promenant j’aperçois une maison au toit pointu qui ressemble à un ancien sauna. Devant il y a une chaise traditionnelle en bois blanc qui permet de jouir de la vue. Je m’y installe un moment pour repartir dans ma quête de beautés.

La beauté c’est cette vue sur Eggum et cette montagne qui glisse doucement dans la mer. C’est aussi le jeu des nuages qui forment des ronds blancs et des sortes de fusées qui décollent.

C’est aussi regarder le soleil qui darde le ciel et qui petit à petit va s’éteindre pour devenir rouge orangé et rester en cet état pendant des heures avant de se fondre en mauve et disparaitre.

La nature est rêche, sorte de toundra plus ou moins sèche qui peut tourner à la paille par endroits. Mais surtout ce sont tous ces rochers qui parsèment le lieu comme pour bien nous rappeler que nous sommes sur une ile tellurique.

Peu d’arbres poussent sur cette terre : quelques bouleaux ou bien des saules sauvages à raz du sol ou bien des roseaux. Seules des fleurs jaunes dites Lysamiques ponctuées poussent comme des chiendents et agrémentent de jaune l’endroit. C’est la fleur emblème des Lofoten. Des fleurs vertes, manteau de Notre-Dame se coincent entre les rochers.

Et si l’on saute d’un rocher à l’autre on finit par atterrir sur une petite plage de sable gris qui donne accès à une mer plate et emplie d’herbes ou d’algues vertes jaunasses qui ne donnent pas envie d’y tremper un pied. Et puis l’eau est froide.

Mais le paysage est tellement joli que je reste là à regarder, mirer les jeux des nuages et surtout entendre le va et viens des vagues. Une sorte de berceuse qui amollit toutes velléités de bouger et de s’agiter. Dans l’eau se reflète le ciel, les nuages et créé un mini paysage entre les rochers et les algues échouées.

Assise sur une roche je m’imprègne de ce lieu pour le garder en mémoire. Lieu tellement improbable !

Je déguste mon café et profite pour lire et me détendre. Je prends aussi des photos des nuages qui m’intriguent tellement ils changent de formes, de couleurs, d’aspects. Le jeu des miracles nuageux.

Entre les roches, le sable gris, l’eau, les nuages et les paysages d’Eggum. Je ne me lasse pas de m’emplir de ces beautés. Chaque pore de mon corps s’enivre et se dilate au gré des clapotis ou des ricanements des mouettes qui volent vers leurs nids. Elles sont bruyantes ! Elles me dérangent dans mon introspection et ma contemplation !

Que l’on aille d’un coin à un autre le paysage est le même mais en fait il se fait différent ! Les rochers changent d’aspect : ils se font plus gros, plus ronds ou bien plus petits pour faire de gros cailloux. Entre ceux-ci poussent de jolies petites fleurs blanches, silènes à fleurs, qui essaient de se protéger des attaques du vent.

Un aigle de mer, pygargue à queue blanche, passe au dessus du jardin. Son envol est juste magnifique et majestueux.

Mais cette vue dont je ne peux m’arracher me fait m’asseoir et à nouveau contempler ce spectacle. Je suis sans voix à regarder la mer briller par les réverbérations du soleil ; par le jeu des nuages qui s’étirent, se rétractent, font des ronds, de grosses bulles ou bien comme un Saint-Georges terrassant le dragon ou bien un chien volant sur un tapis, avancent à toute vitesse et disparaissent.

J’admire et j’écoute les oiseaux qui piaillent et interrompent ma méditation.

Je me cache derrière une fausse vitre et le paysage se fait à nouveau différent. Eternel recommencement !

Le bout du jardin contient un étendard avec le drapeau national norvégien qui flotte ou claque au vent selon le temps. Et chaque maison a le même.

Je n’oublierais pas ce lieu qui a ravit mon âme et emplit de calme mon esprit toujours en mouvement.

Je me suis reproché de n’être pas venue plus tôt et restée plus longtemps en ce lieu miraculeux. Mais au moins ces journées ont été des moments entre parenthèse et fortes d’émotions.

Je ne sais si je reviendrais ici mais j’y penserais toujours avec émotions et plaisir des sens.

Un paradis ouvert sur la mer !

Un paradis des yeux voués à la contemplation.

Paris le 1er octobre 23.

Catégories :Europe, NorvègeTags:, , , , , , , , , , , ,

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