Miss Islande de Audur Ava Olafsdottir – éditions Zulma


Un très beau livre primé par le prix Médicis Etranger le 8 novembre 2019.

On retrouve dans ce livre de 229 pages toutes les sensations telluriques de l’Islande.

Ce livre parle d’une jeune femme de 21 ans qui se prénomme Hekla (nom d’un volcan en Islande) qui part à la découverte de la vie pour devenir écrivain.

Elle quitte la ferme de son enfance les Dalir pour rejoindre un ami homosexuel de son bled qui vit à Reykjavik. Elle doit accomplir son destin de femme, d’amie et d’écrivain.

Par petites touches et petits récits elle nous décrit le bouillonnement qui vibre en elle et qui doit s’exprimer à travers l’écriture.

A Reykjavik tout le monde la voit briguer le titre de Miss Islande or ce n’est absolument pas ce qu’elle désire et elle va aller de petits boulots en petits boulots pour continuer à vivre de sa passion : l’écriture.

Elle rejoint cet ami homosexuel Jon John qui finira par l’épouser pour avoir un statut et pouvoir vivre lui aussi ses rêves avec d’autres hommes et vivre de stylisme.

Elle rencontrera un poète avec qui elle vivra une année et qui semble jaloux de la facilité et de la fougue qu’elle à écrire. Lui n’arrivant à rien. A la fin du livre elle ira jusqu’à lui donner un de ces écrits pour qu’il soit publié.

Elle verra toujours sa meilleure amie Isey, maman de deux fillettes et restera en contact avec elle par missives interposées. Isey qui elle-même écrit à travers les rêves qu’elle réalise entre deux biberons.

Hekla partira découvrir le monde en particulier le Danemark et Copenhague. Elle décidera avec Jon John d’aller vers le sud, les plages et toujours avec le don de l’écriture.

Cette femme Hekla ne tient dans aucune case, est libre de sa vie, de ses mouvements, de ses envies et laisse éclater son besoin d’accomplissement dans la liberté d’écrire et de se réaliser sans entraves.

A travers toutes ces descriptions des hommes dont la vie est dure entre les marins, les pêcheurs, les agriculteurs et cette nature dure, froide, venteuse qui ne laisse rien passer, où les volcans explosent et la lave rouge se marie à la glace,  elle nous décrit cette Islande que nous ne connaissons pas.

Elle décrit aussi les relations entre les femmes soumises aux tâches les plus dures et les moins rémunérées ; les hommes qui se battent, boivent et soumettent les femmes au rang de mères ; les homosexuels qui ne sont pas reconnus ni libres et qui sont rossés par les autres hommes.

On y retrouve l’atmosphère des années soixante en Islande dans cette île volcanique de feu et de glace où conservatisme et patriarcat écrasent toute velléité d’émancipation féminine. Hekla va sortir de ces conditions de soumission pour devenir l’écrivain qu’elle veut être.

Comme dit la maman de Hekla, il faut “porter en soi un chaos ….pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse”.

Ce que j’aime chez cette auteure islandaise et dans ce livre tout particulièrement, c’est son don à camper des personnages décalés avec tendresse et sincérité.

Un très beau livre à lire.

Paris le 8 octobre 23.

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