KHABAROVSK – Ville russe au miroir soviétique – Épisode 2


L1230467

 

 

Lorsque que l’on remonte les escaliers dignes du film Potemkine, d’Eisenstein sur Sotchi, on découvre de superbes maisons de style russe en briques rouges, s’approchant de l’art moderne tel que nous le connaissons en Europe. Et là on atteint la place Komsomolski où commence l’avenue Mourariev-Amourski. C’est un véritable enchantement des yeux.

Dans le vieux centre-ville les bâtiments tsaristes de style russe ont gardé leur splendeur et ont été restaurés. On dirait des gâteaux, tartes à la crème, aux couleurs différentes : vert, marron, rose, jaune, bleu pâle…. A chacun de faire son choix ! Cette rue est le symbole de la jonction entre le ciel et l’eau. Elle y abrite de magnifiques bâtiments construits par les plus fameux architectes de Saint-Pétersbourg et de Moscou. La rue regroupe des exemples d’architectures de différentes époques du style russe moderne et du style de brique intégrant des matériaux décoratifs comme Basile le Bienheureux à Moscou. C’est un bijou et un régal pour les yeux.

Pourquoi le nom de Mourariev-Amourski ? Eh bien parce que le général Mourariev était le gouverneur de la région de la Sibérie orientale de 1848 à 1861.  La rue commence avec la magnifique bibliothèque des sciences de l’Extrême-Orient construite en briques rouges et grises, ornée de balcons en fer forgé et de doubles fenêtres ovales. J’ai pu visiter l’entrée de la bibliothèque avec sa zone d’accueil où les visiteurs peuvent laisser leurs affaires dans les kiosques destinés dont les auvents sont faits de vitraux, représentant à mes yeux, l’art égyptien. Le sol est en carrelage agrémenté de magnifiques dessins de fleurs de formes octogonales. Tout le long de la rue on aperçoit de magnifiques maisons qui ont été transformées en magasins de souvenirs, restaurants. Au début de la rue ces dernières sont le reflet et le pendant de la  bibliothèque. Puis des bâtiments très art-déco gris avec des horloges et des dessins de cette époque agrémentent la rue. On y découvre de jolis bonbons roses avec des coupoles travaillées ; ou bien des décors, style olympien, avec des colonnes gothiques et des verres ronds englobant un lotus ; d’autres fuchsia ou orange ou bien vert, aux frontons décorés et recouverts de statues. Les toitures de tours sont recouvertes de damiers verts et blancs faisant penser à des tables d’échec penchées. Le long de la rue des bancs oranges attendent les passants devant les arrêts de bus. Ils sont décorés de chaque côté par des tigres sibériens, animaux fétiches et symboles de la Sibérie. On retrouve tous les styles que nous pouvons croiser à Moscou. D’autres maisons sont de couleur blanche, avec une coupole en retrait, à la toiture rouge. Les coupoles peuvent être simples, d’autres décorées avec des queues de poissons ou de baleines grises. Une coupole m’a évoqué celle du monument d’Hiroshima en miniature. Un conseil il faut écarquiller ses yeux et les lever au ciel pour admirer les beautés de cette ville.

En revenant sur mes pas et en tournant dans la première rue sur la gauche, proche de la place Komsomolskaïa, on débouche sur de magnifiques édifices blancs, aux toits verts. Les murs sont décorés de fleurs stylisées plus ou moins grandes, de vases. On se trouve devant un musée d’art d’Extrême-Orient. En face un nouveau bonbon rose et blanc avec une coupole rose. Et un joli bâtiment en brique abrite le musée de l’histoire. Et lorsque que l’on revient sur la place, on a juste avant l’église, un bâtiment jaune réservé aux officiers. Il est très pompeux. De là on peut admirer la vue sur le fleuve et sur le parc.

 

Puis reprenant le chemin inverse, me revoilà reparti à l’assaut des rues montantes et descendantes, crêtes de Khabarovsk. En hauteur je peux admirer la cathédrale de la Transfiguration, les superbes arbres qui agrémentent la rue et les fresques colorées des immeubles de briques. On voit alors la ville à 360° en particulier de la place où se trouve la cathédrale. Et là le contraste est frappant entre la cathédrale et les bâtiments staliniens : des médailles aux ordres de Lénine,  de la révolution d’octobre, de la flamme rouge du travail, de prolétaires de tous les pays unissez-vous !, marquées du drapeau de l’URSS, de l’amitié des peuples, de la grande guerre, trônent sur les murs. C’est à mourir de rire quand on sait où est parvenue la révolution russe et la dictature de Staline. Mais cela existe encore – à croire que Khabarovsk n’a rien renié de son histoire. D’ailleurs un pan de mur recouvert du slogan suivant résume bien l’esprit Khabarovsk : « nous vivons dans une ville particulière, dans une ville à la gloire militaire !».

La ville est faite de barres d’immeubles soviétiques en briques orange, qui ont le mérite d’être hyper solides, ou en béton et de supporter le froid. Ils s’alignent depuis le théâtre d’art du peuple jusqu’au centre de la ville, entre la place Lénine et la rue Karl Marx. Et comme partout dans les grandes villes russes des églises aux coupoles dorées ont poussées comme des champignons pour se confronter au monde soviétique des années 50. D’autres ont été restaurées et cela contraste avec les oripeaux soviétiques, médailles en tout genre, qui trônent sur les murs des bâtiments en panneaux de béton préfabriqués. C’est une forme d’exotisme et de pied de nez à la vie soviétique. La plus ancienne étant la cathédrale de la Transfiguration élevée sur le mode de la cathédrale du Christ-Saint-Sauveur de Moscou.

 

On a le plaisir de croiser entre des bâtiments staliniens et des barres d’immeubles modernes des maisons en briques rouges avec des toits de zinc rouge. Ils ont été conservés dans le patrimoine de la ville et ont échappé au massacre souvent advenus dans le reste des grandes villes sous l’ère stalinienne.

Voilà la Khabarovsk que j’ai croisé et qui vaut le détour rien que pour le fleuve Amour !

Catégories :Europe, Non classé, RussieTags:, , , , , , , ,

1 commentaire

  1. Magnifique et passionnant
    Merci pour ce somptueux partage

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire